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COP

carii, peut-être, parce qu’ils étoient divisés par dixaines, dont chacune avoit une bière, ou litière pour porter les corps. On leur donne ordinairement rang parmi les Clercs, & même avant les Chantres. On en trouve dans les Gaules sous Honorius, mais leur nom, qui est tout Grec, fait juger qu’ils venoient originairement de l’Orient, & peut-être de l’établissement que Constantin en avoit fait dans sa nouvelle ville. Tillemont, Hist. des Emp. T. IV, p. 235.

☞ COPIE. s. f. Ce mot dont nous allons marquer les différentes acceptations, signifie en général un double d’un écrit, d’un ouvrage. La copie doit être fidelle & contenir, même les défauts de l’original. Ce mot vient de copia dont on s’est servi dans la baise latinité dans la même signification.

Copie signifie ordinairement ce qui est fait d’après un original ; mais il y a des cas où l’on emploie ce mot dans un sens tout opposé pour exprimer le premier ouvrage même sur lequel on conduit le second. C’est ainsi que l’on appelle copie, la minute que les Avocats gardent de leurs écritures, & les manuscrits d’un Auteur. Exemplum, exemplar. Voyez Copie, en Librairie & l’Art. Copie & modèle de M. L’Abbé Girard.

Ce mot vient de copia, dont les latins se sont servis dans la même signification.

Copie se dit en Jurisprudence, de la transcription d’un acte en grosse ou en forme, qu’on réduit en moindre volume pour le faire signifier à une partie, ou pour en garder un mémoire par devers soi. Descriptio, exemplum, exemplar. Cette copie a été prise sur l’original, collationnée à l’original. Quelques anciens titres ne sont qu’en forme de vidimus, de copies collationnées. Aujourd’hui les copies collationnées ne font point de foi, si la collation n’en est faite avec la partie intéressée. Les Huissiers sont obligés de laisser copie de tous les actes qu’ils signifient.

Copie figurée, est une copie entièrement conforme à l’original, non-seulement en la substance & teneur de l’acte, mais encore en la disposition des mots, des lignes, des pages, des signatures, &c. Descriptio exemplari archetypo penitus, planè similis.

☞ Ce terme est quelquefois opposé à original : on signifie la copie d’un exploit au défendeur ; quelquefois à minute, lorsque les actes sur lesquels la copie est faite, s’appellent minutes, comme les actes notariées, les écritures d’un Avocat.

☞ Les grosses & les expéditions sont des copies, mais n’en portent point le nom. Voyez leurs différences aux mots Grosse & Expéditions.

Copie se dit aussi de l’imitation qu’on fait d’un original, & se dit particulièrement des tableaux, des desseins & des ouvrages de littérature. Exemplum, exemplar. Les moindres originaux sont plus estimés que les meilleures copies. Ce bâtiment n’est que la copie d’un autre qui est à Rome. Tous les Poëtes ont voulu imiter Virgile ; mais toutes ces copies sont demeurées bien au dessous de l’original.

Copie se dit aussi d’une traduction. Le P. Bouhours dit en parlant de sa Traduction du Nouveau Testament, faite sur la Vulgate, n’ayant pas de droit de rejeter le texte de la Vulgate, ou d’y changer rien de notre autorité particulière, nous l’avons traduite telle qu’elle est ; & la traduction que nous en avons faite, est une copie ressemblante, qui représente jusqu’aux défauts de l’original latin, s’il étoit permis d’user de ce mot en parlant du texte sacré.

Copie se dit encore de l’imitation des actions & des manières d’autrui. Les désordres de notre temps ne peuvent être que des copies des siècles passés. S. Evr.

Copie, en terme de Libraires & d’Imprimeurs, est le manuscrit, l’original d’un livre qu’on leur donne, sur lequel ils impriment. Exemplar archetypum, manuscriptus codex, liber. Il faut envoyer à l’Auteur demander de la copie. Ce sont les bonnes copies qui ont enrichi ce Libraire.

