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CON

quatorzième famille, pour être véritablement sphériques doivent être de forme ronde, enflées dans leur milieu, la tête peu garnie de tubercules, avec une bouche très-évasée qui ne soit point garnie de dents.

Les Anatomistes ont appelé la conque de l’oreille, non-seulement la seconde cavité de sa partie extérieure, située autour de la première qui est au commencement du conduit auditif ; mais encore quelques-uns ont donné le nom de conque ou de coquille, à la première cavité de l’oreille interne, qu’on appelle autrement la caisse du tambour. Il y en a qui le donnent aussi au vestibule du labyrinthe, qui est la seconde cavité de l’oreille interne.

Il y a aussi en Anatomie les conques ou coquilles supérieures & inférieures du nez. La partie inférieure de chaque portion latérale de l’os ethmoïde ressemble en quelque sorte à une coquille longuette, comme est celle d’une moule. Je lui donne le nom de coquille ou conque supérieure des narines. Winslow. Les inférieures sont deux, & situées dans les fosses nasales, au dessous des ouvertures des sinus maxillaires, & immédiatement au dessus des orifices inférieurs des conduits lacrymaux du nez. Elles couvrent ces derniers orifices en manière d’auvent, à peu-près comme les conques ou coquilles supérieures, c’est-à-dire, presque dans le même sens que l’os ethmoïde couvre les ouvertures maxillaires ; on les appelle aussi lames spongieuses inférieures du nez. Le mot de cornet ne convient pas en d’autres langues. Id.

CONQUÉRANT, ANTE, qui fait de grandes conquêtes. Voyez ce mot. Populorum domitor. Alexandre, Tamerlan, Mahomet II, ont été de grands Conquerans. Il est difficile d’être équitable & Conquérant en même temps : la vaillance & la justice sont deux vertus qui marchent rarement ensemble. Voit. Je ne saurois souffrir un Conquérant tel qu’Enée, qui ne fournit que des larmes aux malheurs, & des craintes à tous les périls qui se présentent. S. Evr. L’Orateur est une espèce de Conquérant : l’esprit est la place que l’on attaque. P. Rap. Clovis étoit brave, & selon l’esprit des Conquérans, injuste & sanguinaire. Mez. Clovis ié jeta dans les excès où l’ambition & la bonne fortune précipitent les Conquérans. P. Dan. C’est à un Conquérant à réparer une partie des maux qu’il a faits.

En vain aux Conquérans,
L’erreur parmi les Rois donne les premiers rangs ;
Entre ces grands Héros ce sont les plus vulgaires. Boil.

On appelle figurément une belle personne, une Conquérante, parce qu’elle s’assujétit tous les cœurs. On le dit d’un Amant heureux. Je ne doute pas que cette femme n’ait rendu son mari le plus heureux des Conquérans par la difficulté de la conquête.

☞ On dit adjectivement un peuple Conquérant.

On dit figurément & familièrement d’un homme, d’une femme, qui ont plus d’agrément, qui sont plus parés qu’à l’ordinaire, qu’ils ont l’air Conquérant. Acad. Franc.

Conquérant, (Le Grand) terme de Fleuriste. C’est un œillet brun sur un blanc assez fin ; sa fleur est fort grosse, & comme elle est garnie de beaucoup de feuilles, elle s’élève à la façon d’un petit dôme : ses panaches ne sont pas fort gros, ni fort détachés, ayant des mouchetures sur les feuilles, mais qui ne ternissent point la beauté de la fleur ; sa plante est robuste, mais néanmoins susceptible du blanc. Quoique son bouton soit gros, il ne se fend point.

CONQUEREUR. s. m. Ce mot se trouve dans Coëffeteau pour Conquerant, mais il n’est plus en usage. Corn. Voyez Conquérant.

