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rum. Voyez le Jésuite Rosweid dans son savant Onomasticon. On orne aussi la tête des saints d’une couronne de rayons, quand ils sont canonisés. Corona radiata. Les Historiens parlent de la couronne d’épines dont Jesus-Christ fut couronné. Corona spinea. Ils assurent que Baudouin, Empereur des Latins à Constantinople, en fit un présent à Saint Louis, qui la fit transporter en France avec beaucoup de pompe & de cérémonie. Il en distribua dévotement quelques morceaux aux églises qu’il affectionnoit. On la conservoit avec vénération dans la Chapelle Impériale à Constantinople. Cependant aucun Auteur plus ancien que le XIIe siècle n’en a parlé. Cet Auteur affirme qu’elle subsistoit de son temps, & que les épines en étoient toujours vertes. Hist. de S. Louis. S. Louis dégagea à les frais la couronne d’épines de N. S. & un morceau considérable de la vraie croix, & d’autres précieuses reliques, qui avoient été engagées par Baudouin, Empereur de Constantinople, pour une très-grosse somme d’argent. La couronne d’épines fut quelque temps après apportée en France, & placée dans la Sainte Chapelle, où l’on la garde encore aujourd’hui, comme un des plus riches trésors qu’il y ait dans le monde. P. Daniel, T. 2, p. 30. Elle est enfermée dans une chasse qui est derrière l’autel, soûtenue de quatre colonnes. Quelques auteurs, après Clément Alexandrin, prétendent qu’elle étoit de ronce, ex rubo. D’autres, qu’elle étoit de burgépine, ou nerprun, ex rhamno. D’autres, d’épine blanche, & d’autres, de jonc marin. Ceux qui l’ont vu à la Sainte Chapelle sont de ce dernier sentiment.

Couronne se dit aussi de la tonsure cléricale que l’on fait sur le haut de la tête des Ecclésiastiques. C’est un petit rond de cheveux qu’on rase au sommet de la tête, qu’on fait plus ou moins grand, selon la dignité des Ordres qu’on a reçus. Corona Clericorum. Celle de Clerc est la plus petite. Celle des Prêtres & des Moines est la plus grande. Une couronne monacale. La couronne cléricale n’étoit autrefois qu’un tour de cheveux, qui représentoit véritablement une couronne ; on le remarque aisément dans plusieurs statues & autres monumens anciens. Quelques Religieux la portent encore ainsi, comme ceux de S. Dominique & de S. François. Grégoire de Tours dit que S. Pierre Apôtre fut Auteur de cette couronne, en mémoire de la couronne d’épines de N. S. On appelle en quelques rituels la première tonsure, Benedictio coronæ. Voyez Ratrame dans son IIe Livre contre les Grecs, c. 5, où il parle de la couronne cléricale. Anciennement on coupoit les cheveux en forme de couronne aux Religieuses & aux Vierges qui se consacroient à Dieu. Il y en a un exemple du septième siècle dans l’Histoire des Chanoinesses de Nivelle. Voyez le P. Hélyot, T. VI, c. 54.

Couronne, en termes d’Anatomie, c’est la base du gland. On remarque autour de la couronne, des corps gros comme une soie fine de porc, longs d’une demi-ligne, de figure presque cylindrique, posés parallèlement sur cette couronne, selon la direction du gland, & éloignés les uns des autres d’un tiers de ligne. On entrevoit à l’extrémité postérieure de chacun des corps, un petit trou par où j’ai souvent fait sortir une matière blanche & épaisse, qui, en sortant, se forme en filets, comme celle qu’on exprime des glandes des paupières. Ce qui prouve évidemment que les petits corps de la couronne du gland sont des glandes, aussi bien que celles des paupières, & non pas des mamelons de la peau gonflés, comme quelques-uns croient, puisqu’il ne sort aucune matière par les mamelons de la peau. Littre, Acad. des Sc. 1700. Mém. p. 308.

Couronne est aussi un petit chapelet qu’on dit à l’honneur de la Vierge, qu’on appelle la couronne. Corona Beatæ Virginis.

