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COR

Et s’il faut qu’avec elle on joue au corbillon,
Et qu’on vienne à lui dire à son tour, qu’y met-on ?
Je veux qu’elle réponde, une tarte à la crème. Moll.

CORBIN. s. m. vieux mot, qui signifioit corbeau. Corvus. On disoit autrefois corbiner ; pour dire, dérober ; faire le métier de corbin, ou de corbeau, déchirer ou tirer ce qu’on pouvoit attraper d’une carcasse. Furari, subfurari, clepere, surripere. On a aussi appelé au Palais Corbineurs, ceux qui tiroient la pièce des Plaideurs, & ruinoient des parties. Subbasilicanus vulturius. En général on appelle encore en plusieurs Provinces Corbineurs, les gens qui trompent les autres par leur flatterie : ce qui a été dit par allusion à la fable d’Esope, du renard qui trompa le corbeau. Alieni fraudulentus raptor.

Corbin (Bec de), est une arme dont on se servoit autrefois à la guerre. Hastæ seu bipennis genus. C’étoit une espèce de hallebarde. On appelle Bec de corbin une compagnie de Gentilshommes de la Maison du Roi qui portent ces armes, & qui ne servent plus qu’aux grandes cérémonies.

Corbin (Bec de), est aussi un instrument qui sert aux Chirurgiens dans leurs opérations, & particulièrement à tirer des plaies le plomb & autres corps étrangers. Instrumentum Chirurgicum corvini rostri in morem recurvum.

On appelle aussi Bec de corbin, certaines pommes de cannes, dont un des bouts, ou tous les deux sont recourbés. Ils sont ordinairement de porcelaine, de bois des Indes, ou d’or.

CORBINAGE. s. m. terme de Coutume. Par ce mot on entend différens droits ; quelquefois c’est un droit en vertu duquel les Curés prétendent avoir le lit des Gentilshommes qui meurent dans leur Paroisse : quelquefois c’est un droit annuel que le Seigneur Châtelain prétend sur chaque bœuf qui laboure la terre, ou sur ceux qui sèment les blés. Ce droit a différens noms en diverses Provinces, on l’appelle Carnage, Fromentage, Bladage ; & en Latin Cornesagium, Boagium, Bovagium, Hornegildum, Garbagium. Voyez M. de Lauriere sur Ragueau.

CORBINER, v. a. & n. vieux mot. Voyez Corbin.

CORBINEUR, s. m. trompeur, voleur. Fur, latro, deceptor. Voyez Corbin.

CORBIOIS. Le Corbiois est le Territoire de Corbie. Corbeïensis ager, dans Valois, Not. Gall. p. 159.

CORBONDIER. s. m. vieux mot & hors d’usage. C’étoit un ancien instrument de Musique de la nature du cor, dont on sonnoit dans les grandes réjouissances, & dont il est parlé dans le Roman des quatre fils Aymon. Buccinæ genus.

CORBULO. Monte Corbulo. Montagne située à douze milles de Sienne en Toscane.

Corbulo (Chanoines Réguliers de Monte.) Congrégation de Chanoines Réguliers, dont le premier Monastère étoit situé sur le Mont Corbulo. Leur Instituteur fut Pierre de Reggio. Il obtint d’Alexandre VI, la permission de fonder cette Congrégation sous le nom de Saint Pierre dans l’Eglise de S. Michel sur le Mont Corbulo. Elle fut confirmée par Jules II, selon Raphaël de Volterre, ou par Leon X, comme assure Benoît de S. Géminien, Chanoine de la même Congrégation, cité par Pennot. Leur habit consistoit en une tunique grise, sur laquelle ils mettoient un rocher, & sur le rocher une aumusse, ou capuce. Le P. Bonanni semble dire que cette Congrégation subsiste encore, Hist. des Ord. Mon. & Relig. P. II, c. 37.

☞ CORCANG. Ville d’Asie dans le pays de la Chorasmie dont elle est la capitale, sur le Gihun.

CORCELET. s. m. La partie de l’Infecte la plus près de la tête, celle qui est proprement sa poitrine après la tête, suit le cou, après le cou, le corcelet, & enfin le corps. Abrégé de l’Histoire des Insectes.

Corcelet. Voyez Casaquin.

Corcelet. Voyez Corselet.

