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CON

les brebis égarées dans la bergerie. P. d’Ori. Ce n’est pas l’ajustement qu’on censure dans les femmes, c’est l’intention de plaire, & l’ambition de faire des conquêtes. S. Evr. Nos prudes & vertueuses aïeules ne connoissoient point l’art d’enchaîner les cœurs, & de faire des conquêtes galantes. M. Scud. Cet habile Prédicateur sait rassembler toutes ses forces pour faire la conquête du pécheur qui résiste. Une conquête amoureuse fait aujourd’hui toute l’ambition des Romains, amollis par les douceurs d’une vie délicieuse. S. François Xavier eut besoin d’un grand courage & d’une grace bien puissante, pour tenter une conquête aussi périlleuse que celle des Idolâtres du Japon. On dit proverbialement qu’un homme est en pays de conquête, qu’il vit comme en pays de conquête ; pour dire, qu’il y vit à discrétion, qu’il traite les habitans avec dureté.

Conquête, (La) terme de Fleuriste. C’est un œillet violet-brun admirable, sur un blanc de neige. Sa fleur est très-large, n’est point sujette à crever, & porte graine volontiers. Sa plante est robuste, mais les marcottes ont peine à prendre racine : sur la fin il coffine ses fleurs. Il peut souffrir 4 boutons. Quelques-uns ont cru que c’étoit le Primo ; il n’y a point de différence dans la fleur, mais seulement dans le fanage. Morin. Conquête Bacquelan, est un pourpre & blanc fort détaché & large, sujet au blanc ; ses marcottes sont délicates mais sa fleur est riche, portant des panaches de pièces emportées. Id. Conquête du Sautoir, est un violet pourpre & blanc, régulièrement panaché, large & rond, garni de feuilles, qui graine, & ne creve point. Sa fleur est assez jardine, sa plante assez vigoureuse. Il a pris naissance à Lille chez M. du Sautoir. Id. Conquête d’Estrées, est un violet & blanc qui porte une grosse fleur, qui pourtant ne se fend point. Sa plante est délicate. Id. Conquête de verdiere, violet foncé sur un fin blanc. Sa plante est délicate, sa fleur n’est point hâtive. Conquête constant, c’est ce qu’on appelle Médor. Conquête de Laube, est un violet-brun sur un grand blanc. Il est fort rond & garni de feuilles, sa fleur est large & bien tranchée ; mais sa plante, qui est délicate, ne produit point beaucoup de marcottes. Il porte le nom d’un Fleuriste de Lille chez qui il a pris naissance. Conquête des Prés, est un violet blanc, qui porte une grosse fleur avec de gros panaches. Conquête malin, est un cramoisi haut sur un blanc passable, assez large, sa plante robuste. Conquête rouge, est une même espèce d’œillet que le Bel Inconnu, & la Belle Ecossoise. La Conquête de Los est de couleur d’ardoise. Morin.

CONQUÊTER. v. a. Il signifie la même chose que conquérir, mais il est vieux. Ce mot vient de conquæstare qu’on a dit dans la basse latinité dans la même signification.

Conquête ée. part. Voyez Conquis.

CONQUISITEUR. s. m. Conquisitor, terme d’histoire ancienne. Nom que l’on donnoit à Rome à ceux qu’on envoyoit rassembler les soldats qui ne se rendoient point sous leurs enseignes.

CONROY, & CONROIT. s. m. Ce mot a plusieurs significations dans nos vieux Auteurs. 1o. Il veut dire troupe, suite, train. 2o. Soin. 3o. Projet, dessein. 4o. Ce qu’il y a de principal en quelque chose. Voyez encore Corrois.

CONROYER. Voyez Corroyer.

CONROYEUR. Voyez Corroyeur.

CONSACRANT. adj. subst. Le Prêtre qui dit la Messe & qui consacre l’Hostie. Sacerdos divinorum verborum vi Christi corpus efficiens.

Ce mot, selon Du Cange, vient de consecratus ; c’est-à-dire, qui participe aux mêmes Sacremens. Car on ne consacre que les choses qui ont un usage commun parmi les Ecclésiastiques.

