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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/913

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COR

l’Hist. de l’Acad. des Scienc. 1711 quelques expériences faites par M. le Comte de Marsigli sur le corail fraîchement tiré de la Mer, avec son écorce, & le suc laiteux qui lui sert de nourriture. C’est une plante très-abondante en alcali. Le Comte de Marsigli découvrit en 1707 les fleurs de corail ; elles sont blanches, à huit feuilles, en très-grand nombre sur toute la plante ; elles sortent de tous les tubules de l’écorce, & y rentrent dans l’instant que l’on retire la plante de l’eau. Si on l’y remet, elle refleurit tout entière en moins d’une heure, & quelquefois elle fait pendant douze jours entiers, alternativement ces changemens dans l’eau & hors de l’eau, après quoi les fleurs prennent la forme d’une petite boule jaune, & tombent au fond de l’eau. Ces petites boules, selon l’analogie des autres plantes, devroient contenir la graine du corail, cependant le Comte de Marsigli n’y a trouvé ni graine, ni rien qui en approchât, mais seulement un suc gluant semblable à celui de l’écorce.

☞ Les dernières observations faites sur le corail par M. Peyssonnel, paroissent prouver que le corail, ainsi que plusieurs autres productions que l’on a regardées comme plantes marines, appartiennent au règne animal, parce qu’elles sont produites par des insectes de Mer. Il a découvert que les prétendues fleurs du corail observées par M. le Comte de Marsigli, étoient de véritables insectes, qu’il appelle orties corallines.

On en fait d’artificiel avec du cinabre bien broyé, dont on fait une couche sur quelque branche de bois bien sèche, bien polie, imbue auparavant de colle de gant. On la polit ensuite, & on y met pour vernis une couche de blanc d’œuf.

On dit poëtiquement des lèvres de corail ; pour dire, bien vermeilles. Labra corallina.

Il y a en plusieurs Îles de l’Amérique un petit arbrisseau qu’on appelle bois de corail, parce qu’il porte une petite graine rouge comme du corail. Elle croît par bouquets à l’extrémité de ses Branches, qui en reçoivent un grand lustre ; mais ces petits grains ont une petite marque noire à l’un des bouts qui les défigure, leur fait perdre leur prix, selon quelques-uns ; d’autres disent tout au contraire, que cette bigarurre de couleurs ne les rend que plus agréables. On s’en sert à faire des brasselets. C’est ce qu’en dit M. Lonvillers de Poincy, Gouverneur pour le Roi de nos Îles Antilles, dans son Histoire-naturelle des Antilles, L. I, C. IX, art. 4.

CORAIL de jardin, c’est le nom que l’on donne au piment, ou poivre de Guinée.

CORAILLE ou COURILLE. s. f. mot employé pour Cœur, dans le vieux langage. Couralement se disoit alors pour cordialement. De mi qui l’ai aimai couralement. On dit aussi corcé, pour cœur & entrailles.

CORAILLER. v. n. C’est le verbe dont on se sert pour exprimer le cri des corbeaux. Le corbeau coraille. On dit aussi qu’il croasse, & tous deux sont bons ; mais quelques-uns aiment mieux se servir de corailler que de croasser, à cause du trop grand rapport de ce dernier avec coasser, dont on se sert pour exprimer les cris des grenouilles.

☞ Quoi qu’il en soit, le mot de corailler est presqu’inconnu, & croasser est seul en usage.

CORAILLEUR. s. m. celui qui travaille à la pêche du corail,

CORAISCHITE. s. m. nom d’une famille, ou Tribu principale de la ville de la Mecque, de laquelle on tiroit avant Mahomet les Administrateurs & Gardiens du Temple. Mahomet étoit Coraïschite, & eut néanmoins les gens de cette famille pour ses plus grands ennemis. On ne laisse pas néanmoins d’appeler de ce nom, tous les anciens Arabes de la Mecque ses contemporains & ses compagnons. D’Herb. Voyez aussi Castel, au verbe קרש.

Ce mot vient de l’arabe קרוש, Coraisch, qui vient de l’arabe קרש, Karasega ; collegit, adquisivit.

