moins 5 piés de diamètre, & n’en ont pas 20 de hauteur, & pour chapiteau il n’y a dessus qu’un simple cordon fait comme un bourlet. Elles sont si vieilles, qu’elles sont toutes rongées par le temps, & ne sont qu’à 15 piés les unes des autres
On voit assez proche de ces colonnes un reste d’Eglise dont la voûte & les murailles sont revêtues de brique, & les inscriptions qui sont en dedans sur un pilier nous en pourroient apprendre quelque chose, si elles n’étoient tellement effacées, qu’il est impossible de les lire.
Dans un champ voisin de cette Eglise, j’ai remarque une grosse tête de marbre blanc tout-à-fait gâtée & méconnoissable, & une table de pareille matiere, sur laquelle étoit taillée en bas relief, d’une sculpture admirable, un reste de bataille, dont le principal personnage est un jeune cavalier armé à la Romaine, grand à demi-nature.
Ce morceau est tout ce que je vis dans Corinthe qui me pût satisfaire après la vue de la situation qui est merveilleuse. Elle est à un quart de lieu de la mer sur une colline faite en amphithéâtre, dont les degrés vont insensiblement se rendre au port Léchée, où il y a encore une tour qui servoit de fanal autrefois.
Pour l’Acrocorinthe, au pié duquel la ville étoit, ni les Romains ni les Turcs ne l’ont pas détruit. C’est un rocher fort haut, qui a deux pointes & une Forteresse bâtie dessus, que tiennent les Turcs, & qui est inaccessible de tous côtés, si ce n’est de celui du port Cenchrée qui fait la meilleure partie de la ville. Les Turcs ont peuplé le reste de Nègres. Du Loir, Let. X, p. 342, 343.
Auprès de Corinthe est un bois de Cyprès que les Anciens appeloient Craneum, vers lequel étoient autrefois les sépulchres de Laïs & de Diogène le Cynique. On nous dit qu’il y avoit encore dans ce bois un grand bâtiment de marbre blanc ruiné, qui pourroit être le temple de Bellérophon, ou celui de Vénus de Ménalide.
Le territoire de Corinthe n’est pas moins fertile qu’agréable. Son golfe lui sert de canal, m’ayant pas plus de 8 à 10 milles de large, si ce n’est en quelque endroit, comme vers Crissa, où il s’étend un peu davantage. Sinus Corinthiacus.
Corinthe. s. f. est aussi le nom d’une sorte de raisin, dont le grain est petit, serré & fort bon. On l’appelle raisin de Corinthe, & le corinthe. Le chasselas, le cioutat & le corinthe, sont de bons raisins. La Quintin. Raisin de Corinthe, petit raisin à grain menu, qui a l’eau fort douce & agréable ; il y en a de deux ou trois couleurs. Id. Le corinthe blanc est un raisin fort doux, les grapes en sont petites & longues, les grains en sont menus, très-pressés, & n’ont point de pépin, le rouge n’est pas meilleur que le blanc. Id.
CORINTHIE. s. f. terme de Fleuriste, tulipe jaune doré, blanc & rouge.
CORINTHIEN, ENNE. s. m. & f. qui est de Corinthe. Corinthius, a. S. Paul écrivit deux lettres aux Corinthiens que nous avons encore, & qu’on cite, première Epitre aux Corinthiens, ou première aux Corinthiens ; seconde Epitre aux Corinthiens, ou seulement seconde aux Corinthiens. La première Epitre de Saint Paul aux Corinthiens fut écrite l’an 57 de Jesus-Christ, 24 ans après la passion de J. C. Port-R. La seconde est aussi à peu-près du même temps.
