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CON

de vingt-sept ans, pour en être pourvue indispensablement par le Pape. Ainsi, dans ce partage entre le Pape & le Roi, la nomination appartient au Roi, & la provision au Pape, qui s’est réservé le droit d’expédier les Bulles. Le Parlement de Paris ne consentit à vérifier le Concordat, qu’après les ordres réïtérés du Roi : persévérant cependant dans la résolution de juger conformément à la Pragmatique Sanction. C’est pourquoi François I attribua la connoissance des Bénéfices Consistoriaux au Grand Conseil, par une Déclaration de 1517. Rebuffe a fait de grands Commentaires sur le Concordat. Génébrard & M. Dupuys en ont fait un Traité. Divers Auteurs ont écrit fortement contre le Concordat, & contre le Chancelier Duprat, qui l’avoit conclu, comme ayant ruiné la discipline Apostolique, & soumis l’Eglise de France, à une déplorable servitude, parce qu’il avoit aboli les élections Canoniques. On a même long temps fait des prières publiques pour demander à Dieu l’abolition du Concordat, & le rétablissement des élections. L’Assemblée du Clergé en fit de graves remontrances en 1519 à Henri IV, qui répondit simplement, qu’il n’étoit pas l’Auteur de cet abus. Port. R. D’autres ont soûtenu que le Concordat qui donne la nomination au Roi, apporte moins d’inconvéniens que la brigue des élections Voyez Brantôme là-dessus, Tom. I.

Comme le Concordat fut fait pour abolir la Pragmatique Sanction, & pour en prendre la place, le Roi ne nomme point en vertu du Concordat, aux Evêchés qui sont dans les pays qui n’étoient pas soumis à la domination françoise, lorsque la Pragmatique Sanction fut faite, comme les Evêchés de Provence & de Bretagne, ceux des nouvelles conquêtes, comme Perpignan, Bellay, Besançon, Strasbourg, Metz, Toul, Verdun, Arras, Cambrai, Saint-Omer, Tournai, Ypres ; ceux qui sont érigés depuis la Pragmatique Sanction, dans les pays où elle n’étoit point en usage, comme Québec : le Roi nomme à tous ces Evêchés, en vertu de quelques Indults généraux ou particuliers obtenus par lui ou par ses prédécesseurs.

Il y a aussi le Concordat Germanique, fait entre le Pape Nicolas V, & l’Empereur Frédéric III, & les Princes d’Allemagne, le 16 Mars 1448 qui regarde aussi les matières bénéficiales. Par ce Concordat, 1o le Pape se réserve la collation des bénéfices séculiers & réguliers, vacans en Cour de Rome, ou dans l’étendue de deux journées de la ville de Rome sans excepter les Bénéfices, où l’on étoit accoutumé de pourvoir par élection. 2o. Le Pape se réserve la confirmation à l’égard des Eglises Métropolitaines & Cathédrales, qui ont droit d’élection. 3o. A l’égard des Bénéfices collatifs, le Pape en retient la collation, alternativement avec les Collateurs ordinaires pendant six mois de l’année ; c’est-à-dire, qu’il confère les Bénéfices vacans pendant le mois de Janvier, & le Collateur ordinaire pendant le mois de Février, &c. 4o. Le Pape règle les annates par les Bulles. Maximilien I ordonna en 1618 que le Concordat Germanique fût reçû à Liége. On appelle aussi Concordats tous les Traités qui ont été faits avec les Papes, & non pas ceux qui se sont faits entre des Princes séculiers.

☞ Il y a encore d’autres concordats, qui sont tous un accord fait avec le Pape & un Souverain, pour la nomination des principaux Bénéfices de ses États.

☞ On donne aussi le nom de Concordat, dans les Troupes Françoises, à certains arrangemens clandestins entre un Officier qui veut quitter le Service, & celui qui doit le remplacer, moyennant une certaine somme qui lui est payée, partie par celui qui doit prendre sa place, partie par les Officiers qui montent par sa retraite. Le Roi a proscrit ces sortes de concordats, sous la même peine que la vénalité des emplois.

☞ CONCORDE. s. f. Bonne intelligence, union de cœurs & de volontés. Ils vivent dans une grande, dans une parfaite concorde. Concordia ; voluntatum, studiorumque summa consensio.

