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DAM

DAMASINE. s. f. Terme de Fleuriste. Anémone incarnate & blanche, panachée distinctement. C’est une des plus belles anémones qu’on puisse voir. Morin, Culture des fleurs.

DAMASONIUM. s. m. Plante qui pousse des feuilles semblables à celles du plantin aquatique, mais plus petites, attachées à des queues longues. Il s’élève d’entre elles des petites tiges de la hauteur de la main, rondes, vides, portant des fleurs ordinairement à trois feuilles disposées en rose. Il leur succède un fruit en étoile, composé de plusieurs pièces creuses, dont chacune renferme une ou deux semences oblongues. Ses racines sont menues, fibreuses, comme celles du plantin aquatique. Cette plante est détersive, astringente, rafraîchissante, & fait perdre le lait aux femmes, étant appliquée sur le sein.

DAMASQUETTE. s. f. Espèce d’étoffe à fleurs d’or & d’argent, ou seulement de soie, qui se fabrique à Venise, & se débite dans le Levant, particulièrement à Constantinople.

DAMASQUIN. s. m. Que l’on nomme plus ordinairement Rotte. Poids dont on se sert dans le Levant, particulièrement à Seyde.

DAMASQUINER, v. a. Terme de Fourbisseur & d’Armurier. Tailler ou ciseler le fer, en sorte qu’il reste plusieurs raies ou entailles de diverses figures dans lesquelles on enchâsse des filets d’or ou d’argent.

☞ Quand on veut damasquiner le fer ou l’acier, on le met au feu, pour lui donner le passe-violet, qui est ce qu’on appelle couleur d’eau : puis on dessine légèrement dessus avec un poinçon de cuivre jaune fort délié l’ornement qu’on veut figurer, & on le taille avec un couteau à tailler des limes.

Cela étant fait, on prend du fil d’or, on le conduit selon le dessein qu’on a formé, on l’enfonce proprement avec une touche de cuivre, on le fait revenir avec de l’eau forte : on prend une sanguine, pour abattre toutes les hachures, & on remet le fer ou l’acier au feu pour lui donner la couleur d’eau. Damasquiner une lame d’épée. Damasquiner le canon d’un fusil ou d’un pistolet. Encausto damasceno acinacem, fistulam ferream distinguere. Les cimeterres sont d’ordinaire damasquinés. Un étui à damasquiner, c’est un étui garni de fer pour travailler à cette sorte d’ouvrage.

Damasquiné, ée. part. Couteau damasquiné. Cuirasse damasquinée.

DAMASQUINERIE. s. f. L’Art de damasquiner.

DAMASQUINEUR. s. m. Celui qui damasquine. Pomey. Damascenus encaustes.

DAMASQUINURE. s. f. Travail de ce qui est damasquiné, ornement d’une arme damasquinée, ou d’une autre pièce de fer damasquinée. Damasceni artificii opus. On dit aussi damasquine.

DAMASSER, v. a. Fabriquer une étoffe ou du linge en façon de damas. Faire de petites figures sur du linge, comme des oiseaux, & autres. Linteum opere damasceno variare.

Damasser, chez les Vanniers, c’est former sur une pièce des ornemens semblables à ceux qu’on voit sur le linge damassé.

Damassé, ée. adj. Linge destiné ordinairement au service de la table, qui est à fleurs ou à personnages, où l’on remarque un fond & un dessein ; ainsi appelé, parce que le travail en est le même que celui du damas. Linteum opere damasceno variatum. Un service de table damassé. Une nappe damassée.

On appelle aussi une étoffe de soie damassée, celle qui paroît de damas d’un côté, & qui a un envers tout uni. Pannus bombycinus opere damasceno distinctus.

Damassé, se dit aussi substantivement pour dire du linge damassé. Un service de damassé. Ac. Fr.

☞ DAMASSIN. s. m. Petit damas moins chargé de chaîne & de trame que les damas ordinaires.

DAMASSURE. s. f. L’ouvrage du linge damassé. Operii damasceni artificium. Cette damassure est fort belle, fort agréable.

