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delette ligamenteuse, qui bride les attaches du grand dorsal rond. Il continue son attache au dessous de cette bandelette, & attenant le ligament intermusculaire interne, auquel il est aussi un peu attaché. Winslow. Ce muscle passe derrière le tendon du grand pectoral. Il est un peu fendu pour donner passage à un nerf. C’est pourquoi, quelques-uns l’ont appelé en latin perforatus Casserii, c’est-à-dire, le muscle percé de Casserius, Auteur, qui le premier en a donné une figure particulière. L’autre nom de ce muscle s’accorde avec ses attaches. Id.

CORACOHYOÏDIEN. s. m. terme d’Anatomie. Coracohyoïdicus. Nom d’un muscle qui prend son origine de l’apophyse coracoïde de l’omoplate, & vient s’insérer à la partie inférieure & latérale de la base de l’os hyoïde, qu’il tire en bas vers le côté. On le nomme aussi digastrique, parce qu’il a deux ventres à ses deux extrémités, & un tendon dans son milieu, qui est l’endroit où il touche l’artère carotide, & la veine jugulaire interne. Dionis.

Ce mot est composé de coracoïde, & de hyoïde, parce que le muscle qui le porte, appartient & touche à ces deux parties du corps humain, dont nous donnons l’étymologie en leur place.

CORACOÏDE, terme d’Anatomie. Coracoïdes. Qui a la figure de corbeau. Nom grec composé de κόρακος Corbeau, & de εἶδος forme. C’est le nom que l’on donne à un apophyse, parce qu’elle ressemble au bec d’un corbeau. La coracoïde est l’apophyse placée à la partie supérieure du cou, & qui s’avance au dessus de la tête de l’os du bras. La coracoïde affermit l’articulation de l’épaule, & donne origine à un des muscles du bras.

CORACOÏDIEN. s. m. terme d’Anatomie. Nom du sixième des neuf muscles du bras, ainsi appelé, parce qu’il prend son origine de l’apophyse coracoïde de l’omoplate. Coracoïdicus. Le coracoïdien va s’insérer à la partie moyenne & interne de l’humérus ; il tire avec le pectoral le bras en avant. Dionis.

CORACO-RADIAL, adj. & f. m. terme d’Anatomie, qui se dit d’un muscle appelé autrement Biceps. Coracoradialis. Le coraco-radial est un muscle jumeau, composé de deux corps cornus, longs, plus ou moins arondis, posés l’un auprès de l’autre, le long de la partie antérieure, & un peu interne du bras. Ces deux corps sont séparés en haut, où chacun se termine par un tendon grêle. Ils sont contigus en descendant, & fort unis en bas par un tendon commun & plus large. Les Anciens qui ont regardé ses extrémités supérieures comme deux têtes, lui ont donné le nom de biceps. C’est par rapport aux attaches que je l’appelle coraco-radial. Winslow. Il est attaché par l’un de ses tendons supérieurs au bout de l’apophyse ou épiphyse coracoïde de l’omoplate, à côté du tendon coraco-brachial, qui lui est fort adhérent. Id.

CORADOUN. Voyez Corradoux.

