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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/133

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DEB

Déboucher, se dit neutralement pour, Sortir d’un défilé, d’une gorge, & d’une montagne. A peine avions nous débouché dans la plaine, que la tête des ennemis parut sur les montagnes opposées. Nous débouchions par le col, ou le pas de Suze, pour entrer dans la plaine de Turin.

☞ Dans ce sens l’infinitif est souvent employé comme substantif, & l’on dit au déboucher du défilé, des montagnes, pour dire à la sortie.

Débouché, ée. part.

☞ DÉBOUCHOIR. s. m. En termes de Lapidaire, c’est un morceau de fer sur lequel est creusé la forme de la coquille & de la queue, qu’on repousse avec un poinçon hors de cette coquille, lorsqu’elle est cassée.

DÉBOUCLER, v. a. Oter les boucles de ce qui est bouclé. Diffibulare. Déboucler un ceinturon. Déboucler des bottines ; déboucler des souliers.

Déboucler, Oter les boucles qu’on a mises à la nature d’une cavale pour l’empêcher d’être saillie. Equam diffibulare. Il faut déboucler cette cavale.

Déboucler, signifie aussi, Défaire quelques boucles de cheveux, les défriser, Cirros dissolvere. Déboucler une perruque. Cette perruque s’est toute débouclée.

Débouclé, ée. part.

DÉBOUILLI. s. m. Epreuve que l’on fait de la bonté ou fausseté d’une couleur, ou teinture, en faisant bouillir les étoffes dans de l’eau avec de certaines drogues. Si la couleur soutient le débouilli, c’est-à-dire, si elle ne se décharge point, ou très-peu, & que l’eau n’en reste point colorée, la teinture est jugée de bon teint.

DÉBOUILLIR. v. a. Terme de Teinturier. C’est éprouver la bonté ou la fausseté d’une teinture. Tincta, infecta probare, experiri. On fait bouillir des échantillons d’étoffe demi-heure dans des eaux sûres avec un poids égal d’alun & de tartre, ou de savon, ou de jus de citron : & alors les couleurs se changent. Par exemple, l’échantillon noir qui aura été guédé deviendra bleuâtre tirant sur le verd brun. S’il a été guédé & garancé, il deviendra minime. Et celui qui n’aura été ni guédé, ni garancé, ne verdira point, mais deviendra d’une couleur entre jaune & fauve. On voit aussi par le débouilli si les étoffes ont été bien engallées & noircies. On fait aussi débouillir un échantillon de la couleur matrice qui se garde au Bureau, qui a été teinte dans les règles, pour en juger par la comparaison des uns aux autres. Le bleu ne manque jamais dans le débouilli, si la teinture en est bonne. On fait des demi-débouillis & des quarts de débouillis, en mettant moins pesant d’alun & de tartre, ou en les faisant bouillir moins de temps. La manière de faire le débouilli est amplement décrite dans les Statuts des Teinturiers de l’année 1669.

Débouilli, ie. part. on dit aussi subst. Un débouilli.

DÉBOUQUEMENT. s. m. Action de débouquer. Egressus, exitus. Sortie des bouches, ou canaux qui séparent les îles.

☞ Ce mot ne signifiant autre chose qu’un passage formé par plusieurs Îles, entre lesquels un vaisseau est obligé de passer, paroît synonyme à détroit & à canal ; mais il s’applique particulièrement aux Antilles & aux Îles qui sont au Nord de S. Domingue. Voy. Desembocadero.

DÉBOUQUER. v. n. Terme de Mer. C’est sortir des bouches ou des canaux qui sont entre deux Îles, ou entre une Île & la Terre-ferme. Pomey. Expedire se, excedere.

DÉBOURBER. v. a. Oter, tirer de la bourbe une roue, ou autre chose semblable. Danet. E cœno extrahere, evellere, avellere.

Débourber. Se dit aussi pour, Faire jeter la bourbe. Pour manger de bon poisson, il le faut faire débourber dans de l’eau claire. Danet. On dit aussi, Débourber un étang, pour dire, en tirer la bourbe. L’Acad. Cœno purgare, expurgare.

