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dermonde, mais en François nous disons toujours Dendremonde. La Seigneurie de Dendremonde est un pays dont Dendremonde est capitale, & qui est assez étendu. Elle confine avec le vieux bourg de Gand & les pays d’Alost, de Boruhein, de Waës. L’Escaut la divise en deux. Quelques-uns comme le Père Daniel dans son Hist. de Fr. T. II. p. 344. écrivent Dendremonde.

DENDRITE. s. m. L’Acad. dit féminin. Dendrites. Les Dendrites sont des pierres blanches, ou grises, sur lesquelles on voit des accidens qui représentent des branches, des arbres, des arbrisseaux, des buissons, &c. Ces dendrites ne sont point des plantes-pierres. Car 1o. les rameaux des arbres peints en miniature sur les dendrites ne sont jamais confondus l’un avec l’autre, ni repliés l’un sur l’autre, comme sont souvent ceux des plantes-pierres. 2o. Une autre différence du dendrite & de la plante-pierre, c’est que le feu ôte au dendrite ses figures sans le dissoudre, ce qu’il ne fait à la plante-pierre qu’en la réduisant en cendre. Cela prouve que les figures du dendrite sont extérieures, qu’elles sont l’effet d’une couleur appliquée naturellement sur cette pierre. Il y a des dendrites dont les couleurs résistent long-temps au feu, & ne s’effacent que par un commencement de calcination, mais il y en a peu. Si l’on fait couler de l’huile entre deux marbres polis appliqués l’un à l’autre, quand on les sépare, la liqueur se partageant, son impression forme diverses figures semblables à celles qu’on voit sur le dendrite, & dont la ramification commence toujours du côté par lequel on a commencé à séparer les marbres. Ainsi les figures du dendrite sont formées par une liqueur bitumineuse qui s’insinue entre les couches de pierre : & en effet il sort du dendrite mis au feu une odeur de bitume. Cette liqueur au reste sort du dendrite même, & se filtre au travers de ses pores, & c’est le froid & la pression des couches supérieures qui la fait sortir. Il y a des dendrites que les figures pénètrent entièrement ; d’autres où les figures ne pénètrent que jusqu’au milieu, ou moins encore.

DENDROÏDE. s. f. C’est le nom d’une plante qui croît comme les arbres. Blancard cité par James.

DENDROPHORE. s. m. Qui signifie proprement Porte-arbre. Qui porte un arbre. On appeloit ainsi chez les Payens ceux qui, dans certains sacrifices, portoient des arbres par la ville. Dendrophorus. Voyez Dendrophorie. Le Code Théodosien, de pagan. sacr. & temp. L. 20. parle de certains lieux qu’avoient les Frédiens & les Dendrophores pour y faire des repas, & les confisque. Ce mot se trouve aussi dans les anciennes inscriptions. Voyez Vossius, de Idolol. L. I. c. 10.

Dendrophore, est aussi, dans l’Antiquité, un Artisan. Il y avoit un Corps, ou comme l’on parloit chez les Romains, un Collége de Dendrophores, qui suivoit les armées : on ne sait pas trop quel étoit leur art, & leur fonction. Quelques-uns disent qu’ils faisoient le bois des tentes ; c’est-à-dire, tout le bois qui servoit à élever les tentes. D’autres disent que c’étoient ceux qui fournissoient le bois d’ouvrage nécessaire pour la construction des édifices, & des machines de guerre. Saumaise, vers la fin de ses Notes sur la vie de Caracalle par Spartien, avoue que c’étoit-là le sentiment général de tous les Savans de son temps ; mais il soutient avec sa politesse ordinaire qu’ils se trompent tous, & que les Dendrophores des armées n’étoient point différens de ceux des sacrifices, dont nous avons parlé dans l’Article précédent.

DENDROPHORIE. s. f. Cérémonie ancienne des Payens, qui consistoit à porter un ou plusieurs arbres par la ville, dans certains sacrifices, & en l’honneur de quelques Dieux. Dendrophoria. La Dendrophorie se faisoit aux sacrifices de Bacchus, à ceux de Cybèle, & à ceux du Dieu Silvain. Arnobe, L. V. parle de celle qui se faisoit aux sacrifices de la Mère des Dieux. Elle consistoit à porter un pin par la ville. On plantoit ensuite ce pin en mémoire de celui sous lequel Atys, favori de la Déesse, s’étoit mutilé. On couronnoit les branches de cet arbre, parce que Cybèle l’avoit fait ; on entouroit son tronc de laine, parce que la Déesse avoit couvert de laine la poitrine d’Atys, pour la réchauffer, Artémidore, L. II. c. 42. Commodien, Strabon, L. X. parlent de la Dendrophorie.

