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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/901

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COP

que depuis le Concile de Chalcédoine & la division des Patriarches, chacun d’eux est chef dans son Eglise.

Les Cophtes ont fait en différens temps différentes réunions avec l’Eglise Romaine ; mais en apparence seulement, & dans la nécessité de leurs affaires. Sous Paul IV il parut à Rome un Syrien qui se disoit envoyé du Patriarche Copthe d’Alexandrie, & qui apportoit de lui des Lettres au Pape, par lesquelles il reconnoissoit son autorité, & lui promettoit obéissance. Paul IV, étant mort sur ces entrefaites, Pie IV, qui lui succéda, après s’être assûré autant qu’il le put de la vérité des lettres de l’envoyé par le moyen du Conseil Vénitien du Caire, & même avoir reçu de nouvelles lettres du Patriarche plus formelles encore que les premières, & par lesquelles il demandoit qu’on lui envoyât quelqu’un avec qui il pût traiter de la réunion de son Eglise à l’Eglise Romaine, le Pape choisit le P. Roderic Jésuite, qu’il fit partir en 1561, avec la qualité de Nonce Apostolique. Mais ce Jésuite, après quelques conférences avec deux Cophtes commis pour cela par leur Patriarche Gabriel, n’eut pas toute la satisfaction qu’il attendoit. Ils avouèrent que dans la lettre écrite au Pape, on lui avoit donné à la vérité la qualité de Pere des Peres, de Pasteur des Pasteurs, de Maître de toutes les Eglises ; mais ils ajoûtèrent qu’on ne devoit pas prendre à la rigueur des termes qui n’étoient que des civilités, & que c’est de cette manière qu’on a coutume d’écrire à des amis. Ils dirent de plus, que depuis le Concile de Chalcédoine, & l’établissement des différens Patriarches indépendans les uns des autres, chacun étoit Chef & Maître dans son Eglise. C’est ainsi que le Patriarche des Cophtes traita les envoyés du Pape, après qu’il eût reçu du Consul l’argent qu’on lui envoyoit de Rome. Toute cette histoire est rapportée plus au long au Livre IVe de l’Histoire de la Compagnie de Jesus, écrite par le Père Sachini, Jésuite.

Copte ou Cophte, (Le) est l’ancienne langue des Egypthiens mêlée de beaucoup de Grec. Le P. Kirker est le premier qui ait publié un Vocabulaire & quelques Grammaires Cophtes. Il ne s’est jusqu’à présent trouvé aucun livre en langue Copte qui ne fût des Traductions de l’Ecriture-Sainte, ou des Offices Ecclésiastiques, ou d’autres qui ont rapport à cette matière, comme des Grammaires & des Dictionnaires. Les caractères de cette langue sont purement grecs.

Les Cophtes ne parlent plus depuis longtemps leur ancienne langue Cophte, qui ne se trouve que dans leurs livres. On parle Arabe dans tout le pays. Cette langue Cophte, que le Jésuite Kirker prétend être une langue matrice & indépendante de toute autre, a été beaucoup altérée par la langue grecque. Car outre qu’elle en retient encore les caractères un peu changés, un très-grand nombre de ces mots sont purement grecs. Isaac Vossius, qui a pris plaisir à avancer des paradoxes, a prétendu, dans une de ses réponses à M. Simon, qu’il n’y a eu aucune langue Cophte avant que l’Egypte fût soumise aux Arabes. Cette langue, selon lui, est un mélange du grec & de l’arabe ; le nom même de cette langue n’étant point dans le monde avant que les Arabes fussent les maîtres de l’Egypte. Mais cela prouve seulement, que ce qu’on nommoit auparavant langue égyptienne a été appelé depuis Copte par les Arabes, & par une corruption de langage. Il se peut faire que les Arabes aient apporté quelques mots de leur langue dans l’ancien Cophte, ou Egyptien. On ne conclura pas de là qu’il n’y avoit avant ce temps-là aucune langue Cophte ou Egyptienne.