En termes de guerre, on appelle ouvrage à couronne, ou ouvrage couronné, ou couronnement, des dehors avancés vers la campagne pour éloigner l’ennemi, & couvrir d’autres ouvrages de la place. Opus coronatum. Cet ouvrage est composé de deux demi-bastions aux extrémités, d’un bastion entier au milieu, avec deux courtines.

Couronne, en termes d’Architecture, se dit de la partie plate, supérieure, & la plus avancée de la corniche, qu’on nomme autrement larmier, gouttière, ou mouchette. Corona.

Couronne, terme de Charpenterie & d’autres Arts. On appelle couronne de pieu, la tête d’un pieu qui est souvent garnie d’un cercle de fer, pour l’empêcher de s’éclater quand on l’enfonce.

Couronne, en Géométrie, est un plan terminé ou enfermé par deux circonférences parallèles de cercles inégaux ayant un même centre, & qu’à cause de cela on appelle cercles concentriques. Circuli quitus commune centrum est.

Couronne, terme d’Astronomie. Corona. Il y a deux constellations de ce nom. La couronne septentrionale, est une constellation de l’hémisphère septentrional, composée d’environ vingt étoiles. La couronne septentrionale est entre le Dragon, Hercule, le Serpent & Bootes : cette couronne est un amas d’étoiles en forme de couronne. La couronne méridionale, est une constellation de l’hémisphère méridional, composée de treize étoiles.

En termes de Verrerie, on appelle couronne, une espèce de petit dôme qui porte sur les arcades du four. Tholus.

Couronne foudroyante, c’est une couronne remplie de feux d’artifice, dont on se sert dans les sièges contre les ennemis. Corona fulminea.

Couronne, petite monnoie d’argent d’Angleterre, que les Anglois nomment Crowon, & que les François prononcent Corone ; c’est comme qui diroit à Paris un écu blanc. La couronne vaut cinq schelings, c’est-à-dire, trois livres 15 sous de France.

Couronne, c’est aussi une monnoie d’argent de Dannemarck.

Couronne, terme de Papetier, papier qui a pour marque une couronne. Papyrus coronæ signo impressa. Donnez-moi du papier à la couronne.

Couronne, en termes de Manège, est une marque, qui demeure à un cheval qui s’est si fort blessé au genou, que le poil en est tombé, soit par chûte, soit autrement

Couronne est aussi la partie la plus basse du paturon du cheval qui règne le long du sabot, qui se distingue par le poil, qui joint & qui couvre le haut du sabot. Equinæ suffraginis corona.

Couronne, en termes de Fauconnerie, est le duvet qui couronne ou environne le bec de l’oiseau à l’endroit où il se joint à la tête. Faultr. Rostri orbiculus, corolla.

Couronne, en termes d’Orfèvre, est la partie d’une lampe d’Eglise qui porte le verre. Circulus.

Couronne ardente, terme de Fleuriste, tulipe blanche & par le milieu de couleur d’agriote ; printanière. Morin.

Couronne impériale. Plante à qui on a donné ce nom, parce que ses fleurs sont disposées, pour ainsi dire, en couronne surmontée d’un bouquet de feuilles. Lilium persicum, Corona imperialis. C’est une plante bulbeuse qui a ses fleurs pareilles à celles du lis ordinaire. Sa racine est une bulbe épaisse, arrondie, blanchâtre, composée de plusieurs membranes ou tuniques collées les unes sur les autres ; & d’une odeur désagréable ; elle pousse quelques feuilles approchantes de celles du lis blanc. Entre ces feuilles s’élève une tige grosse comme le doigt, arrondie, lavée d’un pourpre foncé, haut de trois piés environ, & garnie de feuilles placées sans ordre & plus petites que celles du bas. Ses fleurs ne différent de celles du lis blanc que par la couleur & par la figure du fond de ces mêmes fleurs. On trouve le plus souvent six pétales à chaque fleur, & ces fleurs sont