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grande bataille qu’y gagnèrent les François en 1712. le 14e. Juillet. Dénin est sur le chemin de Valenciennes à Douay.

DENIS. s. m. Nom d’homme. Dionysius. Saint Denis l’Aréopagite fut convent par S. Paul, comme il est rapporté par S. Luc dans les Actes des Apôtres, Ch. XVII. v. 34. On a cru long-temps que S. Denis Aréopagite, étoit S. Denis Evêque de Paris ; mais enfin le P. Sirmond montra dans la Dissertation De duobus Dionysiis, que ces deux Saints croient fort différens, & depuis ce temps-là les plus éclairés n’en ont point douté. On a cru de même très-longtemps que les livres attribués à S. Denis l’Aréopagite étoient effectivement de lui ; il est même encore des gens qui soutiennent cette opinion, mais le sentiment contraire est plus généralement reçu. Le P. le Quien, Dominicain, prétend même, dans sa nouvelle édition de S. Jean Damascène, que ces livres sont l’ouvrage d’un hérétique Monophysite. Ce qui est certain, c’est qu’on n’en trouve aucune mention avant le VIe siècle & que les premiers qui les produisirent, sont les hérétiques Sévériens, dans une conférence tenue en 532. dans le Palais de l’Empereur Justinien à Constantinople entre les Evêques Catholiques & eux. Pour S. Denis, Evêque de Paris, il vivoit dans le IIIe siècle, & l’Auteur de la vie, de S. Saturnin, Grégoire de Tours, Fortunat & Usuard, en parlent. Voyez aussi M. de Launoy, De duobus Dionysiis. Il y a plusieurs autres Denis, tant Chrétiens que Payens, que l’on distingue par des surnoms, & qu’il est bon d’apprendre ici à distinguer.

S. Denis d’Alexandrie étoit Patriarche de cette ville au milieu du IIIe siècle. C’est lui qui combattit Sabellius, & qui rejetant le terme de consubstantiel au sens de cet hérésiarque, fut toujours très-conforme aux décisions que fit le Concile de Nicée, le siècle suivant, ainsi que S. Athanase le prouve invinciblement contre les Ariens.

S. Denis de Corinthe, est un Evêque de Corinthe au IIIe siècle, qui écrivit quelques lettres, dont Eusèbe nous a conservé des fragmens, qui nous apprennent des traits singuliers de l’histoire Ecclésiastique, par exemple, que S. Pierre souffrit le martyre à Rome, que S. Denis l’Aréopagite fut Evêque d’Athènes, &c. S. Denis Evêque de Corinthe écrivit des lettres à l’Eglise Romaine, aux Lacédémoniens, aux Athéniens, aux Nicomédiens, aux Amastriens, à l’Eglise de Gortyne, aux Gnossiens & à Chrysophora.

S. Denis Pape est contemporain des deux précédens.

Denis de Milan gouvernoit cette Eglise vers l’an 350. & les suiv.

Denis le Petit, en Latin Dionysius Exiguus, ainsi surnommé pour sa taille, étoit un Moine Scythe, qui fut Abbé, & fleurit au commencement du VIe siècle & jusqu’en 540. Il est fameux, non-seulement par une Collection des Canons, & deux Lettres sur la Pâque écrites en 525. mais encore pour avoir introduit l’usage de notre ère vulgaire, & la manière de compter les années par Jesus-Christ.

Denis le Grand étoit confesseur du Roi Jean, qui lui donna l’Evêché de Senlis.

Denis le Chartreux, qui se nommoit Denis de Kikel, parce qu’il étoit natif de Kikel, petit bourg du Diocèse de Liège, s’est distingue dans le XVe siècle par un grand nombre d’ouvrages. Son attachement à l’Oraison lui fit donner le surnom de Docteur extatique.

Denis le Tyran. Quoiqu’il y ait eu trois Denis Tyrans, l’un tyran d’Héraclée dans le Pont, contemporain d’Alexandre le Grand ; & les deux autres de Syracuse, l’un qui vivoit environ 400 ans avant J. C. & l’autre fils & successeur de celui-là, & qui fut surnommé pour cela Denis le jeune ; cependant quand nous disons Denis le Tyran, nous entendons Denis I. Tyran de Syracuse, père du second, qui chassa les Carthaginois de Sicile, & fut si fameux par ses défiances & ses soupçons continuels, qui sur le trône lui firent mener la vie du monde la plus misérable.

