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CON

fermé dans quelque chose, contentum. Le contenant est plus grand que le contenu.

Il signifie aussi ce que contient un écrit, un discours : summa. Voici le contenu de l’Arrêt. C’est tout le contenu de cet inventaire.

CONTEOR, s. m. terme de coutumes. L’ancienne coutume de Normandie parle ainsi du conteor. Cil est appelé Conteor que aucuns établit pour conter par lui en Cour. C’est la même chose que conteur. Voyez ce mot.

CONTEOURS, s. m. pl. espèce de Farceurs ou Bateleurs qui étoient en vogue avant le regne de François I, & qui chantoient, jouoient des instrumens, récitoient des vers. Voyez Comirs.

CONTER, v. a. faire une narration, faire un conte, vrai ou faux, sérieux ou plaisant. Narrare. La principale qualité d’un Historien, c’est de conter bien & nettement ; d’un Avocat, de bien conter son fait, comme la chose est arrivée. Les Voyageurs ennuyent souvent en contant leurs aventures ; un Plaideur en contant son procès. On dit des femmes de mon âge, qu’elles aiment à conter les histoires de leur temps. P. de Cl.

On nous a conté de plaisantes choses de ces nouveaux mariés. On dit familièrement, il nous a conté de fil en aiguille toute cette histoire ; pour dire, avec toutes ses circonstances. On dit proverbialement, conter des fagots ; pour dire, conter des choses incroyables, ou inutiles. Nugas garrire, fabulas, somnia.

Oui, oui, vous nous contez une plaisante histoire.
Je conte justement ce qu’on verra dans peu. Mol.

On dit aussi, conter fleurettes ; pour dire, cajoler une femme : & absolument il lui en conte ; pour dire, il lui en veut, il en est amoureux. Procari.

On dit dans le même sens, qu’une femme s’en fait conter ; pour dire, qu’elle aime qu’on lui en conte, qu’on la cajole.

Elle aima mieux, pour s’en faire conter,
Prêter l’oreille aux fleurettes du Diable,
Que d’être femme & ne pas coquetter. Sar.

Conté, ée. Part.

CONTERIE, s. f. espèce de rassade, grosse verroterie, qui se fait dans les Verreries de Venise. Les Nègres & les Sauvages ornent leurs capots de ces cordons, & en font une espèce de broderie.

Contessa, petite Ville de Turquie en Europe, dans la Macédoine, sur la Côte de l’Archipel.

CONTEST, s. m. nom d’homme. Contextus. On prononce comme s’il y avoit Contès. Saint Contest fut Évêque de Bayeux, & successeurs de Saint Manvieu. Messieurs de Sainte Marthe, qui nomment mal Contestus, le placent entre Saint Manvieu & Saint Vigor. Chastelain.

☞ CONTESTABLE, adj. de t. g. qui peut-être contesté. Quod in controversiam adduci potest. Controversiosus. Maxime contestable. Cela n’est pas contestable.

CONTESTANT, ANTE, adj. qui conteste, qui aime à contester. Contendens, concertans, litigans, contentiosus. C’est un esprit aigre & contestant, qui bannit la paix de la conversation. La mort d’une des parties contestantes met le procès hors d’état. Scarron, dans sa Description des plaisirs des champs Elisées, dit que :

Qui se plut lutter y lutte ;
Qui fut Contestant y dispute.

☞ On dit substantivement, chacun des contestans.

☞ CONTESTATION, s. f. différent, démêlé, dispute, débats, querelles, procès, tous mots que l’on donne ordinairement pour synonimes ; mais tous distingués les uns des autres par une idée particulière.

Le sujet du différent, dit M. l’Abbé Girard, est une chose précise & déterminée sur laquelle on se contrarie, l’un disant oui & l’autre non. La concurrence des intérêts cause des différents entre les particuliers. Le sujet du démêlé est une chose moins éclaircie, dont on n’est pas d’accord, & sur laquelle on cherche à s’expliquer, pour sçavoir à quoi s’en tenir. L’ambition cause des démêlés entre les Puissances.

Dispute se dit ordinairement de la conversation de deux personnes qui sont d’avis différent sur la même matière. La contrariété des opinions produit des disputes. L’aigreur des esprits est la source des querelles. La querelle est une dispute dans laquelle il se mêle de l’aigreur. Débat paroît signifier une contestation tumultueuse entre plusieurs personnes. Voyez tous ces mots.

Contestation est un démêlé entre deux personnes considérables sur un objet important, ou entre deux particuliers pour une affaire judiciaire. Contentio, concertatio. Contestation entre deux Souverains, sur un article d’un traité ; entre deux Seigneurs sur la chasse ; entre deux voisins, sur les limites de leurs héritages.

Contestation, en termes de Palais, se prend ordinairement pour querelle, procès. On appelle contestation en cause, le réglement ou l’appointement sur les demandes ou défenses en matière civile, & la confrontation en matière criminelle. Interpositum actoris petitioni & inficiationi defensoris, judiris decretum. On ne peut plus demander le renvoi d’une affaire, quand il y a eu contestation en cause. Par la clôture d’un procès-verbal, on donne acte aux parties de leurs dires, réquisitions & contestations.

Contestation, dans l’ancienne Liturgie Gallicane, c’étoit la partie qui répondoit à ce que nous appelons aujourd’hui Préface. Elle se nommoit encore, Illation & Immolation. La contestation contenoit en abrégé l’explication du mystère, ou la vie du Saint que l’on honoroit, & elle changeoit à chaque messe comme les autres oraisons. Elle commençoit, comme aujourd’hui la Préface, par ces paroles : Sursum corda ; c’est-à-dire ; Élevez vos cœurs ; & finissoit par le trisagion ; c’est-à-dire, par le Sanctus, répété trois fois, Saint, Saint, Saint.

CONTESTE, s. f. terme de Palais, procès, contestation. Lis, contentio, controversia. Ce mariage, n’est pas assûré, il est en conteste, on le plaide. Les Juges sont partagés, & sont en conteste sur leurs opinions. Hors ces sortes d’exemples, le mot de conteste n’est plus en usage.

La maison à présent, comme sçavez de reste,
Au bon Monsieur Tartuffe appartient sans contexte.

Mol.

CONTESTER, v. a. avoir des contestations, soit en justice, soit autrement. Voyez Contestation. Contendere, concertare cum aliquo de re, super re aliqua. Les Honnêtes Gens ne contestent guères ensemble. On lui conteste sa qualité d’héritier, d’enfant légitime. Contester un proposition, l’article d’un compte. Ces deux Officiers se contestent le pas. Un Romain ennuyé d’un flatteur, qui ne cessoit de lui applaudir, s’écria tout en colère, conteste-moi du moins quelque chose, afin de faire valoir que nous sommes deux. Chev. Il y a des gens si décisifs qu’il est inutile de contester contr’eux, parce qu’après avoir bien contesté, il faut toujours qu’il se trouve qu’ils ont raison, & que les autres ont tort. Nicol. Ménage dérive de mot de contrastare, ou de contestare ; dont on a fait contestation.

Contester plus amplement, terme de Palais, est procéder en vertu d’un jugement qui a réglé certain chefs, & qui a ordonné sur un ou plusieurs autres, que les parties contesteront plus amplement.

CONTESTÉ, ÉE. Part. On appelle au Palais une cause entière & non contestée, celle que l’on peut faire renvoyer, sur laquelle il n’y a point eu de réglement, ni de plaidoirie.

CONTEUR, EUSE. s. m. & f. celui qui conte.