C’est ce que M. Simon a répondu à M. Vossius dans son Hist. Crit. des versions du Nouveau Testament, chap. 16 & il ajoûte en même-temps, que les mots arabes qui sont dans la langue Cophte peuvent y avoir été avant que les Egyptiens fussent soumis aux Arabes. Les anciens Géographes, dit il, assûrent que la ville capitale de la Thébaïde, appelée Coptos, étoit le lieu où les Arabes, les Indiens & les Ethiopiens apportoient leurs marchandises ; & ainsi il n’est pas surprenant que le commerce des Egyptiens avec les Arabes & les Ethiopiens ait introduit quelques mots Arabes dans le Cophte ou Egyptien. On trouve dans la Bibliothèque du Roi plusieurs livres écrits en langue Cophte. Mais ce sont des Versions de l’Ecriture-Sainte, ou des livres de leur Office Ecclésiastique. Il y en a un dans la Bibliothèque du Collège des Jésuites à Paris, qui contient l’Evangile de S. Jean avec une version Arabe interlinéaire. Pietro della Valle, dans la lettre citée ci-dessus, dit que les Cophtes ont perdu entièrement leur ancienne langue, dans laquelle ils ont seulement quelques livres sacrés, disant encore la Messe en cette langue. E solo hanno in essa alcuni libri sacri, dicendo ancora la Messa in quella lingua. Il ajoûte que comme cette langue n’est plus entendue, tous leurs livres ont été traduits en Arabe, qui est leur langue vulgaire. C’est pourquoi ils lisent deux fois à la Messe l’Evangile & l’Epitre, savoir, une fois en Copte, & une fois en Arabe. Mais si nous en croyons le P. Vansleb dans sa Relation Italienne de l’état présent de l’Egypte, les Cophtes célèbrent la Messe en Arabe, à la réserve de l’Evangile, & de quelques autres choses qu’ils lisent ordinairement en Cophte & en Arabe. La Messa celebrano in lingua Arabica, eccetto l’Evangelio & alcune astre cose che soliano leggere nella lingua Copia & Araba.

COPHTIQUE ou COPTIQUE. adj. m. & f. qui appartient aux Cophtes ou Coptes. Cophticus, Copticus, a, um. Les Liturgies Cophtiques sont celles dont se servent ceux des Chrétiens d’Egypte, qui ne reconnoissent qu’une seule nature en J. C. & qui se sont séparés du temps de Dioscore. Il y a trois Liturgies Cophtiques. La première est attribuée à S. Basile, la seconde à S. Grégoire le Théologien. & la troisième à S. Cyrille d’Alexandrie. Les Liturgies Cophtiques ont été traduites en Arabe, à l’usage du peuple, & même des Prêtres qui n’entendent pas à présent la langue Cophtique. Le P. Kirker prétend que la langue Cophtique est l’ancienne langue des Egyptiens, & qu’on peut s’en servir pour expliquer les Hiéroglyphes & les anciennes suscriptions. D’autres disent que c’est un mélange de Libyen, d’Arabe & d’Egyptien, formé par le mélange de différentes nations Barbares. D’autres prétendent que cette langue n’a jamais été en usage, & que c’est un jargon fait à plaisir. L’abbé Renaudot, dans sa Collection des Liturgies Orientales, croit que la langue Cophtique s’est formée en Egypte de l’ancienne langue du pays, qu’elle a reçu plusieurs mots tirés du grec, sur tout pour les matières qui regardent la Religion ; qu’elle étoit en usage avant que les Mahométans se fussent rendus maîtres de l’Egypte, comme il paroît par d’anciens Historiens & par des manuscrits qui sont datés du XIe siècle.

Cophtique ou Coptique. s. m. la langue des Cophtes, la langue Copthique. Lingua Copthica. M. Renaudot soûtient que par le moyen du Cophtique on ne peut expliquer les Hiéroglyphes. Il ne paroît dans le Cophtique ni tour ni inflexion arabe.

☞ COPIA, province de l’Amérique méridionale au Popayan, entre les Provinces de Cartama & de Pozzo.

☞ COPIAPO, ville maritime du Chili, à l’embouchure d’une rivière de même nom, sous le 309 d. de long. & le 27 de lat. méridionale.

COPIATE. s. m. Fossoyeur, qui fait les fosses pour enterrer les morts. Vespillo. Dans les premiers siècles de l’Eglise, il y avoit des Clercs destinés à ce travail. En 337 Constantin fit une loi en faveur des Prêtres Copiates, c’est-à-dire, les Fossoyeurs qui avoient soin des enterremens. Il les exempte par un privilège particulier de la contribution lustrale, que payoient tous les marchands. Fleury. C’est sous Constantin que l’on commença à les appeler Copiates, c’est-à-dire, des Clercs destinés au travail, du Grec, κόπος travail, qui vient de κόπτω scindo, cædo, serio, tundo. Auparavant ils s’appeloient Decani, & Lecti-