Consacrant se dit aussi de celui qui sacre un Evêque. L’Evêque consacrant. Le Consacrant.

☞ CONSACRER, v. a. signifie particulièrement l’action du Prêtre lorsqu’il prononce les paroles sacramentelles, en vertu desquelles le corps & le sang de J. C. sont réellement sous les espèces du pain & du vin. Panem & vinum vi verborum divinorum in Christi corpus & sanguinem convertere. Consacrer une Hostie. Le Prêtre consacra autant d’Hosties, qu’il y avoit de Communians.

Consacrer signifie quelquefois simplement convertir l’usage d’une chose prophane en un usage pieux, en sorte qu’elle devienne sainte, sacrée ;☞ sanctifier une chose commune ou profane, par le moyen de certaines cérémonies, la dédier à Dieu. Sacrare, dedicare, consecrare. L’Evêque aujourd’hui consacre, bénit, dédie une belle Eglise ; il a consacré des Calices ; le Pape a consacré des Médailles, des Agnus-Dei, des Pains, des Pâtes ; c’est-à-dire, il a accordé des Indulgences à ceux qui les porteroient avec respect, avec dévotion. Se consacrer au servite des Autels. Consacrer à Jesus-Christ sa virginité, Voyez Consécration.

Consacrer se dit en particulier de toute la cérémonie qui se fait pour conférer la puissance épiscopale ; c’est-à-dire, l’imposition, l’onction du chrême, & la bénédiction que reçoit celui qui est nommé à l’Episcopat. Consecrare. L’Evêque se doit faire consacrer dans trois mois du jour de sa promotion, sous peine de destitution de fruits.

Consacrer une Religieuse. Voyez Consécration.

Consacrer, chez les medaillistes Voyez Consécration.

Consacrer signifie aussi dédier, dévouer, offrir à Dieu sans observer aucune cérémonie particulière. Un tel a quitté le monde, & a consacré le reste de ses jours à Dieu. Devovere.

Consacrer, dans ce sens, se dit aussi en choses simplement morales, Devovere, mancipare. Quand on se consacre à la gloire, il faut renoncer à tout, pour courir après elle.

☞ On dit de même consacrer à quelqu’un son temps, ses veilles, ses soins, lui dévouer tout cela. Consacrer sa jeunesse, sa vie à l’étude, au barreau, à la guerre. Se consacrer au barreau. Il signifie encore perpétuer, immortaliser. Ce Conquérant a élevé un trophée, un arc de triomphe, pour consacrer la mémoire de ses exploits à la postérité.

Consacrer se dit encore dans une signification particulière ; pour dire, relever le mérite d’une chose, y attacher une idée de grandeur, accorder des louanges à des choses qui n’en méritent point. De tout temps l’Esprit humain a eu un penchant naturel à consacrer ses opinions & ses passions, en les imputant aux divinités. S. Real. La fortune consacre les grands crimes, & ils deviennent des vertus, quand ils sont couronnés par le succès. Bizot.

Et je l’ai vûe aussi cette cour peu sincère
Des crimes de Néron approuver les horreurs,
Je l’ai vûe à genoux consacrer ses fureurs.

Consacrer signifie encore, sacrifier, destiner, déterminer quelque chose à un certain usage. Addicere, destinare. J’ai mis une telle somme d’argent à part, que j’ai consacré à augmenter ma Bibliothèque. Consacrez tout votre loisir à l’étude de la sagesse.

☞ On dit que l’Eglise a consacré un mot ; pour dire, qu’elle l’a tellement déterminé à une signification particulière, que hors de-là il n’a point d’usage. Nous avons plusieurs mots consacrés dans l’Eglise Romaine, tels que ceux de consubstantialité, transubstantiation, procession, &c.

☞ On dit aussi que l’usage a consacré une façon de parler ; pour dire, qu’elle est établie par l’usage, & qu’il n’y faut rien changer, quoi qu’elle soit contre les règles. C’est ainsi que nous disons, & devons dire, lettres Royaux.

CONSACRÉ, EE. part Consecratus. Il a toutes les significations de son verbe. Hostie consacrée. Vers consacrés à l’immortalité & à la Religion. Autel consacré. Personne consacrée à Dieu.