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des Heures, de fruits propres de chaque saison ; celles des Grâces, de branches d’olivier, aussi bien que celle de Minerve ; celle de Vénus, de roses ; celle de Cérès, d’épics, aussi-bien que celle d’Isis ; celles des Lares, de myrte ou de romarin, &c.

Non-seulement les couronnes furent employées pour les statues & les images des Dieux, pour les Prêtres dans les Sacrifices, pour les Rois & les Empereurs, mais encore on couronnoit les autels, les temples, les portes des maisons, les vases sacrés, les victimes, les navires, &c. les Poëtes, ceux qui remportoient la victoire dans les jeux solennels, les gens de guerre qui se distinguoient dans quelque action.

Eusèbe de Césarée commence ainsi le panégyrique qu’il fit à la dédicace de l’Eglise de Tyr en 315. O ! Amis de Dieu & Pontifes, qui portez la sainte tunique, & la couronne céleste de gloire ; paroles qui montrent que les Evêques avoient des habits particuliers & des ornemens, au moins dans l’Eglise, & pour les saints mystères ; d’autant plus qu’il est souvent parlé de leur couronne. Euseb. L. X, c. 3.

Les Empereurs Romains ont quatre sortes de couronnes sur les médailles. 1o. Une couronne de laurier. 2o. Une couronne rayonnée. 3o. Une couronne ornée de perles, & quelquefois de pierreries. 4o. Une espèce de bonnet à peu près semblable à un mortier, ou au bonnet que les Princes de l’Empire mettent sur leur écu.

En France, les Rois de la première Race sa contentoient d’ordinaire d’un diadème d’or : quelques-uns portoient une couronne à pointe, ou radiale, à la manière des Empereurs Romains, comme on le peut voir sur les médailles du bas Empire ; car les Empereurs de la race des Césars ne portoient qu’une couronne de laurier. On remarque sur les monnoies fabriquées sous la seconde Race, que la tête des Rois est toujours couronnée de laurier. Louis VI & Louis VII, de la troisième Race portent une couronne faite en forme de bonnet carré, avec des fleurons ou des fleurs de lis aux extrémités. Le Blanc. Charlemagne fit faire une couronne d’or enrichie de pierres précieuses, & rehaussée de quatre fleurons. On la garde dans le trésor de S. Denis. Sous la II Race, c’étoit la coutume que les Rois dans les grandes fêtes parussent à l’Eglise avec leurs ornemens Royaux, la couronne sur la tête, le sceptre à la main, & revêtus d’un manteau Royal. P. Daniel. Dans le onzième siècle ils la recevoient de la main des Evêques. Ainsi Yves de Chartres témoigne, Ep. 66, 67, 84, que le Roi Philippe reçut une fois à Noël la couronne de la main de l’Archevêque de Tours, & une autre fois à la Pentecôte de quelques Evêques de la Province Belgique. Ce qui n’avoit rien de commun avec le Sacre, puisque Philippe avoit été sacré à Reims l’an 1059, par l’Archevêque Gervais, & que le Sacre ne se faisoit pas deux fois, mais une fois seulement au commencement du règne. On met sur la tête des Rois cette couronne quand on les sacre. Il n’y a que les Rois & les Souverains qui aient droit de porter la couronne sur la tête. Les anciens Ducs, Comtes & Pairs, ou ceux qui les représentent au Sacres des Rois, en portent aussi pendant la solennité seulement. On croit que Charles le Chauve est le premier de nos Rois qui ait accordé la couronne aux Ducs, parce que nos annales disent qu’en 876. étant revenu de Rome à Paris, il y fit Boson son beau-frère Duc de cette Province, en lui mettant sur la tête une couronne Ducale.

Tous les Rois ont une couronne ;
Tous ne la savent pas porter ;
Tous au pouvoir qu’elle donne
Ne savent pas résister. Godeau.

Si vous n’avez pas la couronne,
C’est la fortune qui la donne,
Il suffit de la mériter. S. Evr.

Du Cange dit que l’Empereur recevoit une triple couronne : la première d’argent en Allemagne, la seconde de fer dans le Comté de Milan, & la troisième d’or en divers lieux : & que l’Empereur Frédéric I eut cinq couronnes d’or, la première à Aix-la-Chapelle ; pour le Royaume de France ; la seconde à Ratisbonne, pour celui d’Allemagne, la troisième à Pavie, pour celui de Lombardie, la quatrième à Rome pour l’Empire Romain ; & la cinquième à Monza sur le Lambro dans le Milanois, à trois lieues de Milan, pour le Royaume d’Italie. Au couronnement de Charles-Quint on apporta d’abord la couronne de fer qui est celle du Roi des Lombards, que les Empereurs recevoient anciennement à Milan, & puis ensuite la couronne d’or qui est celle des Empereurs Romains. La Princesse Théodelinde de Bavière ayant fait renforcer d’un cercle de fer la couronne d’or qui fut mise sur la tête d’Agilulphe Roi des Lombards son époux à la cérémonie de son couronnement, qui se fit à Milan l’an 590 ou 591, les Empereurs ont pris de là, selon quelques Auteurs, la coutume de prendre une couronne à leur inauguration, en qualité de Rois des Romains, qui ne s’appelle plus que la couronne de fer, à cause du cercle de fer qui est dedans.

Géliot, dans son Indice Armorial, tient que ce mot de couronne vient de corne, parce que les couronnes anciennes étoient en pointes, & que les cornes étoient des marques de puissance, de dignité, de force, d’autorité & d’empire : & dans la Sainte Ecriture les cornes sont souvent prises pour la Dignité Royale. Corne & couronne en hébreu sont expliqués par le même mot. Couronne corona, vient des Celtes, qui disent Curum & Coron. Pezron. L’invention des couronnes est attribuée par quelques Auteurs à Janus, parce que plusieurs monnoies de Sicile & d’Italie avoient sur le revers l’empreinte d’une couronne & de l’autre côté un Janus à deux têtes, comme le dit Athénée. Charles Paschal, Conseiller d’Etat, a fait un savant ouvrage latin en X livres, de Coronis, imprimé à Paris in-4o. en 1610, & M. Baudelot, dans l’Histoire de Ptolomée Auletes, a fait beaucoup de remarques échappées à Paschal. M. Du Cange a fait une savante & curieuse Dissertation sur les couronnes de nos Rois. Un Allemand, nommé Shmeizell, a fait un Traité sur les couronnes Royales, tant anciennes que modernes.

Couronne antique. C’est une couronne formée par une feuille tournée en cercle, & découpée en grandes pointes jusque vers la base ou cercle qui entoure le front, telles que sont les couronnes des Princes d’Italie. Il y a des espèces d’amaranthe, qui ont les étamines découpées en couronne antique. Dict. de James.

Couronne, en termes de Blason, se dit aussi de la représentation de ces ornemens qu’on met pour timbre aux armoiries, pour marquer la dignité des personnes. Elles sont même plus anciennes que les casques ; & c’étoit autrefois une marque de Chevalerie, & un symbole de victoire & de triomphe. On appelle couronnes rayonnées, ou à pointes, celles des anciens Empereurs, qui avoient douze pointes, qui représentoient, dit-on, les mois de l’année. Corona radiata. On appelle couronnes perlées ou fleuronnées, celles qui ont des perles, des fleurons d’aches ou de persil, comme étoient autrefois presque toutes les couronnes, même celles des Souverains, qui n’ont été mises sur leurs écus que depuis environ deux cens ans. Corona gemmata, florida. Il y en a de plusieurs sortes.

La couronne papale, est composée d’une tiare,