Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/933

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
925
COR

& qui est fort bonne pour resserrer. On les confit aussi dans la saumure comme des olives,

CORNOUILLER. s. m. arbre qui porte des cornouilles. Cornus. Il y en a un mâle & un femelle, ☞ suivant le langage ordinaire ; mais il est évident que cette distinction est mal appliquée ici, puisque chaque espèce, comme on va le voir, est mâle & femelle tout ensemble.

Le cornouiller mâle est un arbre assez haut & fort branchu ; son écorce est rougeâtre, cendrée, son bois est blanc, ferme, solide & dur ; ses fleurs viennent par petits bouquets, elles sont petites, toutes jaunes, composées de quatre à cinq pétales pointues ; ses fruits qui viennent ensuite sont ovales, approchant des olives, verts au commencement, & d’un goût acerbe ; mais en mûrissant, ils deviennent rouges comme du sang, & aigre-doux : ils renferment un noyau osseux qui est très-dur, divisé en deux loges, qui renferment chacune une semence ou amande oblongue ; ses feuilles ressemblent à celles du pommier commun, ou du coignier ; elles sont fort dessicatives, & propres à sonder les plaies. On emploie le bois de cornouiller, à cause de sa dureté, à faire des roues de moulin. Il faut prendre garde à ne pas mettre des ruches de mouches à miel auprès de cet arbre ; car si elles goûtent sa fleur, elles prennent un flux de ventre dont elles meurent. Ce mot vient de cornu, corne, à cause que le noyau de cornouiller est très-dur.

Le cornouiller femelle a ses feuilles semblables à celles du mâle : son bois est dur & osseux, ne cédant point à celui du mâle ; ses verges sont plus minces, fortes & nouées ; ses fleurs sont en ombelles odorantes, blanches, composées de quatre pétales ; ses fruits sont des baies grosses comme des pois, vertes d’abord, puis noirâtres. Elles sont de très-mauvais goût. Cornus femina ou virga sanguinea.

☞ On distingue plusieurs autres espèces de cornouillers, qui diffèrent, ou par la culture, ou par leurs fleurs, ou par leurs fruits.

CORNU, UE. adj. qui a des cornes. Cornutus. Le bœuf, le bouc, sont des animaux cornus.

Les forêts en tremblerent ;
Faunes cornus vers leurs trous s’envolèrent. R.

Cornu se dit figurément de plusieurs choses qui ont des ongles ou des pointes. Un pain cornu ; une pièce de terre cornue. Parmi le peuple, on donne quelquefois cette épithète à un cocu.

En Logique, on appelle un dilemme, argument cornu, parce que les deux parties dont il est composé, pressent également l’adversaire. Utroque ferit. Argumentum cornutum. Par exemple, un Général qui a ôté à ses soldats les moyens de s’enfuir, leur dit, pour les engager à se bien battre : il faut vaincre ou mourir.

On dit proverbialement & figurément : à mal enfourner, on fait des pains cornus ; pour dire, qu’il faut bien commencer une affaire, pour en attendre un bon succès. On dit aussi métaphoriquement ; qu’un avis est bien cornu ; pour dire, qu’il n’est guère raisonnable. ☞ Des raisons cornues ; des raisonnemens cornus ; de méchantes raisons ; des raisonnemens qui ne concluent point : des visions cornues, des idées folles & extravagantes. Tout cela est du discours familier, Illepidus, absurdus.

J’aime mieux mettre encor cent arpens au niveau,
Que d’aller follement égaré dans les nues
Me lasser à chercher des visions cornues. Boil.

Cornu. s. m. terme de monnoie. Cornutus. Petit cornu, parvus cornutus. Monnoie de France que l’on battit sous Philippe IV. Il y avoit des cornus parisis. Les premiers pesoient 21 grains, & avoient 3 deniers 18 grains de loi, & valoient 1 denier tournois. Les autres étoient de 20 grains & de 3 den. 12 grains de loi, & valoient un denier parisis. Voyez du Cange, au mot Moneta.

