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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/999

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COU

se, personne ne peut en vendre, si ce n’est pour le Roi. Thevenot, Voyage du Lev. cité dans le Moreri.

COUROU-MŒLLI. s. m. Arbrisseau qui s’élève à la hauteur de quatre ou cinq piés, & qui croît aux environs de Baypin, & dans d’autres contrées sabloneuses, voisines de Cochin, dans les Indes Orientales. Son écorce & sa racine bouillies ensemble dans du lait de vache, passe pour un antidote contre la morsure des serpens. On fait avec l’écorce broyée dans de l’huile un liniment qu’on dit être bon pour la goutte. Son fruit est une baie noire, luisante, & succulente, acide, & très-délicieuse au goût. Ray, Hist. Plant.

COURRATIER. s. f. Ce mot se trouve dans plusieurs Coutumes, il veut dire médiateur, entremetteur. Sequester.

COURRE. Voyez Courir.

COURREAU. s. m. vieux mot qui a signifié une barre, une coulisse. Marot a dit dans ses Pseaumes :

D’avoir jusqu’aux courreaux rompu d’airain les portes.

COURRIER. Voyez Courier.

COURROI. s. m. se dit de l’apprêt ou façon que l’on donne au sable, dont les Fondeurs se servent pour jeter ou couler leurs légers ouvrages.

Courroi ou Corroi. En Picardie, particulièrement à Amiens, on appelle courroi, un certain rouleau ou espèce de métier, sur lequel on roule des étoffes de laine, lorsqu’elles viennent de la teinture, & qu’elles sont sèches. On nomme aussi Courroi, l’Ouvrier qui donne cette façon.

COURROIE. s. f. lanière de cuir, morceau qui est coupé en longueur, & avec peu de largeur. Corrigia. Les courroies d’un carrosse, d’une selle.

Ce mot vient de cuirroie, parce que la courroie étoit faite d’une role ou longue pièce de cuir. D’autres le dérivent du latin corrigia.

On dit en ce sens, faire du cuir d’autrui large courroie ; pour dire, être libéral de ce qui ne nous coûte rien. Ce proverbe vient d’une fable, où l’on feint que le renard étant Médecin du lion malade, lui ordonna de se ceindre les reins d’une ceinture tirée de la peau du loup ; après quoi il coupa au loup une longue & large courroie de sa peau, lequel en hurlant s’en plaignit en ces termes : que vous faites du cuir d’autrui large courroie. Le latin dit, de alieno corio ludere. On dit aussi, alonger ou étendre la courroie pour dire, étendre ses droits, ses fonctions, un peu plus que de raison, ajouter quelque chose de son crû à un conte, à une histoire, à une réponse qu’on rapporte.

COURROUCA. s. m. arbre de nos îles de l’Amérique. Les habitans de la Guadeloupe disent qu’un Gascon l’ayant trouvé si dur, qu’il émoussoit toute sa hache, la jeta au pié, en disant qu’il étoit courrouça, nom qui lui est demeuré depuis. C’est un arbre, gros, droit & fort haut, son écorce est noire : l’aubier en est rouge, & le cœur de l’arbre d’un violet si brun, qu’il semble quasi noir comme de l’ébène. Il y a au bout de ses branches comme des grappes composées de certaines gousses rondes, dans chacune desquelles est emboîté un fruit presque rond, moitié rouge & moitié noir, gros comme une balle de mousquet. Les Aras & les Perroquets sont forts friands de ce fruit quand il est vert. Quand il est sec il devient trop dur. P. Du Tert.

COURROUCER, v. a. mettre en courroux. Ad iracundiam aliquem provocare, aliquem irâ afficere, exasperare aliquem, stomachum alicui movere. Au temps du déluge les crimes des hommes avoient courroucé Dieu. Ce mot vieillit ; cependant, selon Vaugelas, l’on s’en peut encore servir quelquefois, & de bons Auteurs approuvent courroucer quelqu’un. Il est bien placé dans le style soûtenu. Il se dit aussi avec le pronom personnel, se courroucer contre quelqu’un. Alicui irasci, succensere. Dieu se courrouce contre les méchans. Voyez Courroux.

C’est contre le péché que son cœur se courrouce.
Et l’intérêt du Ciel est tout ce qui le pousse. Mol.

Mais courroucer est parfaitement beau dans le figuré. Il y a même quelque chose de grand & de noble, & signifie, être agité. La mer se courrouce. La mer étoit terriblement courroucée.

Courroucé, ée. Part.

COURROUX, ou COUROUX. s. m. Iracundia. C’est une agitation impatiente contre quelqu’un qui nous obstine, qui nous offense, ou qui nous manque dans l’occasion. Ce mot dit une passion qui dure moins que la colère, mais plus longtemps que l’emportement. Le courroux enferme dans son idée quelque chose qui tient de la supériorité & qui respire hautement la vengeance ou la punition. Il est aussi du style plus empoulé. M. L’Abbé Girard.

On n’emploie point courroux au pluriel. En le prononçant, on ne fait point sentir de double r. Souvent le courroux n’a d’autre mobile que la vanité qui exige simplement une satisfaction, & parce qu’il agit alors plus par jugement que par sentiment, il en est plus difficile à appaiser. M. L’Abbé Girard.

☞ Mr. Dacier condamne l’expression des deux vers suivans comme étant trop enflée & trop peu naturelle.

Ce sang qui tout versé fume encore de courroux
De se voir répandu pour d’autres que pour vous. Corn.

Scuderi, dit M. de Voltaire, ne reprit point ces hyperboles poëtiques, qui n’étant point dans la nature, affoiblissent le pathétique de ce discours. C’est le poëte qui dit que ce sang fume de courroux ; ce n’est pas assûrement Chimène ; on ne parle pas ainsi d’un père mourant. Scuderi beaucoup plus accoutumé que Corneille à ces figures outrées & puériles, ne remarqua pas même en autrui, tout éclairé qu’il étoit par l’envie, une faute qu’il ne sentoit pas dans lui-même.

☞ Le mot courroux se dit aussi de quelques animaux nobles & féroces. Le courroux du Lion, du Taureau, &c.

Courroux se dit figurément des choses inanimées : comme le courroux de la mer, des vents, de l’orage. Iratum mare, ira maris. ☞ On dit poëtiquement le courroux de Neptune, le courroux du ciel. Ce monstre que l’enfer en courroux a vomi.

César qui se répond & des Dieux, & du sort,
De la vague en courroux rédoute peu l’effort. Breb.

COURROY. Voyez Corroi.

COURROYER ou CORROYER, v. ad. se dît dans les Manufactures de lainage de Picardie ; particulièrement à Amiens, d’une façon que l’ouvrier, nommé Courroi, donne aux étoffes au retour de la teinture, & lorsqu’elles sont sèches. Voyez Corroyer.

COURROYEUR. Voyez Corroyeur.

☞ COURS. s. m. Cursus. Terme relatif au mouvement. Espace que parcourt un corps par un mouvement progressif. On le dit premièrement des mouvemens réels ou apparens des corps célestes.

Le cours du Soleil & des Astres est certain & périodique. Le Soleil fait son cours dans l’Ecliptique en 365 Jours, six heures, quelques minutes