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DEE — DEF

s. Dié du Blaisois, desquels le nom latin est Deodatus ; outre que ce mot de Diey n’a nulle analogie avec Deicolus. Quelques-uns l’ont nommé S. Diel ; ce qui a un rapport assez juste avec Deicolus ; d’autres, S. Deile, ce qui n’est qu’une fausse orthographe du nom de Deel, qui est le mot d’usage parmi le peuple de la Franche-Comté. Id.

DÉELE. s. f. Nom de femme, qui a pour Patron S. Déel. Deicola. Voyez DÉEL.

DÉERNE. s. f. Vieux mot. Fille, servante.

☞ DEES. Petite ville de Transylvanie, sur les frontières de Hongrie, sur la petite rivière de Samds.

DÉESSE. s. f. Divinité fabuleuse du sexe fémmin, qu’adoroient les Payens & les Idolâtres. Dea, Diva. Les Dieux & les Déesses de l’antiquité ; Junon, Diane, Proserpine, Thétis, étoient leurs Déesses, la Victoire, &c. Vénus étoit la Déesse de l’amour, la Déesse de Paphos & d’Amathonte. La Déesse Fortune, cette capricieuse Divinité, n’étoit qu’une chimère Bouil. C’étoit le privilège des Déesses d’être représentées toutes nues sur les médailles : l’imagination demeuroit dans le respect à leur égard. S. Evr. Les Anciens ne s’étoient pas contentés de le faire des Dieux femmes, ou d’admettre les deux sexes parmi les Dieux, ils en avoient aussi d’hermaphrodites. Ainsi Minerve, selon quelques Savans, étoit homme & femme, appelé Lunus & Luna. Mithra chez les Perses étoit Dieu & Déesse, & le sexe de Vénus & de Vulcain étoit aussi douteux. De-là vient que dans leurs invocations ils disoient, si vous êtes Dieu, si vous êtes Déesse, comme Aulu-Gelle nous l’apprend, L. II. C. 28. Arnobe adv. Gent. L. III. se mocque de ces différences de sexe parmi les Dieux, & dit que Cicéron & les plus sages Grecs & Romains s’en sont mocqués.

Déesses meres. Divinités qui présidoient à la campagne & aux fruits de la terre, car on les voit représentées avec des fleurs & des fruits à la main, ayant quelquefois la corne d’abondance. On leur faisoit des offrandes de lait & de miel, & on leur sacrifioit le cochon qui fait beaucoup de mal aux champs. Le culte de ces Divinités est des premiers temps du Paganisme, & a été le plus universellement répandu. Elles avoient en Sicile un Temple très-ancien, dans la ville d’Enguie, où l’on prétendoit qu’elles étoient apparues. Le culte de ces Déesses passa d’Egypte dans la Grèce, ensuite à Rome, & de-là chez les Gaulois, chez les Germains, chez les Espagnols ; car on trouve par tout des traces de ce culte.

On appelle figurément une belle femme, une Déesse. Cette Reine avoit une majesté, un port de Déesse. C’est la Déesse des beautés. Voit. Belle Déesse que j’adore, ne pleurez plus. Id.

DÉESTANCE. s. f. Vieux mot. Douleur, tristesse.

DEF.

DÉFÂCHER. SE DÉFÂCHER, v. récip. S’appaiser après s’être mis en colère. Iram sedare, ponere, placare. Il n’a guère d’usage que dans ces phrases proverbiales ; s’il est fâché, qu’il se défâche. S’il se fâche, il aura la peine de se défâcher. Il aura deux peines, de se fâcher & de se défâcher.

Défâché, ée, part.

☞ DÉFAILLANCE. s. f. Diminution des forces vitales qui tendent à s’éteindre. Animæ defectio. Défaillance de nature, état de foiblesse où se trouve un homme, causé par la vieillesse, par les maladies, ou par le défaut de vivres. Je ne veux pas les renvoyer sans avoir mangé, de peur qu’ils ne tombent en défaillance sur le chemin. Port-R.