On dit compter la copie ; pour dire, juger combien de feuilles il y aura dans un manuscrit proposé, & on appelle copies de chapelle, les quatre exemplaires que les Compagnons retiennent pour leur droit, & qui se rendent en le payant.

On dit d’un homme qui ne réussit pas à en imiter un autre qui est excellent dans son genre, que c’est une méchante copie d’un fort bon original. On dit, en style familier, d’un homme singulièrement ridicule, que c’est un original sans copie.

Copie, modèle. Le sens dans lequel ces mots sont synonimes, ne se présente pas d’abord à l’esprit, dit M. L’Abbé Girard. Le premier coup d’œil qui nous montre une copie faite sur un ouvrage qui en est l’original, & un modèle servant d’original à l’ouvrage, met entr’eux une différence totale… Mais une seconde réflexion nous fait voir que l’usage emploie en beaucoup d’occasions ces deux mots sous une idée commune, pour marquer également l’original d’après lequel on fait l’ouvrage, & l’ouvrage fait d’après l’original. Copie se prenant, ainsi que modèle, pour le premier ouvrage sur lequel on conduit le second ; & modèle se prenant, ainsi que copie, pour le second ouvrage, conduit sur le premier ; de façon qu’ils deviennent doublement Synonimes, c’est-à-dire, qu’ils le sont dans l’un & l’autre des sens dont l’institution où la première idée sembloit avoir fait à chacun d’eux son partage, avec les différences suivantes,

☞ Dans le premier sens, copie ne se dit qu’en fait d’impression, & du manuscrit de l’Auteur sur lequel l’Imprimeur travaille : modèle se dit en toute autre occasion, dans la morale comme dans les Arts. L’épreuve n’est souvent fautive, que parce que la copie l’est aussi. Il n’est point de parfait modèle de vertu. Je crois que les Arts & les Sciences gagneroient beaucoup, si les Auteurs s’attachoient plus à suivre leur génie, qu’à imiter les modèles qu’ils rencontrent.

☞ Dans le second sens, copie se dit pour la peinture. Modèle pour le relief. La copie doit être fidèle, & le modèle doit être juste. Il semble que le second de ces mots suppose la ressemblance avec plus de force que le premier. Les tableaux de Raphaël ont de l’agrément jusque dans les mauvaises copies. Les simples modèles de l’antique, qui sont au Louvre, n’y figurent pas moins bien que les originaux des pièces modernes.

COPIER, v. act. transcrire un acte, un livre, un discours ; en faire un double. Describere, exscribere, transcribere.

On le dit aussi des tableaux, des desseins, des batimens, des statues. Picturam ex altera exprimere, fabulam pingendo imitari. Copier un tableau de Rubens, imiter un original.

Copier signifie aussi imiter ; & quelquefois dérober l’invention, le livre, le travail d’autrui. Imitari, describere, subfurari. La plupart des Auteurs ne font que se copier les uns les autres. Montagne sait donner un air d’original aux choses mêmes qu’il copie. Maleb.

Copier se dit aussi figurément des personnes, & signifie les imiter, les prendre pour modèle. Imitari aliquem. Ceux qui ne sont pas nés dans un rang illustre, & qui veulent copier les Grands, les copient mal, ils ne prennent que de faux airs de grandeur. Bell. Les moindres agrémens qui sont naturels, valent mieux que ceux qu’on affecte de copier des autres. Bouh.

Apprenti tout au plus du celebre Molière,
Tu devois copier son noble caractère. Pradon.

☞ Dans cette acceptation où copier signifie rendre, exprimer une chose par l’imitation, les manières, les actions, le style, &c. ce verbe se prend en bonne part. On dit qu’un Auteur copie ce qu’il y a de meilleur. Copier un ouvrage, c’est le bien imiter. La Bruyère a copié les mœurs de son Siècle. On dit de même qu’un Peintre copie la nature. On le dit de même du Poëte. Voyez Imiter, Exprimer, Rendre.