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naire disoit que le Conseil du Roi est ordinaire & perpétuel, qu’ainsi la fonction de Doyen devant être continuée pendant toute l’année ne peut être remplie par un Conseiller d’Erat sémestre dont la fonction est bornée à six mois seulement ; qu’un Conseiller sémestre ne peut se prévaloir de ce qu’il est plus ancien dans le Conseil, parce que la prérogative que donne la date de la réception n’a lieu que quand il y a parité de droit entre les Officiers. Le Conseiller sémestre répondoit que le Décanat du Conseil est donné à l’ancienneté, qu’ainsi le Doyen des Conseillers d’États est toujours le plus ancien : que l’intention du Roi n’a point été d’exclure du Décanat les Conseillers sémestres, qu’ils sont en parité de droit avec les ordinaires, puisque le Conseiller sémestre précède au Conseil & en particulier le Conseiller d’Etat ordinaire qui est plus jeune que lui. Le Roi par un Arrêt du 9 Décembre 1685. ordonna que le Conseiller sémestre & l’ordinaire qui disputoient le Décanat, seroient Doyens du Conseil pendant six mois chacun, mais qu’à l’avenir le Décanat venant à vaquer, le plus ancien des Conseillers d’Etat, fût-il sémestre, y sera admis, & que s’il étoit sémestre, il sera ordinaire du jour que le Décanat aura vaqué. Un Ecclésiastique peut posséder le Décanat du Conseil. Decanatus, Decani munus, officium.

Jusqu’ici on n’avoit pu parvenir au Décanat du sacré Collège que l’on ne se trouvât actuellement à Rome, lorsqu’il venoit à vaquer ; mais en 1714. le Pape Benoît XIII. fit un Décret en date du 7 Septembre par lequel il déclare que le Décanat du sacré Collège venant à vaquer, dans la suite il sera donné au plus ancien Cardinal de promotion, quand même il seroit pour lors absent de Rome, pourvu qu’il soit actuellement dans son Diocèse.

Décanat se dit aussi de la durée du temps de cette dignité pendant son Décanat.

Décanat, chez les Barthélemites se dit d’une maison ou d’un district gouverné par un Supérieur. Les Supérieurs des Décanats font exécuter dans leurs propres Maisons les réglemens faits dans leurs assemblées. P. Hélyot, Tome. VIII. C. 16.

DÉCANISER. v. n. Terme de Palais. Tenir la place, faire les fonctions de Doyen. Decanum agere. Tous les jours les Conseillers-Clercs du Parlement président & Décanisent en l’absence des Présidens.

Décaniser, se dit aussi des Docteurs de Sorbonne qui sont assez avancés en âge pour être Doyens aux examens particuliers des Bacheliers & Licentiés.

DÉCANONISER, v. a. Ôter de dessus le catalogue des Saints. Un Moine, nommé Fra Matthio, si j’ai bonne mémoire, fut quasi aussi-tôt décanonisé que canonisé, en la ville de Venise, il y a environ treize ans. Henri Etienne, Apol. pour Hérodote ; ch. 39. 10. 3. p. 357. de l’Edit. de la Haye, 1735.

DÉCANTATION. s. f. Terme de Chimie. C’est l’action par laquelle on verse quelque liqueur, en inclinant doucement le vaisseau par son goûlot, ou canthus, d’où ce mot est dérivé. Infusio.

DÉCANTER, v. a. Terme de Chimie. Verser doucement par inclination la liqueur qui s’est clarifiée d’elle-même, par le dépôt qui s’est fait au fond du vase où elle est contenue. Infundere, decapulare.

DÉCAPER. v. a. Terme de Chimie. C’est ôter le vert de gris ou la rouille du cuivre. Après avoir décapé le cuivre avec de l’eau forte. Mém. de l’Ac. des Sciences 1742. p. 84.

DÉCAPITATION. s. f. Action de décapiter. Ce mot nous manque. Celui de décollation n’est en usage qu’en cette phrase : la décollation de S. Jean, pour dire un tableau où est peinte la tête de S. Jean-Baptiste qu’on a décollé, ou la Fête qu’on fait en honneur de son martyre. Fur. Sur la décapitation de François de Thou avec son ami Cinq-Mars, on peut consulter Bayle à l’article de Louis XIII. rem. R. au second alinea. Gui Patin y est relevé au sujet de ce qu’il dit dans ses lettres touchant le prétendu motif de vengeance du Cardinal de Richelieu.

