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DAT

Le nominatif, le génitif, le datif. Ce verbe gouverne le datif. Deux datifs de suite choquent extrêmement les oreilles délicates, quand ils ont tous deux le même article ; & ceux qui veulent écrire poliment doivent les éviter avec soin ; comme, On remédie à l’attache à son sens. Si ses deux articles n’étoient pas les mêmes, cela ne choqueroit pas tant. Par exemple, renoncer à l’attache au jeu. Bouh.

Datif, en Jurisprudence, n’est d’usage que dans ces phrases : Tuteur & Curateur datif, tutelle & curatelle dative. On appelle tutelle & curatelle datives, celles qui sont ordonnées d’autorité de Justice, par opposition aux tutelles & curatelles légitimes & testamentaires, qui sont déférées par la Loi ou par le testament. On dit dans le même sens tuteur & Curateur datif de celui auquel la tutelle ou curatelle est déférée par le Juge. Commissa, designata tutela.

Quand un propriétaire est mineur, on lui donne un Tuteur pour son fief. Cela s’appelle dans le Droit d’Allemagne tutelle dative. Spener a fait un Traité de la tutelle dative des arrières-Vassaux de l’Empire. Quelques Auteurs prétendent que c’est à l’Empereur à donner un Tuteur à ces arrières-Vassaux : d’autres soutiennent que c’est au Seigneur Féodal immédiat à le donner pour le fief qui dépend de lui. Spener est pour ce dernier sentiment.

Datif. s. m. Nom d’homme. Dativus. Voyez M. Chastelain, Martyrologe, au 27e de Janvier, & au onzième de Février, p. 611 & 614.

☞ DATION. s. f. Terme de Jurisprudence, acte par lequel on donne quelque chose. Datio. Elle diffère de la donation, en ce que celle-ci est gratuite, au lieu que la dation consiste à donner quelque chose, sans qu’il y ait aucune libéralité. Dation de Tuteur, dation en payement

DATISME. s. m. Manière de parler, qui consiste à dire la même chose en plusieurs mots, & à accumuler synonymes sur synonymes. Datismus. Ce mot se forma autrefois en Grec du nom d’un Satrape Persan nommé Datis, qui étant en Grèce, & affectant de parler Grec, entassoit synonymes sur synonymes pour dire la même chose de sorte que pour dire, par exemple, qu’il avoit de la joie de quelque chose, il disoit : J’ai bien de la joie, je me réjouis, je suis ravi, je suis bien aise, & je triomphe de ce que, &c. croyant par là donner à son discours plus de force & plus d’expression, &c. Les Grecs appelèrent ces sortes de battologies ou d’inutilités des Datismes, mais ce mot n’est point en usage en François. On ne s’en sert que dans des ouvrages d’érudition. Aristophane, dans sa pièce intitulée la Paix, appelle le datisme le ramage ou le chant de Datis.

DATIVE. adj. Voyez Datif.

Dative, est aussi un nom propre de femme. Il y a une sainte Dative du cinquième siècle. Voyez Baillet au sixième de Décembre.

