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CON

mandées & expédiées par la voie du Consistoire. Les Abbayes, les Evêchés sont des bénéfices consistoriaux à la nomination du Roi : & ceux qui y sont nommés, sont proposés au Pape en plein consistoire, par le Cardinal protecteur, qui, la veille, donne aux Cardinaux du Consistoire des mémoires qui expriment le genre de vacance, le nom, surnom, qualités & capacités de l’impétrant. Les bulles doivent être obtenues dans neuf mois. Quand celui qui a été nommé a reçu ses bulles, il se fait sacrer, & ensuite il prête serment de fidélité entre les mains du Roi. Pour faire cesser la régale, il faut que le serment de fidélité soit régistré à la Chambre des Comptes. Ces bénéfices étoient autrefois électifs ; mais par le concordat qui abolit les élections, ils sont conférés par le Pape sur la nomination du Roi.

Il y a des Avocats & autres Officiers consistoriaux. Les Avocats consistoriaux ont de beaux privilèges ; comme de donner des lettres de docteur in utroque jure, &c.

CONSISTORIALEMENT. adv. en Consistoire, selon les règles du Consistoire. In Pontificii Consilii conventu, ex formula Pontificii conventus. Cela a été résolu consistorialement.

CONSISTORIALITÉ. s. f. qualité de celui qui est consistorial, ou la forme observée dans les expéditions du Consistoire. Encyc.

CONSIVE. s. f. nom de divinité payenne. Consiva. C’étoit la Déesse des biens de la terre, de même qu’Ops, Rhéa & la Terre. Ses fêtes qui tombent le 15 d’Août, s’appeloient Opecosiva Voy. Varron, De L. Lat. L. V. Vossius, de Idol. L. II, c. 58. à la fin.

Ce nom vient de conserere, consero, consevi, planter,

CONSOLABLE. adj. m. & f. qui peut être consolé. Consolabilis. Elle n’est pas consolable de la mort de son galant. Scar. On ne le dit guère qu’avec la négative.

CONSOLANT, ANTE. adj. qui console. Consolans, consolationem afferens, plenus solatio. Un testament à notre profit est une chose fort consolante. Ce que vous me dites-là n’est guère consolant.

☞ CONSOLAT. s. m. terme de coutume. C’est ainsi qu’on appelle à Gap un droit qui se lève sur les blés qui sont exposés au marché.

CONSOLATEUR. s. m. qui console, qui modère la douleur. Consolator. Dieu est le grand consolateur des affligés. Parmi les chrétiens, le Saint-Esprit est appelé le consolateur, l’esprit consolateur.

CONSOLATIF, IVE, adj. m. & f. La gazette qui se distribue à Paris tous les samedis, est une chose fort récréative & fort consolative aussi, entant que cette babillarde ne dit jamais de mauvaises nouvelles. Gui Patin. Expression passable pour ce temps là.

☞ CONSOLATION. s. f. soulagement qu’on donne à l’affliction de quelqu’un ; discours qui tend à adoucir, ou dans lequel on se propose de modérer la douleur ou la peine des autres. Consolatio, solatium. Donner, apporter, recevoir de la consolation. Ecrire une lettre de consolation. L’homme, dans les accidens imprévus qui lui arrivent, dont il feint de n’être point ébranlé, ne reçoit bien souvent d’autre consolation que de sa vanité. M. Esp. L’amitié adoucit toutes les douleurs, & fait que dans les plus grandes infortunes on trouve la consolation. S. Evr. Combien de misérables à qui il ne reste d’autre consolation que celle de redire ennuieusement leur misère ! Fléch.

Que de sots complimens de consolation,
Qui sont surcroît d’affliction ! La Font.

Consolation se dit aussi d’un véritable sujet de joie. C’est une grande consolation pour un pere de voir ses enfans se porter au bien.

