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COR

te fils de carret. On dit, cordage de rechange, cordage moisi, cordage rague, cordage à deux torons.

Cordage se dit aussi d’une grosse corde toute seule, ce cordage n’est pas assez fort.

Cordage est aussi le mesurage du bois de corde. Desecti caudicis mensura. Les Jurés Mouleurs de bois sont établis pour prendre garde au cordage, pour empêcher que le Marchand ne trompe le Bourgeois sur le cordage.

CORDAGER, v. n. c’est corder, ou faire des cordes. Funes torquere.

CORDE. s. f. ☞ tortis fait ordinairement de filamens de chanvre appliqués fortement les uns contre les autres, servant à différens usages. Funis, restis.

☞ On fait des cordes de plusieurs autres matières, de lin, de laine, de jonc, d’écorce de tilleul & d’autres matières pliantes & flexibles. Aux Indes on en fait de coco, de Magnay, &c. Quand elle est extrêmement grosse, on l’appelle câble. Tunis nauticus, rudens. Quand elle est fort déliée, on la nomme ficelle. Funiculus, resticula. Corde de puits, d’un bac. Echelle de corde. Voyez le Mémoire de M. de Reaumur, ou M. l’Abbé Nolet, T. III, de ses leçons de physique, on y trouvera de belles remarques à faire sur les cordes. On fait aussi des sangles de corde, des ponts de corde, des souliers de corde, que les Espagnols nomment alpargates, & dont on fait grand trafic aux Indes, jusqu’à en charger des navires. Les enfans de Bramines portent à cinq ans une petite corde au cou en manière de chaîne d’or, & ils estiment si fort cette corde, qu’ils la renouvellent tous les ans. Vie de Bram.

Ce mot de corde vient du Grec χορδή, qui signifie proprement un gros intestin dont on peut faire des cordes.

On dit proverbialement & figurément : vous verrez beau jeu si la corde ne rompt ; pour dire, vous verrez des choses fort surprenantes dans quelque affaire, dans quelque entreprise, si les moyens dont on se sert pour y parvenir ne manquent pas.

Corde se dit aussi d’un gros cable tendu en l’air, attaché par les deux bouts, sur lequel les bateleurs dansent. Danseur de corde. Funambulus, schænobatis.

☞ On dit au figuré qu’un homme danse sur la corde ; pour dire, qu’il est dans une affaire périlleuse, dans une situation incertaine & chancelante, dans laquelle il peut succomber à tout moment.

☞ La corde d’un arc, d’un arbalète, est celle qui fait partir la flèche. Nervus, chorda. Tendre, bander la corde.

☞ On dit en ce sens au figuré qu’un homme a plusieurs cordes à son arc, quand il a plusieurs moyens de faire réussir une affaire.

Corde se dit aussi, en termes de jeu de paume, de celle qui se tend au milieu du jeu avec un filet qui va jusqu’à terre pour arrêter les balles. Le joueur qui ne fait pas passer la balle par dessus la corde, perd un quinze. Mettre sous la corde. Funis. Et on dit qu’une balle a passé à fleur de corde, qu’elle a frisé la corde, funem perstringere ; pour dire, que peu s’en est falu qu’elle n’ait été dessous.

On se sert des mêmes phrases en un sens figuré ; pour dire, qu’un homme a pensé à être condamné, à perdre son procès, qu’il n’a eu que ce qu’il lui falloit de voix en justice pour le gagner. On dit aussi qu’un homme a frisé la corde ; pour dire, que peu s’en est falu qu’il n’ait été condamné à être pendu.

Corde, en parlant du drap, se dit des fils dont il est tissu. Filum. Quand le drap est usé, il montre la corde. On dit figurément d’une finesse aisée à découvrir. Cela montre la corde.