Denis d’Halicarnasse, Historien, Auteur des Antiquités Romaines que nous citons quelquefois, vivoit sous Auguste.

Denis le Géographe, que nous citons aussi quelquefois, étoit de Carax, & a fait une Géographie en vers Grecs, sur laquelle Eustathius a donné de fort bonnes Notes. Vossius prétend qu’il fut envoyé par Auguste pour visiter les Provinces d’Orient, & lui en dresser des mémoires, avant que d’y envoyer C. César. Voss. de Poët. Gr. C. 9.

Il y a encore un très-grand nombre d’hommes du nom de Denis ; mais moins connus, & dont les noms sont moins dans l’usage.

Dans le style badin & comique on appelle quelquefois Bacchus Denis, parce que les Grecs le nomment Dionysius, Διώνυσος, que Vossius De Idol. L. I. C. 19. p. 76. croit s’être fait de Διὸς υἱός, fils de Jupiter, en transposant le premier ς après le υ, & en mettant aussi l’ι devant cet υ, & changeant ensuite cet ι en ν : de sorte que Bacchus ait été appelé fils de Jupiter Διὸς υἱός, comme Castor & Pollux Διόσκουροι. Il confirme cette conjecture, parce qu’il prétend que le nom de Liber qu’on donne encore à Bacchus, signifie non pas Libre, celui qui donne la liberté, qui délivre des soins, comme on le croit communément ; mais fils, comme Proserpine est appelée Κόρη, fille, parce que l’un & l’autre sont enfans de Jupiter.

Saint-Denis, ou Saint Denis en France. Ville de l’Île de France à deux lieues au nord de Paris. Catolacum. Vicus Catuliacus, ou Catolacensis. Dionysopolis. Sancti Dionysii fanum. On prétend que c’est l’ancien Catuliacus Vicus. L’Abbaye de S. Denis est une Abbaye de Bénédictins très-ancienne. On avoit dit jusqu’ici qu’elle avoit été fondée par Dagobert I. au VIIe siècle ; & le P. Mabillon lui-même s’en est tenu là dans ses Annales des Bénédictins, L. XII. n. 3. mais le P. Félibien, autre Bénédictin, qui imprima en 1706. l’histoire de cette Abbaye, prétend qu’il y avoit des Moines dès avant Dagobert. C’est dans cette Abbaye qu’est la sépulture de nos Rois. Le trésor S. Denis, c’est le trésor de cette Abbaye. La plaine de S. Denis, est la campagne qui est entre Paris & S. Denis. La porte S. Denis, est celle par où l’on sort de Paris pour aller à S. Denis. La rue S. Denis, celle qui va du Grand Châtelet à cette porte. Les talmouses de S. Denis ; c’est une espèce de gâteau qui se fait meilleur là qu’ailleurs. La chopine, la pinte, le pot de S. Denis, ce sont des mesures de la ville de S. Denis, beaucoup plus grandes que celles de Paris. Ce tonneau tient tant de pintes mesure de S. Denis. C’est environ le double de celle de Paris. La Foire de S. Denis, est une Foire qui se tient à S. Denis le 9 d’Octobre, fête de S. Denis.

Chanoines Réguliers de S. Denis de Reims. Ce sont des Chanoines Réguliers qui en 1067. furent établis à Reims par l’Archevêque Gervais, pour relever une Abbaye bâtie par Hincmar sous Charles le Chauve, & ruinée depuis pendant les guerres. Ils furent réunis à la Congrégation de France, ou de Sainte Géneviève en 1633. Ce sont les derniers qui ont retenu l’ancien habit des Chanoines, c’est-à-dire, le grand surplis qui descendoit jusqu’à terre, & l’hiver la chappe par-dessus sans aucune ouverture pour passer les mains. Hist. des Ord. Mon. & Relig. P. II. C. 60.

La Congrégation de S. DENIS. C’est une Congrégation de Bénédictins qui fut établie en France vers 1580. en conséquence du Décret du Concile de France, qui oblige les Monastères immédiatement soumis au S. Siège de s’unir en Congrégation, s’ils n’aimoient mieux se résoudre à la visite des Ordinaires. Elle étoit composée de l’Abbaye de S. Denis en France, qui lui donnoit le nom comme le Chef-lieu, de celle de Saint Pierre de Corbie, de S. Magloire de Paris, de S. Pierre de Chartres, de Bonnevas, de Coulombs, de Josaphat, de Neaufle-le-viel, de