La décapitation est le supplier des Gentilshommes qui n’ont pas commis de crime dérogeant. Les Astrologues prétendent que la décapitation est ordinairement l’ouvrage de Mars, pour peu que son influence, portée d’elle-même au mal, soit rendue plus malfaisante. S. Aubin. Décapitation signifie en Chimie l’action de décaper.

DÉCAPITER, v. a Couper la tête à quelqu’un par ordre de Justice. Aliquem securi ferire, alicujus caput à cervicibus abscindere ; à cervicibus revellere, decollare. En France on décapite les Nobles qui ont mérité la mort, & c’est un supplice qui ne déroge point à la Noblesse. Il fit pendre les uns, & décapiter les autres. Ablanc. La raison pourquoi les Saints qui ont été décapités, sont représentés portant leurs têtes dans leurs mains, n’est pas qu’ils les y aient reçues, comme le peuple mal instruit se l’imagine ; c’est qu’on a voulu marquer par-là le genre de mort qu’ils avoient souffert, & que le tronc seul d’un corps auroit trop choqué la vue. Ménage. Un Ambassadeur de France à Constantinople fit voir à l’Empereur des Turcs, Mahomet II, un chef de S. Jean très-bien représenté. Le Grand Seigneur n’y trouvoit d’autre défaut, sinon que le Peintre n’avoit pas observé que quand un homme est décapité, la peau se retire un peu en arrière ; & afin d’en convaincre l’Ambassadeur, il fit sur le champ décapiter un homme, & apporter la tête ; voilà une barbare exactitude, & une cruelle autopsie. Catherinot, Traité de Peinture. Décapiter n’est pas si usité que couper le cou, du moins en parlant de choses qui se sont passées de notre temps, mais en fait d’antiquité, en parlant des martyrs, &c. décapiter se dit tout autant que couper le cou.

Décapité, ée. part. Capite truncatus.

DÉCAPOLIS. Décapolis. Petite Province de la Cœlésyrie, en comprenant dans la Cœlésyrie une partie de l’Arabie déserte, comme on le fait souvent, c’est à-dire, le plat pays qui est entre le Liban, les montagnes de Galaad & le Jourdain ; & une partie de la Galilée. Le pays de Décapolis étoit à l’Orient du Jourdain, & s’étendoit du nord au midi, depuis le Liban, ou plutôt l’Antiliban, jusqu’à la mer de Galilée. Dans l’usage ordinaire j’ai souvent oui-dire Décapole ; on dit Pentapole ; néanmoins tous nos Traducteurs du Nouveau-Testament, tant anciens que modernes, dans S. Mathieu, IV. 25. & dans S. Marc, V. 20. VII. 31. & Pinet, dans sa Traduction de Pline, &c. disent toujours Décapolis, & non point Décapole.

Ce nom fut donné à cette contrée par les Grecs depuis l’Empire d’Alexandre. Il vient de δέκα, dix, & πόλις, ville, & ce pays fut ainsi nommé, à cause de dix villes principales qu’il renfermoit ; mais les Auteurs ne conviennent pas du nom de ces dix villes, ni de leur situation. Éusèbe dans son Onomasticon, les place au-delà du Jourdain, & en effet Josephe y en met aussi une partie en deçà. C’est une remarque de M. Simon sur S. Marc, V. 20. qui est très-vraie, comme il paroît par le même Evangéliste, VII. 31. cité ci-dessus. Pline décrit le pays de Décapolis, Hist. Nat. L. V. C. 18. & dit que tout le monde ne convient pas sur ces villes. Celles, dit-il, dont le plus grand nombre convient, sont Damas, Opotos, Philadelphie, Raphana, Nysa, ou Scytopolis, Gadara, Jippodion, Pella, Galasa & Cantha. Bochart en nomme d’autres ; & il les met toutes dans la Galilée, en quoi il se trompe, dit très-bien M. Simon. Les Hébreux disent que c’est Sephet, Tibériade, Nephtali, ou Cedes-Nephtali, Azor, Césarée de Philippe, Capharnaüm, Bethsaïde, Corozain, Bethsan & Joropata.

DÉCAPROTE. s. m. Officier qui levoit les tributs, ou recueilloit les taxes. Decaprotus, Decemprimus. Les Décaprotes étoient obligés de payer pour les morts ; de répondre à l’Empereur sur leurs biens de la quote-part de ceux qui mouroient. Voyez le Digeste, l. 3. & l. ult. De Muner. & honor. Et l. 10. De pollicitat. Cicéron les appelle Decemprimi dans son