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COQ

un cercle autour du visage.

COQUEMAR. s. m. ustensile de cuisine ; espèce de pot ayant une anse, qui sert à faire bouillir de l’eau, & à cuire plusieurs choses. Cocuma. Les Barbiers portent avec eux leur bassin & leur coquemar. On fait des coquemars de terre, d’étain, de cuivre, d’argent.

Ce mot vient du latin cucuma, chaudière, ou de cucumarium qui est une sorte de vase ainsi appelé, quod ventrem habet magnum uti cucumis.

COQUEPLUMET. m. Homme qui porte des plumes sur son chapeau. Batteur de pavé, fiérabras, fendeur de naseaux. Cotgrave est le seul Lexicographe de ma connoissance, qui ait placé ce mot dans son Dictionnaire. L’Archevêque de Lyon, ou plutôt l’Auteur de sa Harangue (Nicolas Rapin) après avoir fait voit que la Ligue étoit composée de quantité de scélérats & de vauriens, dit qu’il n’y veut pas comprendre maints Gentilshommes, & autres qui sont du bois dont on les fait, ou du moins qui en ont la mine, & se montrent vaillans coqueplumets sur le pavé de Paris. Satyre Ménip. in-8e. page 69.

COQUEREAU. s. m. espèce de petit navire. Le P. Léon.

COQUERELLE. s. f. C’est le nom qu’on donne dans l’Abbaye de Remiremont à de certaines femmes, dont la fonction est de garder les Chanoinesses depuis l’Extrême-Onction, jusqu’à leur enterrement. La Doyenne du Chapitre a droit de nommer le Solliciteur duChapitre & l’Ecolâtre, de placer l’Infirmière & les Coquerelles, & les destituer quand il y a cause. Amelot de la Hous.

COQUERELLES, autrefois COQUERÉES. s. f. terme de Blason, qui signifie de petites noisettes dans leurs fourreaux, toutes vertes, jointes ensemble au nombre de trois, & relies qu’on les cueille sur les noisetiers. Avellanæ. Il y en a dans l’écu des lieurs de Montmagny. Pierre Huault de Montmagny, qui vivoit en 1500, tige des Seigneurs de Bernay en Brie, portoit d’or à la face d’azur chargée de trois molettes d’éperon d’or, accompagnée de trois bouquets de coquerelles de gueules, deux & un. Quelques-uns tiennent que ce sont des oignons de fleur. D’autres disent que ce sont des vessies ou bourses de l’alkakenge, qui est une espèce de solanum, faites comme des bourses qui enferment un grain rouge de la grosseur de l’anis de Verdun, dont on se sert pour faire des bouquets en hiver. Ce dernier sentiment est le meilleur. Dans les titres des Chevaliers de Malte du nom de Huault, de Vaires-Bussy & de Montmagny, les coquerelles sont appelées coquerées.

COQUERET. s. m. Alkekengi. Plante que quelques uns appeloient autrefois alkekenge, ou alkekengi. Ses racines sont longues, noueuses, genouillées, traçantes, & poussent plusieurs tiges hautes d’environ un pié, menues, rougeâtres, un peu velues, moëleuses, noueuses, & garnies à l’endroit de leurs nœuds de feuilles alternes, plus grandes que celles de la morelle, dentelées sur les bords, & soûtenues par des queues longues d’un pouce environ. Des aisselles de quelques-unes de ces feuilles naissent des fleurs ordinairement seules, assez grandes, blanchâtres, d’une seule pièce, taillées en manière d’étoile, soûtenues par un pédicule d’un pouce de long. Le pistil qui s’élève du milieu du calice, & qui enfile la fleur, devient après sa chute une baie molle, de la grosseur & de la couleur d’une cerise, & remplie de semences plates & blanchâtres. Cette baie est renfermée dans le calice, qui a pris alors la figure d’une vessie rougeâtre. Les Médecins ordonnent cette plante sous le nom de solinum halicacabum. Ses baies sont d’usage dans les maladies de la vessie.