Ces mots, Dendrophore, & Dendrophorie, sont Grecs, composés de δένδρον, arbre, & φέρω, je porte.

DÊNE. Bourg du Comté de Glocestre en Angleterre. Dania. Les Anglois écrivent Déan. La forêt de Dêne est une forêt d’Angleterre qui prend son nom de ce bourg, qui y est situé, & qui occupe la partie du Comté de Glocestre qui est au couchant de la Saverne.

DÉNÉBALÉZET. s. m. C’est le nom d’une étoile fixe de la première grandeur, qui s’appelle autrement queue de Lion. Voyez ce mot.

DÉNÉGATION. s. f. Terme de Jurisprudence. Action par laquelle on dénie en Justice la vérité de quelque chose. Negatio. On interroge plusieurs fois un accusé, pour voir s’il persiste dans ses confessions, ou dénégations. Une écriture privée se contredit par une simple dénégation. On dit aussi déni en ce sens.

☞ On appelle aussi dénégation une exception par laquelle on nie formellement le fait énoncé par le demandeur. Par exemple, si un Seigneur agit contre son vassal pour raison de ses droits, & que le vassal désavoue son Seigneur, ce sera en proposant une exception dénégatoire.

Dénégatoire, (exception), Voyez l’Article précédent.

DÉNERAL. s. m. Terme de Monnoie. C’est une plaque ronde servant de modèle aux Monnoyeurs pour faire une espèce de la grandeur & du poids qu’il faut. Specimen monetæ fabricandæ.

Les dénéraux sont des poids dont les Ouvriers & les Tailleresses sont obligés de se servir pour ajuster les flancs du poids juste des espèces à fabriquer, & dont les Juges-Gardes sont aussi obligés de se servir pour peser les espèces nouvellement monnoyées, avant que d’en faire la délivrance au maître. Chaque dénéral doit être étalonné sur le fort de l’espèce, en sorte que le trébuchant y soit compris. On l’appeloit sous Philippe-le-Bel fiarton. Boizard.

DÉNI. s. m. Refus d’une chose due. Negatio, denegatio. Le déni qu’on fait des alimens à son pere, est une ingratitude punissable. On dit au Palais, déni de Justice, déni de renvoi. Il faut faire trois sommations à un Juge subalterne, avant que d’appeler comme de déni de Justice, comme le prescrit l’Ordonnance de 1667. art. 4. du tit. 25. Déni de justice, se dit lorsqu’un Juge rejette une requête qui lui est présenté juridiquement, ou lorsqu’il refuse de donner son jugement sur une affaire dont il est juge, & qui est en état d’être jugée. Dans ce cas il est permis de prendre le Juge à partie, & d’appeler du déni de justice pardevant le Juge supérieur.

☞ Le déni de justice dans le Tribunal Ecclésiastique, n’est pas un moyen d’appel simple, mais un moyen d’abus qui en attribue la connoissance aux Parlemens.

Déni de renvoi ou d’incompétence est le refus que fait un Juge d’admettre la demande en renvoi, qui lui est faite par l’une des parties, pour raison d’incompétence, ou de quelque privilège. Dans ce cas il est permis à la partie, dont la demande en renvoi n’est pas admise, d’appeler par devant le Juge supérieur, comme de déni de renvoi, ou d’incompétence.

Déni d’alimens. Voyez Aliment, Alimentaire.

☞ Le mot de déni n’a guère d’usage que dans ces trois phrases.

DÉNIA. Petite ville d’Espagne sur la côte de Valence, à quelques lieues au nord d’Alicante. Dianium. Cette ville a eu un Evêque. Dénia est aussi une petite Isle vis-à-vis de la ville de Dénia. C’est la Planasia des Anciens. Ce nom Dénia vient du mot Latin, qui fut apparemment donné à ces lieux, parce qu’ils étoient consacrés à Diane.