☞ Dans un sens plus étendu, il est synonyme à concordance, rapport, convenance. M. Huet, Evêque d’Avranche, a fait un Traité de la Concorde entre la raison & la foi. Il y a un Livre fameux parmi les Luthériens, intitulé, le Livre de la Concorde. C’est, un recueil publié en 1579 de différentes professions de foi que les Luthériens ont publiées pour se réunir ensemble, mais inutilement.

Quelques-uns ont cru que ce mot venoit de corde. C’est une ignorance grossière. Il vient de cum avec, & cor, cœur, d’où s’est fait Concors, concordis, qui n’a qu’un même cœur avec un autre ; & de-là concordia, concorde, la disposition des gens qui n’ont qu’un même cœur, qui ont les mêmes sentimens.

Concorde Évangélique. On a donné le nom de Concorde Evangelique à l’Histoire de l’Evangile, composée du texte des quatre Evangélistes, où l’on marque le nombre de ces saints Historiens qui rapportent les mêmes choses, selon l’ordre qu’elles étoient arrivées, en transposant ce qui n’étoit pas à sa place. L’Hérétique Tatien est celui qui a fait le premier une Concorde sous le titre de Diatessaron. Théophile d’Antioche & Ammonius en firent aussi dans leur temps. Eusèbe de Césarée, S. Jérôme & S. Augustin ont fait des ouvrages où l’on voit l’accord des quatre Évangélistes. Depuis on a vu Gerion, Puyherbaut, Jansénius de Gand, Dubuisson & M. Arnauld, qui ont travaillé à ces sortes de Concordes. Après cela on a vu paroître celles de M. Le Roux, du P. Lamy, & de M. Le Clerc. M. Toinard avoit fait une Concorde Evangélique, qu’il n’a pu faire imprimer de son vivant ; mais après sa mort, ses amis l’ont fait imprimer chez Cramoisy. C’est le texte grec des quatre Evangélistes, qui passe pour très-exact, & pour un chef-d’œuvre d’impression. Ceux qui sont curieux de connoître tous les Auteurs qui ont fait des Concordes Evangéliques, les trouveront dans le III Tom. de la Bibliothèque grecque de M. Fabricius, dans la Bibliothèque Sacrée du P. Le Long, & dans la Bibliothèque Sacrée que le P. Calmera mise à la tête de son Dictionnaire de la Bible.

Concorde, en Mythologie. Elle étoit honorée à Rome comme une Divinité. Concordia. On lui bâtit plusieurs Temples, dont le plus considérable fut celui du Capitole, où les Sénateurs s’assembloient pour délibérer des affaires de la République. On trouve à la descente du Capitole des débris de ce Temple consacré par Camille. Les Prêtres ne permettoient point que le Sénat s’assemblât en aucun Temple, sans avoir été consacré, c’est-à-dire, fait ou bâti en conséquence de quelque vœu ou augure. Cette espèce de Temple se nommoit Curia. Dict. de Peint. & d’Architect. Plutarque dit qu’on lui fit bâtir une Chapelle d’airain de l’argent provenu d’une taxe sur les Publicains. On invoquoit la Concorde pour l’union dans les familles entre les époux, entre les Citoyens : mais son pouvoir étoit renfermé dans la ville & dans les maisons ; ce qui distingue la Concorde de la Paix, dont la Divinité s’étendoit sur tout l’Empire. On représente la Concorde sous la forme d’une jeune fille couronnée de guirlandes, tenant deux cornes d’abondances entrelacées, ou bien on lui met à la main un faisceau de verges. Mais le symbole le plus ordinaire de la Concorde sont deux mains jointes qui tiennent quelquefois un caducée.

Concorde. (Pays de la) Nom qu’on donné à une contrée des Terres Australes, dans la Nouvelle Hollande, sous le Tropique du Capricorne.

CONCORDÉ. ÉE. adj. Accordé. Concessus, a, um. Par la grace concordée. Marot. On ne le dit plus.

☞ CONCORDIA. Ville d’Italie, dans le Duché de la Mirandole, sur la Sechia, à six milles de la Mirande.

CONCORDIAL. s. m. Ancienne Dignité Sacerdotale à Padoue. Sacerdotes Concordiæ. Il y avoit un Temple