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CON

point tout cela, il regarde proprement l’intérieur du cœur ; c’est un sentiment qui rend l’ame tranquille. La joie regarde particulierement la démonstration extérieure, c’est une expression extérieure qui agite quelquefois l’esprit. La satisfaction regarde plus les passions, c’est un retour sur le succès dans lequel on s’applaudit. Le plaisir regarde principalement le goût ; c’est une sensation gracieuse dont les suites peuvent quelquefois être désagréables. Syn. Fr. Animi suâ orte contenti tranquillitas.

Contentement (Le) est un sentiment qui rend l’ame tranquille dans la possession de ce qu’on a, sans rien désirer de plus. Il est difficile qu’un homme inquiet & turbulent ait jamais un vrai contentement. La plûpart des hommes sont gens de bien, plus pour l’honneur de le paroître, que pour le solide contentement de l’être en effet.

On dit, contentement passe richesse ; pour faire entendre que ce sentiment qui rend l’ame tranquille est le plus grand de tous les biens.

Qui nous verra ? personne, je l’assure,
Quitte après tout à perdre la gageure ;
Le grand malheur ! en mourrez-vous de faim ?
Contetement passe richesse enfin. P. du Cerc.

On dit populairement, ce n’est pas contentement ; pour dire, cela ne suffit pas. On n’a donné que tant à cet ouvrier, ce n’est pas contentement.

Le mot de contentement appliqué au monde, désigne ce amusemens, ses plaisirs. Les contentemens de ce monde passent comme une ombre. La solitude ne donne point ces contentemenrs exquis que l’on goûte dans une haute élévation de la fortune. Oblectamentum, voluptas..

CONTENTER, v. a. rendre quelqu’un content. Facere ut aliquis contentus sit. Explere animum, desiderium alicujus. Il faut peu de chose pour contenter un homme sage. Quand on veut contenter tout le monde, on ne contente d’ordinaire personne. S. Evr. Il y a tant d’esprits de travers dans le monde, que ce seroit renoncer au bon sens, que de songer à les contenter.

Contenter se joint souvent avec le pronom personnel, se contenter de sa fortune, de peu.

La vertu se contente & vit à peu de frais. Boil.

Tout se détruit, tous passe, & le cœur le plus tendre
Ne peut d’un même objet se contenter toujours.

S. Evr.

Contenter, en parlant des passions, signifie, remplir les désirs & les souhaits. Explere alicujus desiderium, animum. C’est un homme insatiable, qu’on ne peut jamais contenter. On dit en ce sens, contenter ses passions, ses appétits ; pour dire, ne leur refuser rien, en suivre les mouvements. Contenter sa vanité, son ambition, sa curiosité. Toutes les sciences humaines, ne sçauroient contenter les désirs de l’homme. Maleb.

Pour contenter ses frivoles désirs,
L’homme insensé vainement se consume ;
Il trouve l’amertume

Au milieu des plaisirs.
Rac.

On l’applique de même aux sens. Cette musique contente l’oreille. Ce spectacle contente les yeux. Dans ce sens il est comme synonime à plaire.

On dit aussi qu’une preuve, qu’une raison contentent ; pour dire, que l’esprit ne demande rien de plus.

Contenter signifie encore, appaiser, faire taire en donnant quelque chose. Satisfacere alicui, placare, mitigare aliquem. Contentez cet enfant, donnez-lui ce qu’il demande. Il faut contenter les petits Créanciers, pour empêcher qu’ils ne crient. Les mutins ne quitteront point les armes, si on ne les contente.

Contenter, employé avec le pronom personnel, signifie en demeurer à un certain point ; ne vouloir ou ne pouvoir pas en faire davantage. Sufficere. Il ne se contente pas de trahir sa conscience par de faux sermens, il a encore pratiqué de faux témoins. Je me contente de vous humilier, & je ne vous veux pas perdre.

Il est aisé de voir que dans ces différentes exceptions, le mot contenter conserve quelque chose de l’idée principale qu’il présente.

CONTENTÉ, ÉE. Part. & adj. Cui factum est satis, expletus, satiatus.

CONTENTIEUEMENT, adv. avec grande contention & opiniâtreté. Contentiose. Cette question a été agitée & jugée fort contentieusement, elle a été débattue avec chaleur.

CONTENTIEUX, EUSE, ad. litigieux, qui est en contestation, ce qui fait l’objet d’une contestation. Litigiosus, controversus, controversiosus. On donne la recréance d’un bénéfice contentieux à un Régaliste. On dit plus ordinairement bénéfice en litige, que bénéfice contentieux. Cet Avocate n’allègue que des faits contentieux, dont on ne demeure point d’accord. Il y a grand nombre d’articles contentieux avec les Religionnaires. Je n’ai pas dessein de recueillir les sentimens contentieux d’une ennuyeuse controverse. Fléch.

Contentieux, euse, se dit aussi de celui ou de celle qui aime à disputer, à contester. Pugnax, contentiosus. Je n’ai jamais vû d’esprit plus contentieux, d’humeur plus contentieuse. Les hommes contentieux ont plus d’ardeur à soûtenir leurs erreurs, que les Sages à défendre la vérité. Port-R. La Théologie est une science contentieuse. S. Evr.

On appelle Juridiction contentieuse, celle qui a pouvoir de juger les différens des parties qui contestent. Tribunal apud quod controversiæ dirimuntur. Les Trésoriers de France n’ont point de Juridiction contentieuse, ils ne sont Juges que de la ligne de compte.

On distingue deux sortes de Juridictions ecclésiastiques ; la Juridiction contentieuse est opposée à la Juridiction gracieuse. La Juridiction contentieuse est celle qui inflige des peines. Les Officiaux sont revêtus de la de la Juridiction contentieuse ; les Grands-Vicaires ont la gracieuse.

CONTENTIF, adj. Continens. Terme de Chirurgie. On appelle bandage contentif, celui qui ne sert qu’à retenir les médicamens sur une partie malade. Il s’applique à toutes les parties du corps. Son nom vient du latin continere, contenir, retenir, embrasser. Col de Villars.

CONTENTION, s. f. dispute, débat, contestation. Controversia, rixa. Il est ennemi des contentions ; il fuit les contentions. Il survint une contention entr’eux. De peur que la contention n’allât trop loin, il fut permis de les séparer. Ablanc. Je n’aimerois pas ce mot.

On le dit aussi pour exprimer la chaleur, la véhémence dans la dispute. Contentio. On disputa de part & d’autre avec beaucoup de contention.

Contention d’esprit, grand application ; longue, forte & pénible application d’esprit. Animi contentio. Il travaille à cela avec une grande contention d’esprit. Il y a des choses qu’on se saisit que par la contention d’esprit. La trop grande contention d’esprit altère la santé.

Contention dit plus qu’application. Elle suppose des effets réïtérés.

Contention se dit aussi, dans le même sens, d’une forte application des organes. Contention de l’oreille, &c.

CONTENTOR, s. m. terme de pratique, c’est un droit de regître qui appartient aux Audienciers & Contrôleurs des Chancelleries, dont il est fait mention dans l’Édit du Roi Henri II. de l’an 1551.

CONTENU, s. m. terme didactique. Ce qui est ren-