☞ On confond dans l’usage ordinaire foiblesse, défaillance, évanouissement, pamoison, syncope ; & la plupart de ces mots, sont donnés comme synonymes dans nos Dictionnaires. Il y a pourtant des nuances qui les distinguent. Foiblesse peut-être regardé comme le terme générique qui reçoit les différentes dénominations de défaillance, d’évanouissement ou de syncope, suivant les différens degrés où elle est portée. Syncope enchérit sur évanouissement, qui enchérit à son tour sur défaillance. La syncope, est le plus haut degré de la diminution des forces. Voyez Évanouissement, Syncope.

Défaillance, est aussi un terme de Chimie, qui signale la liquéfaction, ou la résolution d’un sel, ou de quelque autre corps semblable, en liqueur, qui se fait en l’exposant à la cave, ou dans quelque lieu frais & humide. Dissolutio. M. Harris dit Deliquium ; de l’huile de tartre per deliquium. Ce qu’on appelle huile de tartre par défaillance, n’est autre chose que le sel de tartre qui est devenu liquide, étant exposé sec à l’air libre.

Défaillance, se prend aussi en Astronomie pour éclipse. Deliquium.

DÉFAILLANT, ante. adj. Terme de Pratique. Qui ne comparoît pas en justice sur les assignations données. Qui vadimonium deserit, non obit. Tous les défaillans sont condamnés aux dépens. Défaillans se dit en matière civile, comme contumace en matière criminelle.

DÉFAILLIR. v. n. & défectif, qui n’est plus usité qu’en certains temps, & sur-tout à l’infinitif. On le peut conjuguer ainsi, je défaus, nous défaillons, je défaillois, je défaillis, j’ai défailli, je défaudrai, que je défaille, je défaudrois. Il signifie, manquer de forces, ou manquer simplement. Deficere. On ne peut plus marcher quand les jambes défaillent. Ce vieillard est venu tout d’un coup à défaillir. Se sentir défaillir les forces, l’esprit, la vue. Voit. Ils vouloient rebrousser chemin avant que le ciel & la lumière vinssent encore à leur défaillir. Vaug. Je défaus, je défaudrai, je défaudrois, sont de tous les temps qu’on a marqués ci-dessus, le moins en usage ; & l’on ne croit pas qu’on puisse s’en servir, si ce n’est en badinant. On diroit je tombe en défaillance, je tomberai, je tomberois en défaillance. Les autres sont moins intolérables, cependant on ne s’en sert plus aujourd’hui.

DÉFAIRE, v. a. Détruire une chose faite, faire qu’elle ne soit plus ce qu’elle étoit. Faire & défaire sont deux actions opposées. Destruere. On défait en un temps ce qu’on a fait en un autre. Il se dit de toutes sortes d’ouvrages. Quand un Maçon défait un jour ce qu’il a fait l’autre, ce n’est pas le moyen d’achever. J’ai défait la tapisserie, la broderie, la fleur que j’avois commencée ; elle ne me plaisoit pas. Pénélope, pour tromper ses amans, défaisoit pendant la nuit sa toile. Ximenès ne portoit point de linge, & dormoit ordinairement sur la dure, défaisant tous les matins son lit, comme s’il eût couché dedans. Fléchier.

Quand je pense être au point que cela s’accomplisse,
Quelque excuse toujours en empêche l’effet,
C’est la toile sans fin de la femme d’Ulysse,
Dont l’ouvrage du soir au matin se défait. Malh.

☞ On le dit dans ce sens pour rompre une chose conclue & arrêtée. Dissolvere. Défaire un mariage, défaire un marché.

☞ On le dit de même pour délier, dénouer. Solvere. Le bruit couroit par-tout que celui qui pourroit défaire ce nœud, auroit l’Empire de l’Asie. Abl. Ayant fait plusieurs efforts pour défaire les nœuds, il les coupa. Vaug.

En ce même sens on l’emploie à la place de faire mourir, & on dit qu’un homme s’est défait lui-même, qu’une femme a défait son fruit. Mortem sibi vel alteri consciscere.

☞ DÉFAIRE, en termes de guerre signifie, dissiper une armée, ou l’affoiblir au point qu’elle ne puisse plus tenir la campagne. Expugnare, profligare. Alexandre défit les Perses en trois batailles rangées. Samson avec une mâchoire d’âne défit les Philistins.

Défaire, dit plus que battre, & moins que mettre en déroute, qui renferme de plus l’idée d’une fuite précipitée & d’un désordre général de l’armée défaite.