CORAL. s. m. espèce de parc dans l’Amérique, & ; particulièrement à Cuba, l’une des Antilles, où les Espagnols nourrissent quantité de porcs.

CORALIN, INE. adj. ☞ L’Académie écrit corallin, & c’est ainsi qu’il faut écrire. Qui a la couleur ou les qualités du corail, rouge comme corail. Corallinus. On disoit autrefois en Poësie, bouche coralline, lèvres corallines. Ces expressions ont vieilli, & ne sont plus en usage.

Les Chimistes tirent avec de la cire une teinture coraline, toute la couleur du corail.

CORALINE. s. f. Coralina. Plante marine qui croît sur les rochers dans le fond de la mer, & qui est pierreuse comme le corail, mais infiniment plus petite, branchue, & composée de plus petites pièces attachées les unes aux autres ; c’est sur-tout par ces espèces d’articulations qu’on peut la distinguer des autres plantes qui lui sont congénères. Elle n’a guère plus de deux pouces de hauteur. Elle est verdâtre, blanchâtre, ou purpurine. Elle a une odeur de marée, & est d’un goût salé. On se sert en Médecine de la coraline, pour faire mourir les vers des enfans. Il y a plusieurs espèces de coraline : on les prenoit autrefois pour de la mousse de mer. Elle croît sur les rochers de la mer, sur les coquilles des poissons & sur le corail même, d’où vient le nom de coraline.

Coraline est aussi le nom que l’on donne au Levant à une chaloupe légère, pour la pêche du corail.

CORAILLÉ, ÉE. adj. terme de Médecine & de Pharmacie, qui se dit des remèdes où il entre du corail. Corallo mixtus, temperatus, a, um. De l’eau de plantin bien foulée de nitre coraillé. Bremont. 1731, p. 179.

CORALLOÏDE, adi. m. & f. terme d’Histoire naturelle. Qui ressemble à du corail ; de l’espèce du corail. Coralloïdes. Plusieurs belles plantes coralloïdes & flexibles, de couleurs vives. Gersaint.

CORALLOÏDES. s. f. pl. Ce sont les semences du corail blanc, quand il commence à végéter, & qu’il n’a pas encore reçu toute sa perfection,

CORASMIN, INE. s. m. Peuple d’Asie. Corasminus, a. Les Corasmins étoient issus, à ce qu’on prétend, des anciens Parthes, du moins au treizième siècle ; ils en occupoient le pays appelé Yrac Agemy, ou Hircanie Persienne. D’autres les placent dans le Covarzem, proche de la Cursane : mais je ne sais si ces Corasmins n’étoient pas plutôt originaires du Royaume de Carizme, que Ptolémée appelle Corasmia, d’où ces Barbares, la plupart pâtres, & qui n’avoient guère de demeure fixe, pouvoient avoir passé dans quelques-unes des provinces de Perse. Ces peuples, Païens de religion, cruels, féroces & barbares, parcoururent différentes contrées, sans pouvoir trouver de demeure fixe & assûrée, ni aucun Prince qui les voulût souffrir dans ses Etats. Odieux aux Mahométans, comme aux Chrétiens, à cause de leurs brigandages & de leurs cruautés, ils étoient regardés comme les ennemis du genre humain. Vertot. Hist. de Malte, L. III. Voyez encore la Bibliothèque orientale de M, d’Herbelot.

☞ CORBACH, petite ville d’Allemagne dans la Hesse, capitale de la principauté de Waldeck.

☞ CORBAN. s. m. terme qui, dans l’Ecriture, signifie oblation faite à Dieu.

Corban, cérémonie que les Mahométans font au pié de la montagne Arafat en Arabie, près de la Mecque. Oblatio. Elle consiste à égorger plusieurs moutons, & à les distribuer aux pauvres. Rigaut, de l’Empire Ottoman.

Ce mot est arabe, & originairement hébreu. De קרב, Karab, qui signifie approcher, & a la conjugaison iphil, faire approcher, offrir, se forme קרבן, Korban, qui signifie offrande, oblation.

CORBEAU. s. m. ☞. oiseau de plumage noir, carnassier, & vivant ordinairement de charogne. Cor-