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DAL — DAM

la fin du VIe siècle les Evêques de France n’avoient point le droit de porter de dalmatiques ; car S. Arige, Evêque de Gap, ayant demandé cette grâce à S. Grégoire, ce Saint Pape lui en envoya, à lui & à son Archidiacre, en 585. avec la permission de s’en servir ; il en parle comme d’une grace qui ne s’accordoit pas aisément.

La dalmatique est un vêtement dont l’usage est venu originairement de Dalmatie. Capitolin, dans la vie de Pertinax, c. 8. dit qu’on tenoit parmi les meubles de l’Empereur Commode, tunicas, penulasque, lacernas & chiridatas Dalmatarum. Lampride, dans la vie de Commode, c. 8. dit de ce Prince, qu’il parut en public vêtu d’une dalmatique : Dalmaticus in publico processit ; ce qui passoit alors pour une chose infâme, les gens graves & modestes ne paroissant jamais avec des dalmatiques : & le même Historien assure, c. 24. de la vie d’Héliogabale, que cet Empereur avoir souvent paru sur la place en dalmatique après son soupé. Dalmaticatus in foro post cœnam. Mercure, Mai 1733.

Les chappes des Crieurs & des Maîtres de Confrairie sont faites en forme de dalmatiques ou de tuniques. En Berry & en Touraine on l’appelle courtibaut. Les paysans de Berry & autres lieux au-delà de la Loire ont des habits faits en forme de casaques longues, qu’ils appellent daumais, ce qui apparemment est un mot corrompu de dalmatique. Voyez dans les Acta Sanct. Propyleum Mens. Maii Conat. Chronol. pag. 89. & pag. 97. la forme des dalmatiques anciennes. Voyez encore, Tom. VII. Maii Paral. pag. 97 & 108. des dalmatiques de Diacre.

DALON ou DALONE. Abbaye de l’Ordre de Cîteaux, dans le Limousin, fondée en 1120.

DALOT. s. m. Terme de Marine. Canal pour faire écouler les eaux d’un vaisseau. Les dalots sont des morceaux de bois percés & disposés en pente le long du tillac, qui passent au travers du bordage, & servent à faire sortir & écouler l’eau des pompes & des gouttieres. Ces trous ont quatre pouces de diamètre. On les appelle aussi orgues, dallions ou dallons.

DAM.

☞ DAM. s. m. Terme de Théologie dont on se sert pour désigner la peine que les damnés ont d’être privés de la vue de Dieu. Les Théologiens distinguent la peine du dam & la peine du sens. Æterna Divine præsentiæ post mortem privatio, damnum, pœna damni.

Dam, en langage ordinaire, signifioit autrefois perte & dommage, & n’est plus en usage qu’en cette phrase. S’il lui arrive du mal, à son dam, pour dire, ce sera lui qui en souffrira le dommage. Damno suo. En ce sens il vient du Latin damnum. Autrefois on disoit à son dam, comme on dit maintenant à ses dépens. Il a appris à être sage à son dam, c’est-à-dire, à ses dépens, il lui a bien coûté pour cela.

Dam. Vieux mot. Titre d’honneur qu’on donnoit autrefois aux personnes distinguées, tant hommes que femmes, & qui vient de Dominus & Domina. On disoit Dam Dieu, pour dire, Seigneur Dieu, comme les Italiens on dit Domene Dio ; & Vidame pour Vicedominus. On a dit aussi, Dam Chevalier, pour dire, Seigneur Chevalier.

On a fait aussi Dom de Dominus, nom que les Moines ont conservé, & ensuite Damoiseau, Damoisel & Damoiselle. Ce nom entre dans la composition de plusieurs noms de lieux, & dans ces noms il précède ordinairement le nom propre du Seigneur à qui ce lieu a appartenu, & dont il a pris le nom, comme Damgillon, Dammartin, Dampierre, &c.

Dam, dans la langue Flamande, signifie une levée de terre, une sorte de digue pour retenir les eaux de la mer, d’une rivière, d’un canal. Il entre dans la composition d’un grand nombre de noms Géographiques, & est particulier aux villes des Pays-Bas. Ce mot désigne presque toujours un lieu situé sur une de ces digues, & l’on y joint d’ordinaire le nom de la rivière qui passe en cet endroit, comme Rotterdam, Amsterdam : ou le nom de ceux qui l’ont faite, comme Monikendam, &c.