CORNUAU. s. m. poisson de mer qui ressemble beaucoup à l’alose, & qui remonte la Loire avec elle, mais un peu plus court, & qui n’est pas si bon à manger. Les paysans & artisans en mangent pendant toute la saison,

CORNUE, s. f. terme de Chymie est un vaisseau de terre, ou de verre, qui a un cou recourbé auquel on joint un récipient. Ampulla cornuta. Lorsqu’elle est de verre on la lutte, c’est-à-dire, qu’on l’enduit de pâte de l’épaisseur d’un pouce, afin qu’elle puisse résister au feu. La cornue sert à tirer les esprits & les huiles des bois, des gommes, des terres minérales, & des autres choses qui exigent un grand feu. On l’appelle autrement retorte ou matras courbe.

CORNUELLE, s. f. plante. Voyez Tribule aquatique : c’est la même chose.

CORNUET. s. m. sorte de pâtisserie avec un peu de lavande, & qui a été ainsi nommée, parce qu’elle a la figure de deux petites cornes, disposées en compas à demi ouvert. Elle est en usage dans quelques endroits de la Champagne, où l’on en mange, surtout pendant le Carême. Les cornuets sont excellens, dépecés dans la sauce de la carpe à l’étuvée.

CORNUFICIA, nom propre d’une famille Romaine, Cornuficia gens. La famille Cornuficia étoit une famille plébéïenne, parce que l’on trouve Quintus Cornuficius sur les médailles pour Junon Conservatrice, sospita. M. Patin conjecture que cette famille étoit peut-être originaire de Lanuvium, aujourd’hui Civita Livinia, où Junon Conservatrice, Juno Sospita, étoit honorée.

CORO, s. m. droit qui se paie au Roi d’Espagne, pour l’or & l’argent qui se tirent des mines du Chily & du Pérou.

Coro, ville de l’Amérique méridionale, capitale de la province de Venezuela, dont on lui donne quelquefois le nom..

COROGNE, ville d’Espagne, dans le Royaume de Galice. Corunna, Crunna. Le port de la Corogne est fort bon. Quelques Géographes prennent la Corogne pour [’ancien Coronium, appelé aussi Adrobicum ; d’autres pour le Flavium Brigantium des Anciens. Il faut écrire & prononcer en françois Corogne, quoique quelques-uns de nos Auteurs écrivent comme en espagnol, Coruna ou Corunna.

COROLITIQUE. adj. m. & f. En Architecture, on appelle colonne corolitique, celle qui est ornée de feuillages, ou de fleurs tournées en ligne spirale à l’entour de son fût, ou par couronnes ou par festons. Intexta frondibus aut floribus columna.

☞ COROLLAIRE. s. m. Le mot latin corollarium signifie proprement le par-dessus, ce qu’on donne outre le poids & la mesure. Corollaire est un terme didactique, qui signifie ce qu’on ajoûte par surabondance, pour augmenter la force des raisons dont on s’est servi pour prouver une proposition, & qui suffisoient par elles seules. Il sert à renchérir. Ainsi l’on dit à toutes les raisons qu’on vient de détailler. On peut ajouter pour corollaire, &c.

☞ Le mot corollaire a une signification particulière en Mathématique, & signifie proprement une conséquence qu’on tire d’une ou de plusieurs proportions démontrées.

☞ COROLLE. s. f. Corolla. Terme de Botanique, pétale ou nectarium, feuille des fleurs qui envelope immédiatement les organes de la fructification. Voyez Pétale, Nectarium.

Corolla æqualis, lorsque les pétales, qui forment une fleur, sont égaux & qu’ils ont une même figure. Corolla inæqualis, lorsque les pétales sont de même figure, mais de grandeur inégale.

Corolla regularis, lorsque les pétales se ressemblent, & irregularis, lorsque les pétales du lymbe tout différens en grandeur, figure & proportion.