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qu’elle est, de sorte qu’on ne puisse plus la confondre avec une autre. Definire. Les Philosophes définissent l’homme, un animal raisonnable. Descartes définit l’ame, une substance qui pense. Il est inutile de définir les mots simples & communs ; car ceux qui entendent une Langue, dès qu’ils entendent prononcer ces mots, ont d’abord une idée claire & distincte de la chose. Il faut s’arrêter à certains termes primitifs qu’il n’est pas besoin de définir. Il est plus aisé, & beaucoup plus nécessaire de définir les mots des arts & des sciences, dont les idées sont plus composées ; car en définissant les termes des arts, l’on trouve toujours la définition plus claire que la chose définie : au lieu qu’en définissant les termes communs, la chose définie est toujours plus claire que la définition.

Définir un mot, c’est en déterminer le sens, de façon qu’on ne puisse ni étendre ce sens, ni le restreindre, ni l’attribuer à un autre mot. Voyez Définition.

Définir, signifie aussi, Faire une description des qualités apparentes d’une chose, la faire connoître par un grand nombre de circonstances. Explicare, declarare definiendo. Les gens de Cour sont cachés, ils sont difficiles à définir ; on ne les connoît point. Le je ne sai quoi est si délicat, & si imperceptible qu’on ne le peut définir. Bouh. L’homme ne se peut définir lui-même ; il ne sait point précisément ce qu’il est. La Bruy. C’est un homme qu’on ne peut définir.

Définir, se dit dans le même sens que décider, déterminer. Tout ce qui arrive dans le monde a été de tout temps défini dans les décrets de Dieu. L’Ecriture, les Conciles ont défini & déterminé les articles de la Foi. Il n’y a encore rien de jugé, de défini sur cette question. Dieu a défini le temps où cela arrivera, a marqué, déterminé.

Défini, ie, part.

Défini, signifie aussi, Ce qui est borné & terminé, qui est circonscrit en de certaines bornes, & opposé à indéfini. Finitus, circumscriptus. Tous les corps ont un lieu défini, occupent des espaces définis & bornés.

Défini, Terme de Grammaire. Article, ou prétérit, qui a une signification précisé & déterminée. Definitus. Il n’y a qu’un article défini : le pour le masculin, & la pour le féminin. Dans ces phrases, la volonté du Roi, la maison de la Reine, j’ai dit au Roi, &c. les articles, la, du, de la, au, sont articles définis : ils marquent quelque chose de défini, de fixe & de déterminé ; au contraire quand on dit la qualité de Roi, le rang de Reine, l’article de ne marque rien de déterminé, il signifie seulement un Roi, ou une Reine en général ; c’est pour cela qu’on l’appelle article indéfini. Voyez Article, & Indéfini. Le prétérit parfait défini, marque un temps passé : j’ai aimé. Quelques Grammairiens l’appellent indéfini, & donnent le nom de défini au prétérit parfait j’aimai. Peu importe pourvu qu’on entende bien la valeur de ces prétérits, & qu’on ne se trompe point dans l’usage qu’on en fait. Voyez Aoriste.

DÉFINITEUR. s. m. Terme usité dans plusieurs Ordres Religieux. Ce mot signifie, celui qui est Assesseur ou Conseiller d’un Général, ou d’un Supérieur, dans quelques Monastères. Definitor. C’est aussi le nom qu’on lui donne en Latin. On diroit mieux Consultor. Dans les Ordres Religieux, du moins dans quelques-uns, les Définiteurs sont pour le rang au dessous du Supérieur du Couvent où ils demeurent, quand ils sont dans ce Couvent ; ailleurs les Définiteurs ont le pas sur leur propre Supérieur, qui cesse de l’être à leur égard quand il est hors de son Couvent. Les Définiteurs sont aussi soumis dans ce Couvent où ils demeurent, au Supérieur immédiat de ce Couvent dans les choses qui regardent la discipline Religieuse ; mais ils ne leur sont pas soumis dans les autres choses.