CORCHIS. Gardes du Roi de Perse, ou Janissaires. Satelles Regis Persarum. Ambass. de Figueroa.

CORCHORE. s. m. Corchoris. Plante dont la tige unie, s’élève à la hauteur d’une coudée, & dont les feuilles sont assez semblables à celles du cynocrambe, ou de la mercuriale, mais un peu plus larges. Ses gousses sont attachées à des pédicules fort courts ; elles ont quatre ou cinq pouces de long, elles sont marquetées de raies jaunâtres, pointues, divisées en long en cinq parties ; elles contiennent une petite semence d’une couleur cendrée, visqueuse au goût, anguleuse & copieuse, &c. Cette plante est ordinaire d’Egypte. Il n’y a point d’alimens plus communs & plus agréables aux Egyptiens que cette plante. Voyez Melochia.

CORCULUS. s. m. petit insecte aquatique, dont parle Jonston. Son corps, lorsqu’on lui a coupé la tête & les piés, ressemble à un petit cœur, d’où il a tiré son nom. Il a les yeux petits & noirs, & six jambes, dont chacune a au bout deux petits doigts.

CORCYRE. Corcyra. Île de la Mer Ionienne sur les côtes de l’Epire. Elle a été appelée autrefois Sicheria & Phæacia. Aujourd’hui son nom est Corfou. Les Grecs disent qu’elle prit le nom de Corcyre, d’une Nymphe fille d’Asopus, qui s’appeloit Corcyre, que Neptune viola dans cette Île. Bochart, qui, Chan. Liv. I, c. 23. avoue qu’on ne sait pas trop d’où vient ce nom, conjecture néanmoins que ce nom est Phénicien ; qu’il signifie un pays tranquille, & où l’on vit en repos. Ses raisons sont qu’en Arabe קר Karra, signifie, sur-tout à la dixième conjugaison, être en repos & en sûreté. Il le prouve par la version Arabe, Psalm. 106, 28, & par celle de S. Jérôme, qui, Jug. VIII, 10, traduit, être en carcor, par être en repos. De plus, קרקרח, Karkara, signifie dans Gigeius une terre où l’on vit en repos. Enfin, dans Homère Odyss. v. 201. Nausicaa dit que qui que ce soit que les Phéniciens n’ose aborder à cette île. Voyez Corfou.

CORCYRÉEN, ENNE. s. m. & f. Corcyræus, a. Qui est de Corcyre. La Ville des Corcyréens. Corn.

CORD, terme de Fleuriste. Anémone à peluche, appelée autrement Violet ou cinq couleurs. Elle a les grandes feuilles & la peluche rouge : sa fraise, ou cordon, qui croît plus qu’aux autres anémones, devient de couleur violette tirant sur l’amaranthe, peu de jours avant qu’elle défleurisse ; sa tige ne se soûtient pas bien droite, ce qui fait qu’on ne l’estime guère. Morin.

CORDA. s. f. espèce de grosse serge crossée & drapée, toute de laine.

CORDACE. s. f. C’est le nom d’une danse des Anciens qui étoit vive, gaie, & fort lascive, & qu’on ne s’avisoit guère de danser que lorsqu’on étoit ivre. Meursius en parle dans son Orchestre, & Pétrone en dit un mot en passant, sans dire ce que c’est. Il fait seulement plaindre Trimalcion de ce que personne n’a pris sa femme Fortunata pour danser. Personne, dit-il, ne sçait pourtant mieux qu’elle cette danse que nous appelons la Cordace.

CORDAGE. s. m. tout l’appareil de corde qu’il faut pour un vaisseau, ou pour un bâtiment, pour un équipage de guerre. Grande quantité de cordes ; nombre de cordes ensemble. Funium apparatus, copia. Il faut une infinité de cordages pour faire les manœuvres d’un vaisseau. Le cordage étuvé, est le cordage qui a passé par l’étuve, où il a ressué & jeté son humeur aqueuse. Le cordage blanc, est le cordage qui n’a pas encore été goudronné. Le cordage goudronné en fil, est le cordage fait de fil de carret, qui étoit goudronné avant d’être employé. Du cordage refait, c’est du cordage fait avec des cordes qui ont déjà servi. Quand on dit, un cordage de douze pouces, c’est-à-dire, un cordage qui a douze pouces de circonférence ; un cordage de soixante fils, c’est-à-dire, un cordage de soixan-