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COU

Italiens ont fait leur cupola, dans le même sens.

COUPON. s. m. petite pièce de toile de deux ou trois aunes, qui semble retranchée d’une plus grande, & qui l’est quelquefois en effet. Relictum panni frustum. Il y a aussi des coupons d’étoffe. ☞ On appelle particulièrement coupon un petit reste d’une pièce d’étoffe ou de toile.

Coupon, chez les Marchands de bois flotté, est une certaine quantité de buches liées ensemble, avec des perches & des rouettes. Il faut dix-huit coupons pour former un train de bois flotté.

Coupon d’action, est une portion de la dividende d’une action. Ce terme, en ce sens, a été inconnu est France jusqu’au règne de Louis XV, dans l’établissement des actions de la Compagnie des Indes, qui succédèrent aux actions des Fermes du Roi, presqu’aussitôt supprimées qu’elles furent créées. Ces actions remirent les coupons en vogue & en crédit ; & ce fut alors que l’usage en fut entièrement affermi dans le commerce des actions. Il faut donc supposer ou savoir que chaque dividende ou répartition d’action donne à un actionnaire & lui rapporte un profit par an, & cette action est divisée en deux coupons. Ces coupons ont été inventés pour faciliter le payement des dividendes, & épargner à l’actionnaire le soin de faire dresser des quittances à chaque demi-année. Chaque coupon d’action a une empreinte du sceau de la Compagnie ; en sorte qu’une police d’action pour trois années a sept sceaux. On peut négocier les coupons d’actions, comme les actions mêmes.

Du Cange le dérive de colpo, qu’on a dit dans la basse latinité dans la même signification, tiré du grec κόπεων, qui signifie morceau, ou fragment de quelque chose.

☞ COUPURE. s. f. Solution de continuité, division qui se fait dans un corps continu par un instrument tranchant. Cæsio, incisio, cæsura. Votre Barbier vous a fait une coupure à la gorge. La coupure de cette étoffe n’est pas de droit fil. Je me suis fait une coupure qui va jusqu’à l’os.

Coupure, en termes de Guerre, se dit des retranchemens, fossés, palissades, &c. qui se font dans un ouvrage derrière une brèche, pour s’y défendre. Fossa.

Ce mot est d’un grand usage dans l’art militaire. On fait des coupures aux retranchemens d’un camp, aux lignes de circonvallation & de contrevallation. Elles servent pour aller & venir, pour faire des sorties sur l’ennemi. On a soin de les fermer d’une barrière. On fait aussi des coupures pour arrêter la cavalerie en rase campagne. On fait des coupures pour saigner une rivière, un marais.

COUQUEFAT & COQUENFAT. Voyez Cucufat.

☞ COUR. s. f. espace, portion de terrein découvert, enfermé de murs ou entouré de bâtimens, placé ordinairement à l’entrée d’une maison, d’un hôtel, d’un palais, dont il fait partie. Area. Cour de devant, ou avant-cour : cour de derrière, ou intérieure, entourée de corps de logis. Cavædium, ou cavum ædium. Cour des Cuisines du Louvre. Petite cour à fumier. Cette chambre a vûe d’un côté sur la cour, de l’autre sur le jardin. On appelle bassecour à la campagne, celle où l’on nourrit la volaille & les bestiaux. A la ville, c’est le lieu où sont les écuries, les remises, les équipages, & le logement des bas domestiques. Cohors, chors. On appelle nouvelles de la bassecour, des nouvelles qui se débitent par des gens mal instruits, & peu éclairés. Dans les belles maisons de campagne, il y a aussi une avant-cour, qui est un lieu fermé de murailles couvert de gazon, qui est au devant de la principale cour du château.

Nicod dérive ce mot du latin cohors, qui se trouve dans plusieurs Auteurs en la même signification. Et Ménage dit qu’il vient de cortis, & non pas de curia. Ce mot cohors ou chors, signifioit ordinairement ce que nous appelons cour de maison. Elle étoit ronde, & a donné le nom à la troupe des soldats qu’on a depuis appelée cohorte, qui faisoit partie, d’une Légion. En Picardie & en Bassigni on appeloit court, le château du Seigneur ; & on disoit, je m’en vais à la court d’un tel ; pour dire, en sa maison, en son château ; & de-là vient que la plupart des noms des villages se terminent en court. Voyez Court.