Il y a plusieurs autres espèces de coqueret, mais qui sont étrangères. Celle qu’on nomme alkekengi fructu parvo venicillato, Inst. R. herb. est réputée vénéneuse ; & plusieurs Botanistes ont cru que c’étoit le solanum somniferum maximum, ou la morelle somnifère des anciens. On n’oseroit se servir intérieurement de cette dernière espèce, à cause qu’elle jette dans des délires affreux ; on se contente seulement de l’appliquer extérieurement pour calmer les douleurs, & pour procurer le sommeil.

COQUERICO. s. m. chant du coq. Le coq chanta coquerico. Théât. Ital. dans la pièce intitulée les Animaux raisonnables, on a fait ce rondeau pour la poule.

Coquerico.
J’entends sitôt que je caquette,
Coquerico.
Autour de moi mon joli coq,
Toujours ardent pour sa poulette,
A chaque moment me répète
Coquerico. Théâtre de la Foire.

COQUERIQUER, v. n. forme dont on se sert pour exprimer la manière de crier du coq. Les coqs coqueriquent. Dans les campagnes on entend coqueriquer les coqs qui annoncent le point du jour.

COQUERON. s. m. terme de Navigation. Quelques-uns nomment ainsi une petite chambre ou retranchement qui est à l’avant des petits bâtimens. On le nomme ainsi, parce qu’il sert de cuisine.

COQUES. s. f. pl. terme de pêche. Œufs de poisson de mer que l’on emploie pour amorcer les filets, avec lesquels on pêche les sardines.

COQUESIGRUE. s. f. Ménage écrit coquecigrue. Poisson de Mer qu’on dit se donner des clystères avec l’eau de la mer, que les anciens appeloient clyster. A Paris, dans les cabinets des curieux, on appelle coquecigrue, les coquilles de Mer. Conchæ. Quelques-uns se servent de ce mot pour signifier quelque chose de frivole ou de chimérique. Commentitium quid. Vous nous contez des coquesigrues. Garrire nugas, fabulas narrare.

Mon esprit à cheval sur des coquesigrues. S. Am.

On dit proverbialement qu’une chose arrivera à la venue des coquesigrues ; pour dire, qu’elle n’arrivera jamais : un coq & six grues, est le rebus de cocsigrues.

Coquesigrue, terme de Botanique. Il faut dire coccigrue ; c’est un fruit qui naît à un arbre. Coccigria Theophrasti. Il est gros comme un petit grain de vesse & vient dans une panache. Le bois sert à teindre en jaune, & s’appelle fuslet.

☞ COQUET, ETTE. adj. quelquefois employé substantivement. Qui cherche à plaire. On le dit plus souvent des femmes. Une femme coquette est celle qui cherche, à plaire, à paroître aimable à plusieurs hommes à la fois, & qui a l’art de se les attacher en leur faisant espérer un bonheur qu’elle est bien décidée à leur refuser. Mulier amatoriis blandimentis dedita, procorum amans. Il ne fut jamais d’homme plus coquet. Les coquettes tâchent d’engager les hommes, & ne veulent pas s’engager. Je ne puis supporter ces coquets, qui embrassent dix ou douze intrigues sans aucun amour, & qui se font cent affaires sans en avoir une seule. M. Scud. Une femme coquette se soucie peu d’être aimée ; il lui suffit d’être trouvée aimable, & de passer pour belle. Ce qui domine en elle, c’est la vanité & la légèreté. La Bruy. Les coquettes ne cherchent en amour que l’occupation d’une intrigue, & l’émotion d’esprit que donne la galanterie. Roc. Une coquette ne se rend jamais sur la passion de plaire, & sur l’opinion qu’elle a de sa beauté. La Bruy. Une coquette veut avoir plusieurs amusemens à la fois. Id. Les amans fidèles ont de la peine à mettre les coquettes de profession au rang des gens d’honneur. M. Scud. Une coquette n’aime pas la personne de ses amans, elle n’en aime que les passions. B. Rab. Voyez Galanterie et Coquetterie.