Corinthien. adj. m. L’Ordre Corinthien est le quatrième des cinq Ordres d’Architecture. Corinthius, Corinthiacus. C’est le plus parfait de tous, & le chef-d’œuvre de l’Architecture. Le chapiteau Corinthien est orné de feuilles d’acanthe recourbées. Villalpand dit que ce sont des feuilles de palmier imitées sur celles du Temple de Salomon. On prétend que l’invention de l’Ordre Corinthien est due à un Sculpteur Athénien nommé Calimaque. Vitruve en rapporte l’histoire dans son quatrième livre, c. 1. Mais Villalpand traire cette histoire de fable. L’Ordre Corinthien a bien des choses qui le distinguent des autres. Son chapiteau est orné de deux rangs de feuilles & de huit volutes, qui en soutiennent le tailloir ; sa colonne a dix diamètres de hauteur, & sa corniche des modillons. Vitruve remarque, dans le même chapitre, que l’Ordre Corinthien n’a point d’ordonnance propre & particulière pour sa corniche, ni pour ses autres ornemens, puisqu’il prend ses mutules ou modillons des triglyphes de l’Ordre Dorique, & il tient de l’Ordre Ionique la sculpture qu’il a dans les frises, comme aussi ses denticules & ses corniches. Depuis Vitruve on a changé quelque chose à l’Ordre Corinthien, & sans parler du Corinthien moderne, qui est une espèce d’Ordre composé, nous ne trouvons point dans tout ce qui nous reste d’ancien Corinthien fait depuis Vitruve, les proportions exactes qu’il marque dans son livre.
CORION. s. m. vieux mot. Attache de cuir, du latin Corium, cuir. Il est dans Froissard, t. 3.
CORIS. s. f. nom qu’on donne à plusieurs plantes. La coris de Matthiole, est une espèce de millepertuis : elle pousse des tiges de la grandeur du thym & rougeâtres. Ses feuilles sont semblables à celles de la bruyère, & opposées le long des tiges. Ses fleurs sont jaunes, composées de cinq feuilles disposées en rose. Coris lutea, ou hypericordes. La coris bleue de Montpellier jette plusieurs branches assez dures, droites, rondes, de la hauteur d’une paume, ou d’une paume & demie : elles sont garnies de beaucoup de feuilles qui ressemblent aussi à celles de la bruyère, & qui sont arrangées tout de même. A la cime de ces branches, il vient des fleurs purpurées, ou qui tirent sur le bleu, & qui sont fort belles. La racine est grosse, longue & de couleur rouge. Coris cærulea maritima, ou Monspeliaca. Il y a encore une espèce d’eufraise qu’on appelle coris jaune de Montpellier, dont la tige est mince, ligneuse, presque rouge & quarrée. Ses feuilles ressemblent à celles du lin ou de l’hyssope. Ses fleurs sont jaunes. Euphrasia pratensis lutea. Voyez Cauris.
CORIS. s. m. Coquille qui n’est guère plus grosse qu’une petite olive, & qui en a la figure, elle sert de monnoie à Siam & autres endroits des Indes. Abbé de Choisy. La Compagnie des Indes en fait commerce.
CORISTEN, INE, ou CHORISCHITE. s. m. & f. Nom d’une Tribu des Arabes. Coristenus, a. Corischita. Les Coristens ou Corischites étoient la plus noble Tribu de l’Arabie.
CORLIEU, ou COURLIS, ou CORLIS, s. m. Oiseau de rivière, gris & marqué de taches rouges & noires, qui a les jambes longues, le bec long & courbé ; espèce de macreuse. En latin clorius, numenius, arquata, crex, corlinus ou corlivus. Les Arabes appellent aussi cet oiseau corli. Le françois & l’arabe ont été faits de la voix de cet oiseau. Ménage. Belon croit que c’est le même oiseau qu’Aristote nomme ἑλώριος dans Athénée, L. II. c. 12. Antiphanes le met au nombre des mets les plus exquis de la Grèce. De la Mare. Les Corlis sont plus gros que les vanneaux. Ils ont le bec long d’un demi-pié, & courbé en faucille. Ils sont plus recherchés que les vanneaux, parce qu’ils sont plus rares. C’est un très-bon manger, quoique leur chair sente un peu la sauvagine. De la Mare, Tr. de Pol. L. V, T. XXIII, c. 2, §. 29.
Les jambes du Corlis sont longues, son corps est brun ou cendré, l’extrémité de ses doigts est noirâtre. Ils sont séparés ; mais il y a une membrane qui les joint par le commencement, qui descend de part & d’autre proche des doigts, & les élargit par en bas. Ses ongles sont très-noirs ; son bec est long de huit pouces, ou environ ; il va quelquefois jusqu’à neuf pouces ; après trois doigts de distance de la tête il commence à se courber. Sa couleur est noire. Ses plumes tirent sur le brun ; mais elles sont diversifiées & marquetées. Cel-