DAMASTÈS. s. m. Géant fameux par sa cruauté, surnommé Procuste, parce qu’il obligeoit ses hôtes de s’égaler à la mesure de ses lits.

DAMATER. s. f. Nom de la Prêtresse de Cybèle. Damatris. Voyez Damias & Damie. Quelques-uns veulent qu’on dise Damiatrix, au lieu de Damatris. Voyez sur ce nom Scaliger, dans ses notes sur Festus, Alexander ab Alex. Genial. dier. VI. 8. Panvin, de Civ. Rom. C. 37. Gruter. De vet. Jur. Pont. IV. 8.

DAMATRIUS. s. m. Dixième mois de l’année chez les Thébains & les Béotiens. Damatrius. Junius, dans son livre de anno & mensibus, le confond mal-à-propos avec le mois d’Octobre ; il répondoit au mois de Juin & partie de Juillet, & tiroit son nom de Δημήτηρ, en Béotien Δαμάτηρ, qui est celui de Cérès en Grec, parce que c’est dans ce mois qu’elle donne ses biens, que l’on fait la récolte des blés, dont ils rendoient grâces à cette Déesse.

DAMAVEND. Ville d’Asie, autrefois dans la Province d’Adherbigiane en Medie, aujourd’hui comprise dans la Province nommée Gebal ou Iraque Persienne.

DAMBEA. Province, ou Royaume d’Afrique, qui fait partie de l’empire d’Abyssinie. Dambea. Vossius & les nouvelles Relations le placent vers les sources du Nil. Quelques-uns disent, selon Maty, que le Nil passe dans ce Royaume, qu’il y a même sa source ; mais la carte faite sur le pays par les PP. Manuel d’Almeida Alfonso, Mendez, Pero Pays, & Jeronimo Lobo, Jésuites, qui découvrirent les sources du Nil vers l’an 1629. & la relation qu’en a donnée le dernier, placent le Royaume de Dambea au nord du Nil, qui coule d’abord d’Occident en Orient, & les sources du Nil ne sont point dans le Lac de Dambea, mais à cinq journées de chemin. Voyez Nil. M. Corneille dit Dambée ou Dambea, mais la Traduction Françoise de la relation du P. Jérôme Lobo, & les autres disent Dambea & non Dambée.

Le lac de Dambea, c’est un grand lac dans la Province de Dambea, lequel a vingt-cinq lieues de long du Sud au Nord & environ quinze dans l’endroit où il est le plus large. Il fait plusieurs Iles, les unes désertes, les autres habitées. Le Nil, à cinq journées de ses sources, entre avec rapidité par une des extrémités de ce lac, & s’ouvrant le passage dans le vase du lac, en ressort par un autre endroit, après avoir traversé un quart de lieue de sa largeur.

☞ DAME. s. f. Titre autrefois très-distingué parmi nous, & qui ne s’accordoit qu’aux femmes du premier rang. Celles des hommes les plus qualifiés, portoient simplement le nom de mademoiselle. Domina, illustris matrona. On le donna ensuite aux femmes qui possédoient quelque Seigneurie, puis à toutes les femmes de qualité, aux femmes des gens de robe, des financiers, & par un abus singulier, que l’usage autorise, cette qualification s’est tellement multipliée & avilie, qu’on la prodigue aux femmes des simples bourgeois, & à toutes celles qui veulent la prendre.

☞ Ainsi ce nom marque quelquefois seigneurie, droit d’autorité sur des vassaux. C’est ainsi que l’on dit : cette veuve est dame d’un tel château, d’un tel bourg, d’un tel marquisat. Alicujus loci domina.

☞ C’est quelquefois un simple titre que l’on donne par honneur aux femmes de qualité. Dame à Carreau, qui a droit de se faire porter un carreau à l’Eglise, & à qui l’on porte la robe. On dit de la femme d’un homme qualifié : haute & puissante Dame ; les Dames de la Cour.

☞ Ce nom est quelquefois synonyme à maîtresse de la maison. Je voudrois parler à la Dame de céans. Hera.

☞ Quand on le dit des personnes de la plus