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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/954

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COT

COTELETTE, s. f. petite côte. Costa. Il ne se dit qu’en ces phrases. Des côtelettes de mouton, de cochon, de veau. On ne leur donne ce nom que lorsque l’endroit où sont les côtes, est séparé de l’animal, & que les côtes elles-mêmes sont séparées les unes des autres.

Les côtelettes de porc ; c’est un ancien droit que les Seigneurs de Bretagne levoient sur leurs sujets. Lobineau, T. I, p. 200.

COTELLE, s. f. sorte d’habillement des François, qui étoit en usage il y a quelques siècles. Borel croit que la cotelle étoit une espèce de juste-au-corps.

COTER v. a. marquer une pièce au dos ou une liasse d’un chifre ou d’une lettre, pour la trouver au besoin. Superscribere, inscribere. Ce sont les Notaires qui cotent & qui paraphent eux-mêmes les pièces d’un inventaire.

Coter signifie aussi marquer précisément. Scriptoris alicujus verba aferre, proferre. Il faut nous coter les textes où vous avez vu cette doctrine. Coter un chapitre, un verset, c’est marquer quel quantième il est.

Coter Procureur, terme de pratique. C’est déclarer par exploit que tel Procureur occupera pour celui qui fait donner l’exploit.

Coté, ée. part. Inscriptus, superscriptus.

COTEREAU s. m. Coterellus. Les cotereaux étoient des voleurs, des bandits, qui infectèrent le Languedoc & la Gascogne dans le XIIe siècle, sous Louis VII. Les Cotereaux se louoient comme les Brabançons pour faire la guerre, à ceux qui vouloient tirer vengeance d’une injure, & ravageoient tout le pays. C’est pour cela qu’on les appeloit aussi Brabançons, & peut-être que plusieurs n’étoient que Brabançons, c’est-à-dire des avanturiers, des bandits. Voyez Brabançon. Ou plutôt les Côtereaux étoient les fantassins des Brabançons ; car les Brabançons qui étoient fantassins, s’appeloient Cotereaux, & ceux qui servoient à cheval, Routiers. Le Concile de Latran sous Alexandre III, en 1179, les appelle encore Aragoniens, Navarrois, Basques & Triaverdins. Mais ni ce Concile, ni Baronius ne disent point qu’ils fussent hérétiques ; & ils les distinguent des Cathares ou Patarins & Publicains. Le Concile les condamne seulement aux mêmes peines que ces hérétiques. Comment donc certains Auteurs les confondent ils ? Favyn, Hist. de Nav., Liv. VII, p. 386, dit que ces gens étoient appelés Coutereaux, d’un vieux mot françois cotterie, c’est-à-dire, compagnie & société. Ce vieux mot françois se dit encore au même sens. Favyn écrit Couttereau & Cotterie. Quelques-uns, comme Chameau, dans son Hist. de Berry, écrivent Cothereaux, mais sans raison.

On donna aussi ce nom aux voleurs, depuis une émeute où les paysans avoient paru armés de bâtons ou de cotterets.

COTEREL. s. m. sorte d’arme ancienne dont il est parlé dans nos anciens Poëtes.

COTERIE. s. f. C’est un mot qui se dit dans plusieurs coutumes, qui se dit des compagnies & sociétés de villageois demeurans ensemble, pour tenir d’un Seigneur quelques héritages qu’on appelle tenus en coterie ; ce qui arrive particulièrement parmi les gens de main-morte. Societas.

On appelle aussi coterie, un héritage chargé d’une redevance roturière, qui est une terre vile, & une possession de main ferme ; ce qui est opposé au lieu noble tenu à fief & à cens : & on dit une terre cotière, un lieu cotier ou tenu cotièrement ; homme cotier, ou tenancier cotier, par opposition aux hommes de fief ou censiers. Prædium vectigalis annui plebeïo jure. Chose cotière ; tenant cotier, fief cotier, biens cotiers, héritage cotier.