CORAIL. Il fait coraux au pluriel. s. m. Plante maritime qui croît au fond de la Mer. Corallum, corallium. On en voit des arbrisseaux de la hauteur d’un homme. Ils s’arrachent du fond de la Mer avec des crochets en forme d’ancres. Le P. Bouhours dit avoir vu un collier de l’Ordre du S. Esprit, fait d’une seule pièce de corail. Le corail se distingue des Lithophyton & des Fucus, parce qu’il est tout pierreux. Quoique le corail paroisse au premier coup d’œil un petit arbrisseau dépouillé des feuilles ; cependant cette consistance pierreuse qui lui est propre, comme aux Madrépores & autres plantes marines : Cette consistance, dis-je, sembloit servir de preuve à plusieurs Philosophes pour ne pas ranger le corail au nombre des plantes, & pour le mettre dans un règne minéral, c’est-à-dire, de le croire une pierre qui n’avoit point les prérogatives des végétaux, & qui ne pouvoit se multiplier par semences. Des observations faites depuis peu par le Comte de Marsigli doivent convaincre les plus incrédules ; cet illustre Physicien a découvert certaines parties qui semblent tenir lieu de fleur & de semences dans le corail ; & il a trouvé que l’analyse du corail répond à celle des autres plantes marines, & à celle des plantes de terre ; elles donnent les unes & les autres un sel urineux. On peut ajouter à ces observations, que cette régularité constante dans la figure du corail, qui est toujours branchu, dans sa substance qui est la même dans tous les morceaux ; & que cette organisation qui se trouve pareille dans tous les piés du corail, soit par rapport à leur écorce, qui est toute remplie de cellules qui se communiquent les unes aux autres, & qui renferment un suc laiteux, soit par leur surface extérieure, qui paroit toute cannelée ; tout cela marque assez que le seul hazard ne peut point avoir part à de semblables productions, & qu’il n’y a qu’une semence qui puisse produire des végétations aussi régulières. Le corail est la plus noble de toutes les plantes de la mer, Font. surtout à cause de sa couleur rouge, qui n’est agréable que quand on a emporté son écorce, & qu’après l’avoir poli avec l’émeril.

On trouve des coraux de plusieurs couleurs ; ordinairement il est rouge, rarement blanc, peu souvent feuille morte, couleur de rose, ou incarnat. Ce qu’on appelle corail noir, appelé par Dioscoride Antipathes, n’est que le tronc, ou quelque grosse branche de Lithophyton polie. Mémoire de l’Acad. des Scienc. ann. 1710. Suppl. du Journal des Sçavans de 1707. On voit aussi du corail vert ; on en voit de jaune, de cendré, de sombre, & d’autre couleur mêlée, & dont les extrémités des branches paroissent visiblement n’être que du bois, & les autres étant changées en corail blanc & rouge : ce qui montre qu’il se forme peu-à-peu d’un suc pétrifiant, & qu’il ne rougit qu’après avoir acquis sa pleine maturité, comme font les fruits. Lorsque les branches sont vertes, ou blanches, c’est une marque qu’il n’est pas encore mûr. Le rouge & le blanc sont les plus estimés. On tient que le corail est plus rouge porté par un homme que par une femme, & qu’étant porté par un malade, il devient pâle, livide & tout taché ; de sorte que par le changement de sa couleur il avertit de quelque maladie prochaine. On lui rend sa couleur en le suspendant sur du fumier, ou en le couvrant de semence de moutarde, ou en le lavant avec du pain mouillé.

La pêche du corail se fait en certains temps de l’année, & on le tire vers le Bastion de France en Afrique, & vers l’Isle de Corse & de Majorque, à Tabarque & vers le Cap de Quiers en Catalogne. Les anciennes pêcheries étoient la Mer Persique, la Mer Rouge, la Mer de Sicile & de Naples. On n’en trouve point dans l’Océan. Le Père Kirker dit qu’il y a des forêts entières de corail dans la Mer Rouge. On en voit des branches toutes mangées des vers comme du bois vermoulu. Les Japonnois font plus de cas du corail que de toutes les pierreries. En pharmacie, on se sert de coraux mis en poudre. On en fait des syrops, on en tire des teintures, & il sert à plusieurs médicamens. On dit aussi que le corail arrête le sang, qu’il défend les maisons de la foudre & qu’il en écarte les mauvais génies. Bouh. On le nomme en grec en latin lithodendrum, comme qui diroit pierre, arbre. Gansius a écrit l’Histoire du corail, & dit que c’est un minéral qui végète. Les Anciens l’ont aussi appelé gorgonium, parce qu’ils croyoient qu’il se pétrifioit à l’air comme à la vue de la tête de Méduse. Le jus de citron tire la teinture du corail, & le fait devenir blanc comme neige, quand il y a trempé un jour ou deux étant pulvérisé. Le corail a servi de monnoie à quelques peuples. M. Lemery le Père a découvert dans cette plante pierreuse, dissoute & précipitée, des particules de fer en assez grande quantité. Hist. de l’Acad. des Scienc. 1711. On trouve dans