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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/942

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COR

correspondance d’humeur, ni de sentimens entre le mari & la femme. Le père a trouvé dans son fils une parfaite correspondance à ses intentions. On le dit de même des rapports que les êtres peuvent avoir entr’eux. On le dit de deux idées, de deux mots, de deux choses, lorsqu’elles ont un même rapport avec une troisième à laquelle on les rapporte.

☞ CORRESPONDANT. s. m. terme de commerce. Marchand qui est en commerce réglé avec un autre, par le moyen duquel il exerce son négoce d’une Place à l’autre. Negociorum procurator. J’ai écrit à mon correspondant, mon correspondant me mande que, &c.

☞ On le dit généralement de celui avec qui on est en Société dans un commerce réglé de lettres, soit pour affaire, soit pour nouvelles. Je suis informé de tous les événemens qui peuvent être de quelque conséquence. Mon correspondant me mande les choses avec autant d’exactitude que de fidélité. Ille qui cum mihi litterarum commercium est, &c.

☞ CORRESPONDANT, ANTE, adj. qui s’applique à des choses qui se correspondent. Voyez ce mot. Angles correspondans, lignes correspondantes. Sibi mutuo respondentes.

☞ CORRESPONDRE, v. n. répondre de sa part, faire réciproquement de son côté ce que l’on doit. Respondere alicui in aliqua re. Les enfans ne correspondent pas toujours aux desseins de leurs pères pour leur fortune, ou pour leur éducation. Les Amans se plaignent toujours que leur Maîtresse ne correspond pas à leur passion. Faites ce que vous pourrez pour cette affaire, j’y correspondrai de ma part. Correspondre à la grace, aux inspirations que Dieu nous envoie.

Correspondre signifie aussi avoir du rapport, de la conformité, de la proportion, symétriser. Convenire, congruere. Ces deux pavillons se correspondent, font symétrie.

CORRIDOR. s. m. terme de fortification. C’est un chemin sur le bord du fossé en dehors, qui fait tout le tour des Fortifications de la place. Imminens fossæ porticus, via propter fossam terreno aggere tecta. On l’appelle autrement chemin couvert, & même ce terme est plus usité, parce qu’il est couvert du glacis, ou esplanade qui lui sert de parapet. Le corridor est large ordinairement de trois ou quatre toises.

Ce mot vient de l’Italien coridore, ou de l’espagnol coredor. Quelques-uns disent couridor.

Corridor, terme d’architecture, est une galerie, étroite autour d’un bâtiment, qui conduit à plusieurs chambres dégagées l’une de l’autre. Opertum iter ex altera parte domûs in alteram.

☞ CORRIGER, v. a. c’est en général rectifier ou montrer la manière de rectifier les défauts soit en fait de mœurs, soit en fait d’esprit & de langage. Corrigere, emendare. On le dit des personnes & des choses, on ne corrige pas celui qu’on pend, dit Montagne : on corrige les autres par lui. L’expérience prouve qu’on ne corrige personne, & que l’exemple est en pure perte. Prenez garde de ne point irriter celui que vous voulez corriger : si vous le reprenez avec chagrin, c’est le style de la haine, plutôt que de l’amitié. Vill. L’Evêque doit censurer en père qui corrige, & non en ennemi qui se venge. Herman. La morale ne s’occupe qu’à corriger les déréglemens du cœur. S. Evr.

Sans dire, comme vous, des injures aux gens,
Molière a corrigé les vices de son temps. Pradon.

☞ On corrige les vices des hommes & les défauts d’un tableau, d’un dessein, &c. J’avois fait le plan de ma maison, un tel me l’a corrigé, le maître corrige les compositions de ses écoliers. On corrige l’impression d’un livre, on corrige les épreuves. Voyez Correcteur, Correction, Épreuves. On corrige une copie sur l’original.

Corriger se dit aussi en fait de mœurs & de conduite, dans la signification de réprimander, châtier. Castigare, animadvertere in aliquem. Les supérieurs sont en droit de corriger leurs inférieurs, un père corrige ses enfans, un Prieur corrige ses religieux, un régent corrige ses écoliers.

Corriger, signifie aussi tempérer. Temperare. La respiration corrige, tempère la chaleur de la poitrine. Corriger les humeurs peccantes. Il faut corriger la crudité de l’eau avec un peu de vin. On peut corriger l’influence des astres malins. Boil.

☞ Ce verbe est encore employé dans la signification de réparer. C’est ainsi que l’on dit corriger l’injustice du sort, de la fortune. Les latins on dit de même, corrigere cursu tarditatem. Réparer son retardement à force de courir.

Non, il faut à tes yeux dépouiller l’artifice,
Je sus de mon destin corriger l’injustice. Racine.

CORRIGER, avec le pronom personnel, signifie, devenir meilleur, s’amender, se défaire de ses défauts, de ses mauvaises habitudes. Ad bonam frugem se recipere, in melius mutari. Peu de gens sont assez raisonnables pour vouloir bien se corriger. M. Scud.

Si-tôt que sur un vice ils pensent me confondre,
C’est en me corrigeant que je sai leur répondre. Boil.

On dit proverbialement, Avocat, corrigez votre plaidoyé ; pour dire, changez de langage, parlez avec plus de circonspection, plus de sagesse, plus de vérité. Ce qui vient d’une ancienne formule de prononcer des appointemens, qu’on observe encore dans les Provinces où l’on ordonne que les Avocats corrigeront & remettront. On dit aussi proverbialement, corriger Magnificat à Matines ; pour dire, reprendre mal à propos. Ac. Fr.

☞ Nous joindrons ici les remarques de M. l’Abbé Girard sur la vraie signification des verbes corriger, reprendre, réprimander que l’on confond souvent dans l’usage ordinaire.

☞ Celui qui corrige montre, ou veut montrer la manière de rectifier un défaut, celui qui reprend ne fait qu’indiquer ou relever la faute ; celui qui réprimande prétend punir ou mortifier le coupable.

Corriger regarde toutes sortes de fautes, soit en fait de mœurs, soit en fait d’esprit ou de langage. Reprendre ne se dit guère que des fautes d’esprit & de langage. Réprimander ne convient qu’à l’égard des mœurs & de la conduite. Il faut savoir faire pour corriger. Peu de gens savent corriger : beaucoup se mêlent de reprendre : quelques uns s’avisent de réprimander sans autorité.

CORRIGÉ, ÉE. part. Il a les mêmes significations que son verbe, en latin comme en françois.

CORRIGIBLE. adj. m. & f. Qui se peut corriger. Qui, ou quod emendari, corrigi potest. Il n’est guère en usage qu’avec la négative. Cet homme n’est pas corrigible. Cette faute d’impression n’est plus corrigible, car la forme est tirée à fonds. On le dit plus ordinairement des mœurs.

CORRIGIOLE, s. f. plante qu’on appelle autrement renouée. Voyez Renouée. On l’a nommée corrigiole du latin corrigia, courroie, à cause qu’elle est si longue & si pliante, qu’on en pourroit faire une courroie. Polygonum.

CORRIVAL. s. m. vieux mot relatif, qui signifioit originairement celui qui tiroit de l’eau d’une même source qu’un autre, qui la conduisoit par un même canal pour la faire venir sur ses terres, & pour cela avoit souvent contestation avec lui. Rivalis, æmulus. Depuis on l’a dit de ceux qui ont les mê-