DÉFINITIF, ive. adj. Qui termine, qui décide le fonds d’une question. Decretorius. L’Eglise a donné un jugement définitif sur cet article de Foi.

Définitif, terme de Palais, par lequel on entend un jugement qui décide & termine entierement la contestation qui étoit entre les parties : bien différent, comme l’on voit, du jugement préparatoire, autrement appelé interlocutoire, qui décide seulement quelque chose antérieure, pour l’instruction, avant que de parvenir au jugement définitif. Sentence définitive. Arrêt définitif.

On trouve diffinitif dans l’Ordonnance de 1670. pour les matières criminelles ; dans l’Edit du Roi (Louis XV.) de mil sept cent seize, portant érection d’une Chambre de Justice dans le recueil des pièces, concernant les différends des Pairs de France avec les Présidens à mortier du Parlement de Paris. Malgré ces autorités, l’usage est pour définitif & définitivement.

☞ En définitive. adv. Terme de Palais : définitivement, par jugement définitif. Decretorio judicio. On perd des affaires par provision, qu’on gagne en définitive.

DÉFINITIF, ive. Tuilage définitif. Terme de Manufacture de lainerie. C’est la dernière façon que les Tondeurs donnent à l’étoffe.

DÉFINITION. s. f. Décision d’une autorité supérieure. Decretum. La définition de l’Eglise, ou du Concile, d’un Chapitre, &c. Dans cette derniere phrase définition signifie un arrêté.

Définition, en Logique, est l’explication de la nature d’une chose, un discours qui explique ce qu’une chose est, ou qui détaille les attributs par lesquels la nature d’une chose est déterminée. Ces principaux attributs sont le genre & la différence. Voyez ces mots.

☞ On demande ordinairement trois choses pour qu’une définition soit bonne. 1o. Qu’elle soit claire, c’est-à-dire, qu’elle donne une idée claire & distincte de la chose définie : 2o. qu’elle soit universelle ou adéquate, c’est-à-dire, qu’elle convienne à tout ce qui est contenu dans l’espèce définie : 3o. qu’elle soit propre ou particulière à la chose définie, afin qu’elle serve à faire distinguer la chose définie d’avec toute autre.

☞ Il y a deux sortes de définitions, l’une nominale ou de nom, qui explique le sens ou la signification propre d’un mot, l’autre de chose, dont on vient de parler, qui détaille les principaux attributs d’une chose, pour en faire connoître la nature. Definitio nominis, definitio rei.

On ne peut avoir une idée distincte d’une chose, qu’en employant beaucoup de mots pour la désigner & pour la définir. Mais, parce qu’il seroit importun de répéter cette suite de mots qui composent une définition, on a attaché à un seul mot l’idée qu’on a conçue, & qui tient lieu de toutes les autres. C’est pourquoi toutes les fois qu’on se sert du mot qu’on a défini, il faut substituer mentalement la définition en la place du défini, & avoir ces deux choses tellement jointes & inséparables dans la pensée, qu’aussitôt que le discours exprime l’une, l’esprit y attache immédiatement l’autre. En suppléant ainsi la définition entière aux termes courts, on abrège le discours, que de fréquentes circonlocutions pour expliquer chaque terme, rendroient ennuyeux. Port R. La plupart des définitions d’Aristote sont défectueuses, & si peu propres à faire comprendre la nature des choses, que le Chancelier Bacon avoit raison de dire qu’elles sont semblables à celle qu’on feroit de l’homme en le définissant un animal qui laboure la terre. Id. Les noms sont en la bouche du peuple des définitions abrégées, comme les définitions sont dans les écrits savans des noms expliqués. Pélisson.

Définition, en Mathématique. C’est l’explication du sens d’un mot : comme quand on dit, qu’il faut entendre par cercle, une figure dont tous les points à la circonférence sont également éloignés du centre.

Définition, en Rhétorique, mérite plutôt le nom de Description que de Définition. Voyez Description.