Consolation, en termes de dévotion & de spiritualité, signifie une certaine joie de l’ame dévote, un mouvement intérieur d’amour & d’espérance. Ceux qui ne veulent nourrir leur dévotion que de consolation & d’espérances, envisagent Dieu comme père, & croyent n’avoir rien à faire avec lui comme juge. Fléch. Les spirituels, lorsque les consolations leur manquent, tombent dans ce qu’ils appellent aridité & sécheresse. S. Evr.

☞ Consolation se dit aussi des choses & des personnes qui consolent. La philosophie, les livres, sont toute sa consolation. Dieu est notre consolation. Sa fille est son unique consolation.

Consolation, dans l’Histoire Ecclésiastique, est une cérémonie que les Manichéens Albigeois substituoient au Sacrement de Pénitence & au Viatique à l’article de la mort. Ils prétendoient que tous les péchés étoient remis sans confession ni satisfaction par cette cérémonie ; pourvu que le Ministre qui la faisoit, ne fut point en péché mortel. Consolatio, manuum impositio. Elle consistoit à réciter le Pater noster, & à recevoir l’imposition des mains de leurs Docteurs, qu’ils nommoient leurs Docteurs Prévôts, Præpositi, Evêques ou Diacres, & en général Ordonnés, Ordinati. Celui qui faisoit cette cérémonie, avant que d’imposer les mains, les lavoit sur la tête du pénitent, sur laquelle il mettoit aussi le livre des évangiles, & disoit sept fois le Pater, avec le commencement de l’évangile de S. Jean. Selon ces hérétiques, tout le secret du salut consistoit à saisir heureusement les derniers momens de la vie, afin d’y dire simplement le Pater noster, & recevoir l’imposition des mains, que leur faisoient leurs Docteurs, & que l’on nommoit parmi eux la consolation. Consolés, en effet, avec ce viatique de tout ce qu’une mort prochaine & une conscience bourelée de crimes peuvent causer d’inquiétudes, ils mouroient tranquilles, sur-ce dans les flâmes, & auroient acheté la consolation au prix de tous leurs biens. P. Fontenay. Voyez au mot Parfait.

On dit proverbialement que la consolation des malheureux, c’est d’avoir des semblables.

Consolation, terme de jeu de cartes. A l’hombre, au quadrille, &c. celui qui a demandé à jouer, & qui perd, distribue aux joueurs un tribut convenu qu’on appelle consolation.

CONSOLATOIRE. adj. m. & f. propre à consoler. Consolatorius. Il ne se dit qu’en cette phrase, épitre consolatoire, discours consolatoire. Il est vieux.

CONSOLATRICE, celle qui console. La Sainte-Vierge est appelée dans les litanies la consolatrice des affligés. Consolatrix aflictorum.

CONSOLE. s. f. pièce d’Architecture, ou de menuiserie, qui est en saillie, qui sert à soûtenir quelque buste, quelque vase, ou quelque poutre, ou petite voûte, ou corniche. Prothyris. On les appelle aussi rouleaux, ou mutiles, modillons & corbeaux ; & il s’en fait de plusieurs sortes de figures. Console se dit aussi de la partie d’une pièce de bois qui est coupée en pointe, ou en diminuant par le bout. Ancon. On appelle console adossée en serrurrerie, un petit enroulement, en manière de doubles consoles. La console avec enroulemens, est celle qui a des volutes en haut & en bas. La console arrasée est celle dont les enroulemens affleurent les côtés. La console gravée est celle qui a des gravures. La console plate, celle qui est en manière de corbeau, avec des glyphes & goûtes. Console en encorbellement, celle qui sert à porter les ménianes & les balcons, & qui a des enroulemens & nervures, qui la distinguent du corbeau. La console coudée est celle dont le contour en ligne courbe est interrompu par quelque angle. Console renversée, celle dont le plus grand ornement est en bas. Console rampante, celle qui suit la pente d’un fronton pointu, pour en soûtenir les corniches. Souvent on entaille des consoles sur les clefs des arcades.

On appelle aussi console, un enroulement de fer