Corde signifie aussi le supplice de la potence, parce qu’on étrangle avec une corde les criminels qui sont pendus. Laqueus, restis. Ainsi on dit, il mérite la corde, il fille sa corde, il traîne sa corde ; il n’y va que de la corde, il a frisé la corde ; pour dire, il a pensé être pendu ; expression tirée du jeu été paume. Il est échappé de la corde. Souffrir le libertinage des enfans, c’est leur mettre la corde au cou. Faire amende honorable la corde au cou. On dit aussi d’une légère faute, la corde & le fouet en sont dehors. On dit d’un homme très-soumis qui vient demander grâce à sa partie, qu’il l’est venu supplier la corde au cou. En ce sens, on appelle un homme de sac & de corde, un scélérat, un homme qui mérite d’être noyé, ou pendu ; car autrefois on enfermoit les criminels dans un sac pour les noyer. On dit encore, quand on donne la question, au premier, au second trait de corde : c’est quand on met un tréteau plus haut pour étendre davantage les nerfs du patient, qui est suspendu avec des cordes. On le dit aussi des coups d’estrapade.

☞ On dit proverbialement qu’il ne faut point parler de corde dans la maison d’un pendu, pour faire entendre qu’il ne faut point parler de choses dont le reproche peut tomber sur quelqu’un de ceux avec qui l’on est.

En termes de Marine, on appelle corde de retenue, une corde dont l’usage est de retenir un fardeau lorsqu’on l’embarque. On appelle encore, cordes de défenses, de grosses cordes mêlées & entrelacées, qu’on fait pendre sur les flancs d’un vaisseau, pour le conserver contre le choc des autres vaisseaux.

Corde, terme d’Anatomie, se dit d’un nerf qui est couché sur la membrane du tambour de l’oreille. C’est une petite portion de nerf qui appartient au tympan de l’oreille, & qui part du rameau du nerf qui va se distribuer à la langue. Demours, Acad. d’Ed. T. I, p. 185. Je dirai avec les autres Anatomistes que la corde du tympan est une production ou un rameau de la branche maxillaire inférieure, quoique je serois plus porté à croire qu’elle est une branche de la portion dure de la septième paire unie avec la cinquième. La corde du tympan prend le plus souvent son origine de cette branche de la cinquième paire, qui va se distribuer à la langue ; mais je l’ai vû souvent se détacher du tronc même qui fournit cette branche qui se porte à la langue, & celle qui entre dans le conduit de la mâchoire inférieure. La corde du tympan, dès sa naissance, se porte en arrière & en dehors, étant enveloppée dans un tissu cellulaire jusqu’à ce qu’elle entre dans la partie osseuse de la trompe d’Eustachius. Ib. p. 179, 180. Chorda. Les Anatomistes ne s’accordent pas sur l’usage de cette petite corde. Les uns veulent qu’elle serve à donner quelque son à cette membrane, comme fait celle qu’on met sur la peau des tambours ; & les autres prétendent que cette corde n’est autre chose qu’une branche de la cinquième paire.

Corde, autre terme d’anatomie & de nourrice, qui se dit des mammelles des femmes qui donnent à tetter. Dans les commencemens, avant que le lait vienne abondamment par les bouts, il faut que les cordes se cassent, c’est-à-dire, que les passages se fassent.

Cordes à boyau, sont celles que l’on fait de boyau de mouton pour des raquettes. Nervus. On en applique aussi sur des instrumens de musique, le luth, le thuorbe, le violon, la viole, la guitarre. Chorda, fides. Les anciens qui ne connoissoient pas l’usage de ces cordes à boyau, se servoient de cordes de lin.

Quelques-uns croient que le mot de corde vient du grec χορδή, qui est un nom que les médecins donnent aux boyaux, parce que la plûpart des cordes des instrumens de musique, sont faites de boyaux desséchés. On en fait d’autres de fil de fer & de laiton, pour les épinettes, clavessins, psaltérions & autres. Une corde fausse, c’est celle qui n’est pas unie, & qui rend de mauvais tons. On a trouvé depuis peu, l’invention de charger les cordes à boyau pour rendre leur son beau-