DAM. Autrefois ville, maintenant gros bourg de la Province de Groningue dans les Pays-Bas. Damum.

☞ DAM ou DAMME. Dammum. Ville de Flandre, dans le Franconnat, à une lieue de Bruges. Quelques uns l’appellent Hondtsdamme.

☞ DAM. Petite ville d’Allemagne dans la Poméranie, sur l’Oder, à une lieue de Stetin. On la nommoit autrefois Vadam.

DAMAGE. s. m. Vieux mot dont on s’est servi pour dire dommage. On a dit aussi damagent, pour dommageable.

DAMALA. Petite ville appelée autrement Pleda. Damala, Pleda, anciennement Troezen, Troezeux. Elle est dans la Scavie en Morée près de la côte. C’étoit autrefois une ville Episcopale. Maty.

DAMAN. Ville d’Asie dans les Etats du Mogol. Elle est dans le Royaume de Guzarate, située dans la Presqu’Île de deçà le Gange. Elle a un bon port sur le golfe de Cambaye : elle est aux Portugais, qui la conquirent en 1559. Voyez Davity, Mandeslo & Carré, dans le second tome de son Voyage des Indes Orientales.

DAMAR. Ville de l’Arabie heureuse dans le Royaume d’Yémen.

DAMARAS. s. m. Taffetas des Indes. C’est une espèce d’armoisin.

DAMARIN. s. m. Nom d’homme, Marinus, selon le Martyrologe de Baronius, & Amarinus, selon Monsieur Chasselain au vingt-cinquième de Janvier. Ce dernier est plus vrai. De Saint-Amarin, en changeant le t en d, s’est fait Sain-Damarin, pour Saint-Amarin.

DAMAS. Nom d’une ville très-ancienne & célèbre. Damascus. Elle est dans la Syrie, au pied du mont Liban, dans une plaine très-fertile & très-agréable, qui s’étend entre le mont Liban & les montagnes que l’Ecriture appelle Galaad. Damas est sur une petite rivière nommée par les anciens Chrysorroas. On ne sait quel fut le fondateur de Damas. Josephe, Antiq. Jud. L. I. c. 6. dit qu’elle fut bâtie par Us, fils d’Amram. D’autres disent que Damascus, fils de Mercure & de la Nymphe Alcimede, étant venu d’Arcadie en Syrie, y bâtit cette ville, à laquelle il donna son nom. D’autres veulent qu’elle l’ait pris d’un Géant nommé Ascus, qui ayant lié Denys, le jeta dans la rivière avec Licurge ; ou de ce que Denys poursuivit & atteignit là un certain Damascus, qu’il écorcha tout vif, parce qu’il avoir coupé les vignes. Enfin, l’on dit qu’elle a pris le nom d’un Prince nommé Damascus, qui y a régné. On peut regarder tout cela comme autant de fables, ou de sentimens avancés sans fondemens suffisans. Quoi qu’il en soit, Damas étoit déjà du tems d’Abraham, c’est-à-dire, environ deux mille ans avant J. C. Cette ville fut capitale de Syrie jusqu’à ce que Seleucus eut achevé de bâtir Antioche, qu’Antigonus avoit commencée, c’est--à-dire, jusqu’environ 300. ans avant J. C. Elle fut encore soumise aux Séleucides, & puis aux Romains. Omar, successeur d’Abubecher, la prit l’an 636. comme le marque Guillaume de Tyr, L. I. c. 2. Depuis ce tems-là elle a toujours été aux Musulmans, ayant passé des Sarrasins aux Sultans d’Egypte, auxquels les Turcs l’enlevèrent il y a près de 200. ans. Malgré tant de révolutions, elle est encore une des plus considérables de l’Orient. On y fait beaucoup de commerce, & ses soies, ses laines, ses prunes, ses raisins, ses eaux de senteurs, & ses lames d’épées la font connoître par-tout. Damas est une des premières villes où le Christianisme ait été porté. Saint Paul y alloit