DÉBOURGEOISER. v. a. Oter à quelqu’un les maniéres bourgeoises, lui faire voir le beau monde. M. Regnard, Scène VI du Retour imprévu, fait ainsi parler le Marquis au sujet de Clitandre : Il n’est pas connoissable depuis qu’il me hante, ce petit homme. Il est vrai que je n’ai pas mon pareil pour débourgeoiser un enfant de famille, le mettre dans le monde, le pousser dans le jeu, lui donner le bon goût pour les habits, les meubles, les équipages. Je n’ai trouvé ce mot dans aucun Dictionnaire, excepté Pomey.

DÉBOURRER, v. a. Au propre signifie ôter la bourre. Tormentum ex ephippio detrahere, eximere ; mais il n’est guère en usage qu’au figuré, & signifie apprendre à vivre à quelqu’un, le façonner, lui faire perdre le mauvais ton, les mauvaises manières, & dans ce sens il est aussi réciproque. Aliquem erudire, instituere, perpolire. Cet homme étoit fort grossier quand il vint à Paris, mais il s’est bien débourré à la Cour. La fréquentation du beau monde débourre bien les Provinciaux. Il n’est que du style familier.

Débourrer un cheval, terme de manège. C’est rendre les mouvemens d’un jeune cheval souples & lians.

Débourré, ée. part.

DÉBOURSEMENT. s. m. Payement qu’on fait des deniers qu’on tire de sa bourse. Pecuniæ dinumeratio. Le remboursement des frais n’égale jamais ceux du déboursement, ou ce qu’on a déboursé.

DÉBOURSER, v. a. Tirer de l’argent de sa bourse pour faire quelque dépense, quelque payement, quelque achat. Pecuniam è marsupio promere, depromere. Il a déboursé tant d’argent pour les affaires de son maître.

Déboursé, ée. part. & adj. & quelquefois subst. Depromta e marsupio pecunia. Il faut rendre l’argent déboursé par notre ordre. On ne peut rien rabbatre sur le déboursé. Il lui faut allouer son déboursé. Il se dit ordinairement des petites sommes qu’on avance pour les autres.

DEBOUT. adv. Sur ses pieds. Stans. Les Juifs étoient obligés de manger l’Agneau Pascal tout debout. Quand vous priez, ne faites pas comme les hypocrites, qui affectent de prier en se tenant debout dans les Synagogues. Port-R. On a dit qu’il falloit qu’un Empereur mourût debout, c’est-à-dire, qu’il fût toujours actif & vigilant. Il faut être debout & tête nue devant ceux à qui l’on doit du respect. Le bois qui est debout dans les forêts, c’est celui qui n’est point abattu.

☞ On est debout, lorsqu’on est sur ses pieds. On est droit, lorsqu’on n’est ni courbé, ni panché. Syn. Fr. La bonne grâce veut qu’on se tienne droit. Le respect fait quelquefois tenir debout.

Debout, se dit aussi de ceux qui ne sont point couchés. Stare. Cet homme a été long-temps alité, mais maintenant il est debout. Les Soldats d’Alexandre couchent sur la terre, & jamais le jour ne les trouve que debout. Vaug. On dit aussi d’un homme fort assoupi, qu’il dort tout debout. Quand on éveille quelqu’un à la hâte, on lui crie : Debout, debout ; sus, debout, il est grand jour.

Debout, se dit des bâtimens anciens qui subsistent encore. Le Colisée est encore debout, quoi que Rome ait été sept fois prise par les Barbares ou les Etrangers. La muraille de la ville étoit encore debout. Ablanc.

☞ On dit mettre du bois debout, lorsqu’on le met de sa hauteur : un tonneau debout, quand on le met sur un de ses fonds.

Debout, se dit proverbialement en ces phrases, On est plus couché que debout, pour dire que la vie est bien plus courte que l’éternité. On dit qu’un homme ne sauroit tomber que debout, quand il a tant de ressources, que si l’une lui manque, l’autre ne lui manquera pas. On appelle aussi des contes à dormir debout, des contes avec lesquels on amuse & on endort les enfans. On dit pareillement à ceux qui font de vaines promesses auxquelles on n’ajoûte pas foi, ou qui font de vains raisonnemens qui ne