Cour de Collège. C’est une grande place qui est dans le Collège, & où les Ecoliers jouent & se divertissent. Area.

Cour, se dit aussi du lieu où est un Souverain, & de sa suite. Dans cette acception la Cour est composée des Princes & Princesses, des Ministres, des Seigneurs & des Officiers attachés par leurs places auprès du Souverain. Aula. Un Courtisan doit être toujours à la Cour, ou aller souvent à la Cour. Les Cours seroient désertes, & les Rois presque seuls, si l’on étoit guéri de la vanité de l’intérêt. La Bruy. C’est à la Cour que les passions s’excitent, & conspirent contre l’innocence. Fléch. La fourberie passe pour une vertu à la Cour. Arn. La Cour est un extrait de tout le Royaume : tout ce qu’il y a de plus fin & de plus pur s’y rencontre. S. Evr. Remarquez qu’il y a bien de la différence entre un homme, ou une femme de Cour, & un homme ou une femme de la Cour. Une femme de Cour est d’ordinaire une femme d’intrigue. Mais une femme de la Cour, est une femme que sa naissance, ou ses emplois attachent à la Cour. Bouh. L’esprit d’une femme de la Cour est plus actif que celui d’une Paysanne. Port\-R. Il a écrit en Cour, il est bien en Cour : ces expressions ont vieilli, & Vaugelas les condamne dans ses remarques. Il faut dire, il a écrit à la Cour, il est bien à la Cour.

Selon que vous serez puissant ou misérable,
Les jugemens de cour vous rendront blanc ou noir. La Font.

Ne voise au bal qui n’aimera la danse,
Ny au banquet qui ne voudra manger,
Ny sur la mer qui craindra le danger,
Ny à la Cour qui dira ce qu’il pense. Pybrac.

Ne soyez à la Cour, si vous voulez y plaire,
Ni fade adulateur, ni parleur trop sincere. La Font.

Ce nom, en ce sens, vient selon le Jésuite Gretser, Obser. L. II, C. 6, in Codini, C. 5, de cortis ou curtis, κόρτη, qui a signifié une Tente, qui s’est pris aussi pour toute la cour d’un Prince, d’où s’est fait courtoisie, & en Allemand cortesich, qui veut dire courtoisement, poliment. Il y a dans les Loix des Allemands un titre De eo qui in curte Regis furtum commiserit ; un autre, De eo qui in curte Ducis hominem occiderit. Cour s’est dit en France pour le Château d’un Seigneur. Voyez ci-dessus les étymologies. Curtis est un nom Romanesque, ou fait du latin cohors ou chors, par les Gaulois ; & cohors ou chors, viennent du grec κόρτος. Voyez aussi Chiflet, Gloss. Salicum.

Cour céleste, en style de dévotion & de Poësie, synonime de paradis. Aula cælestis.

☞ Le mot de cour se prend particulièrement pour le Roi & son Conseil. C’est dans ce sens qu’on dit, attendre, recevoir des ordres de la Cour. La Cour a dépêché des couriers, &c. un tel est bien à la Cour.

Cour se prend encore pour l’air, la manière de vivre de la Cour. Aulicorum mores.

Cet homme fait bien la Cour ; il a bien pris l’air de la Cour. Il fait toutes les intrigues de la Cour. Cet homme n’est plus à la mode, il est de la vieille Cour. Un homme qui fait la Cour est maître de son geste, de ses yeux, de son visage, sourit à ses ennemis, contraint son humeur, déguise ses passions, dément son cœur, parle & agit contre ses sentimens. La Bruy. Je ne suis point la dupe de ces hypocrites de Cour, qui prêchent les autres sur la retraite. S. Evr. Un homme de Cour, est un homme souple, adroit : mais faux & artificieux, & qui met tout en usage