CONQUÉRIR, v. a. se rendre maître d’un pays, d’un Royaume à main armée. Acquérir le droit de Souveraineté sur un pays qu’on oblige à se soumettre à son Empire par la supériorité des armes. Terras armis quærere, sub imperium subjicere, in ditionem, in potestatem redigere. Fernand Cortès a conquis le puissant Royaume de Mexique avec une poignée d’Espagnols. Mahomet II conquit 200 Villes, 12 Royaumes & deux Empires ; savoir de Trébisonde & de Constantinople. Il n’est guère en usage qu’au prétérit indéfini, je conquis, & au prétérit défini, j’ai conquis. S’il peut être employé au subjonctif, il faut dire, qu’il conquière, & non pas qu’il conquere. Vaug. Corn.

Ce mot vient de conquiro, chercher ensemble, & de ce que dans les premiers siècles, des colonies, ou des troupes de gens sortoient de leur pays pour aller chercher ensemble des pays à habiter & s’y établir. On trouve dans la basse latinité conquæstus pour conquêts. Voyez le Monast. Anglic. sol. 710, & les Acta SS. Mart. T. II, p. 524, D.

CONQUIS, ISE. part. Subjectus sub imperium, in ditionem, in potestatem reductus.

CONQUERRE, vieux v. a. Conquérir.

CONQUÊT. s. m. terme de pratique. C’est un bien acquis pendant la communauté entre un mari & une femme, qui entre dans la communauté qui conséquemment se partage également, avenant la mort de l’un ou de l’autre, entre le survivant & les héritiers du prédécédé, au cas que la femme accepte la communauté. Bona parta. Cette terre n’est ni un propre ni un acquêt du mari, c’est un conquêt.

☞ Il faut excepter les biens qui leur adviennent par succession tant en ligne directe, qu’en ligne collatérale, & ceux qui leur adviennent par donation en ligne directe, qui sont propres à celui des conjoints auquel ils adviennent.

☞ On appelle aussi conquêts les biens acquis par plusieurs personnes qui, sans être mariées, sont en communauté tacite, dans les pays où ces sortes de communautés sont autorisées par la coutume.

Il y a dans le pays de Brai, du côté de Beauvais, vingt-quatre villages qu’on appelle les conquêts de Gournai, ou simplement les conquêts. Ils sont depuis plusieurs siècles du Domaine de Gournai, & ont été conquis ou par Hugues I, Seigneur de Gournai, en 1070, ou par Hugues II, en 1159. Descrip. Geogr. & Hist. de la Haute Norm. T. I, p. 18. & 19.

Conquet, (Le) petite Ville maritime de France en Basse-Bretagne, au pays de Cornouailles, avec un bon port, & une bonne rade, à cinq lieues de Brest. Elle est fort riche. Conquestus.

CONQUÊTE. s. f. acquisition de la souveraineté que fait un Prince étranger d’une certaine étendue de pays, d’une Province, d’un Royaume, par la supériorité de ces armes. On le dit de l’action de conquérir & du pays conquis, c’est à dire obligé de se soumettre à une domination étrangère. Bello quæsita, parta, Imperio addita, adjecta. Les conquêtes d’Alexandre s’étendirent bien loin, & avec une extrême rapidité. La conquête est un brigandage dès qu’on y attache le pouvoir destructif. Ben. L’usurpation d’une Province à force ouverte, est revêtue du beau nom de conquête. S. Evr. Il y a des crimes qui deviennent glorieux par leur éclat : de-là vient que prendre des Provinces injustement, s’appelle faire des conquêtes. Rochef. Le droit de conquête, dit M. de Montesquieu, est un droit nécessaire, légitime, & malheureux, qui laisse toujours à payer une dette immense, pour s’acquitter envers la nature humaine.

Conquête se dit figurément, sur tout en termes de galanterie, quelquefois en style de spiritualité. Conciliatio animorum. On dit qu’une belle femme fait bien des conquêtes ; pour dire, qu’elle a bien gagné des cœurs ; qu’un tel est sa conquête ; pour dire, qu’il est son amant. Le saint homme ne songeoit qu’à faire des conquêtes de charité, & à ramener