DATTE. s. f. On écrit aussi date, & on devroit écrire Dacte. C’est le fruit du palmier. Palma, palmula, palmæ pomum, dactylus, phœnicia Balanus. Ce fruit se cueille en automne avant qu’il soit mûr, & est semblable à nos pruneaux de Tours : alors il est vert en couleur, âpre & astringent. Quand les dattes sont mûres, elles deviennent rousses, ayant un noyau dur, longuet & fendu par en bas, de couleur grise, & enveloppé d’une pellicule déliée, mince & blanche. Son écorce ou sa couverture, que les Anciens appeloient élaté, ou spata, quand elles sont en fleur, sont fort différentes, & ont autant de diversité de couleurs que les figues. Il y en a de noires, de blanches & de rousses. Il y en a de rondes comme des pommes, & fort grosses. Ordinairement elles sont rondes & oblongues, charnues, jaunes, un peu plus grosses que le pouce, & assez agréables au goût. Il y en a de petites comme des pois chiches ; d’autres grosses comme une grenade. Les meilleures sont les dattes rondes. Il y en a une autre espèce qu’on appelle carjotes, qui sont aussi fort bonnes. Les unes ont des os, ou noyaux ; les autres n’en ont point. Les unes les ont mous, les autres, tendres. Les dattes sont astringentes, sur-tout quand elles ne sont pas mûres. Les dattes ne sont guère en usage dans la plupart des Provinces de France, que pour la médecine ; elles adoucissent les âpretés du gosier, fortifient l’enfant au ventre de la mère, appaisent toutes sortes de flux de ventre, & sont un fort bon remède pour les incommodités des reins & de la vessie. Ce qu’elles ont de mauvais, c’est qu’on les digère difficilement, qu’elles causent des douleurs de tête, & qu’elles produisent un sang crasse & mélancolique. Ces effets viennent des principes qu’elles contiennent, car on en tire médiocrement d’huile, beaucoup de flegme & de sel essentiel : l’huile & le flegme les rendent humectantes & nourrissantes, propres à adoucir les âcretés de la poitrine, & à appaiser la toux ; le flegme & le sel les rendent détersives, astringentes, & convenables pour les maladies de la gorge : du reste, elles sont un aliment grossier, plein d’un suc terrestre, & causent des obstructions dans les viscères c’est pour cela que ceux qui vivent de dattes deviennent scorbutiques, & perdent leurs dents de bonne heure.

Les dattes nous viennent d’Egypte, de Syrie, d’Afrique & des Indes. On dit qu’elles ne viennent point à maturité en Italie, & qu’elles conservent toujours un goût âpre & désagréable dans les endroits de l’Espagne qui sont situés sur le bord de la mer. On dit aussi que quelques peuples d’Orient font du vin & du pain de dattes. La Provence fournit d’assez bonnes dattes, mais elles ne se conservent pas, & les vers s’y engendrent aisément. Voyez M. Lémery, Traité des alimens.

Les dattes sont le plus excellent fruit de tous ceux de Perse. Elles passent en grosseur, en couleur & en goût toutes les autres que la nature fait croître en toutes les parties du monde. Celles de Jarum & de Horum, sont les meilleures de toute la Perse. Ambassade de Garcias de Sylva Figueroa, p. 93. & 94. &c. De grosses grappes de dattes. Au même endroit. Celles de Lura sont aussi excellentes. Elles sont grosses comme les prunes que les Espagnols appellent Ciruelas de frayles. Il y en a de brunes & d’autres noires. La diversité en étoit si grande, que l’on étoit étonné de voir tant d’espèces différentes d’une même sorte de fruit, car les unes étoient longues, les autres plus ou moins rondes ; les unes d’une forme toute particulière, que l’on n’avoit pas encore vue, & les autres fort petites, & rondes comme des griottes ; mais sans comparaison meilleures & plus excellentes que les autres. Id. Il dit qu’une grappe des plus petites pesoit jusqu’à trente livres. Ils appellent les dattes, Tamaras. Id.

Le nom de datte, qu’on dit pour celui de dacte, vient de dactylus, formé de δάκτυλος, doigt, parce que les dattes ressemblent au bout du doigt, étant rondes & oblongues.

Datte. s. f. Est aussi le nom d’une espèce de prunes. Les dattes sont du nombre des prunes qui ont la chair aigrette & durette, dit la Quintinie ; c’est-à-dire, un peu aigre & un peu dure. La grosse datte est blanche, on l’appelle autrement Impériale blanche. Id.

DATTIBES. s. m. Terme de Relation. Cinquième mois chez les habitans de l’Île Formose. Voyez la description de cette Ile imprimée à Amsterdam en 1705.

DATTIER. s. m. Arbre qui porte les dattes. Palma. V. Palmier.

DATTILLE. s. f. Nom d’une espèce de prunes. Les dattilles sont des prunes longuettes. La Quint. La dattille est rouge. Id.

DATURA. s. f. Plante qui est une espèce de stramonium, & qui vient de la hauteur d’un homme. Ses tiges sont grosses & ses feuilles larges, échancrées comme celles du pied d’oie, mais plus dentelées, & quatre ou cinq fois plus grandes, & d’une puanteur abominable. Ses fleurs sont blanches, semblables en quelque manière à un verre à boire, & d’une