Coterie se dit aussi parmi les artisans, d’un juré, ou d’un maître de confrérie à l’égard de celui qui est en même charge ; d’un ouvrier & manœuvre à l’égard de son camarade.

Coterie, en termes de conversation, ☞ se dit particulièrement des petites sociétés où l’on vit familièrement ; de certaines compagnies de quartier, de famille, de parties de plaisir à certains jours réglés. On fait souvent coterie avec ses voisins. Deux années ne passent point sur une même coterie : la jalousie de la beauté, ou d’autres intérêts dérangent bientôt la République. La Bru. Ces gens sont de même coterie. Il est familier.

Coterie s’est dit autrefois d’une société de paysans armés & révoltés qu’on appeloit cotereaux. Voyez ce mot. C’est de cette dernière signification qu’est venu l’usage de dire coterie pour société.

COTHURNE. s. m. C’est une espèce de soulier fort haut, ou une espèce de patin élevé par des semelles de liège dont se servoient les anciens acteurs des Tragédies sur la scène, pour paroître de plus belle taille. Il couvroit le gras de la jambe, & étoit lié sous le genou. Cothurnus. On dit que Sophocle en fut l’inventeur. Vigenère dit que c’étoit de grands brodequins liégés, sur lesquels les Acteurs des Tragédies étoient montés comme sur des échasses.

Cothurne se dit figurément du style pompeux & tragique. Ampullæ, sesquipedalia verba, stilus inflatus, magnificus, tragicus. Quitte ce langage tragique, & mets bas le cothurne. Ablanc. Mais quoi, je chausse ici le cothurne tragique ? Boil. c’est-à-dire je prends un ton trop haut & trop élevé. Euripide prenoit quelquefois le cothurne ; mais il ne montoit pas sur des échasses. S. Evr. Voilà des vers qui sont dignes du cothurne. Ce Poëte a chaussé le cothurne ; c’est-à-dire il s’applique à faire des Tragédies. Chausser le cothurne signifie aussi jouer des Tragédies.

COTICE. s. f. terme de blason, est une espèce de bande diminuée, plus étroite, qui n’a que les deux tiers de la bande ordinaire, qui n’occupe que la quatrième ou cinquième partie de l’écu. Tæniola, fasciola diagonalis. Elle se pose de même biais, tirant de l’angle dextre du haut au sénestre d’en bas. La cotice se met aussi en barre, tirant du côté gauche au droit, comme le filet de batardise. Pithou les appelle freteaux, parce qu’en effet les frètes sont des composés de cotices & de contre-cotices. Quand la cotice tient lieu de brisure, on la nomme bâton. On appelle un écu coticé, quand tout son champ est rempli de dix bandes de couleurs alternées.

COTIER. adj. on appelle en termes de marine, pilotes, cotiers, littorum, orarum peritus, ceux qui ont grande connoissance des côtes, des rades, des ports & rivages, par oppositions à pilotes hauturiers, qui gouvernent les vaisseaux en pleine mer, & en prenant la hauteur des astres. Il est aussi substantif. Ce pilote est bon côtier.

COTIER, IERE. Voyez ci-dessus Coterie, terme de coutume.

COTIERE. s. f. suite des côtes de mer. Il croisa pendant deux mois sur telle côtière.

Les jardiniers appellent aussi côtières, les planches qui sont le long des murailles bien exposées & qui vont ordinairement en talus. Acclivis & apricus pulvinus hortensis, secus murum. Ils mettent leurs belles tulipes dans les carreaux, & les simples couleurs dans les côtières.

COTIEREMENT. adv. d’une manière cotière, qui est différente de celle par laquelle on tient les biens noblement. Voyez Coterie, terme de coutumes.

COTIGNIAC ou COTIGNAC. Cotiniatum. Bourg de France dans la Provence, que quelques Géographes prennent pour l’ancien Maittaronium. Cotigniac est situé sur la rivière d’Argens, à trois lieues de Brignoles, à l’Occident. Cotignac tire un gros profit des figues & des autres fruits que l’on y prépare.