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de S. Lomer de Blois, & de Monstierender. Paul V. la confirma l’an 1614. sous le nom de Congrégation de S. Denis, & donna à tous les Monastères immédiatement soumis au S. Siége la liberté de s’y associer. Elle a été anéantie par la Congrégation de S. Maur à qui leurs maisons ont été données. Voyez le P. Hélyot, T. V. C. 18.

S. Denis Mont-joye, ou Mont-joie S. Denis étoit autrefois le cri des François dans les batailles. Raoul de Prêles, & après lui Du Chêne, dans ses Antiquités & Recherches des Villes de la France, P. I. C. 33. disent que l’origine de ce cri fut la bataille de Tolbiac, dans laquelle Clovis se trouva en grand danger, s’adressa à S. Denis, disant, S. Denis mon jove, ou S. Denis mon joye.

DENISE. s. f. Nom de femme. Dionysia. Il y a une Sainte Denise martyrisée au Ve siècle en Afrique dans la persécution des Vandales. On appelle encore Denise les femmes qui ont cette Sainte, ou S. Denis pour Patron.

DÉNOMBREMENT. s. m. Compte & détail des personnes ou des choses. Enumeratio, census. Il a fait le dénombrement de tous les cas où les Juges peuvent recevoir des présens. Pasc. César avoit ordonné qu’on fît la description, le dénombrement du monde, ou plutôt du peuple sujet à son Empire, quand le Sauveur prit naissance. Bien d’habiles gens croient que ce dénombrement, dont parle S. Luc, ne fut point universel, mais seulement un dénombrement de la Judée, Voyez le Traité que Perizonius a fait De censu Judaïco, & Bergier, De viis milit. 1 Sect. 12. §. 8. &c. On faisoit souvent à Rome le dénombrement des familles. Ces dénombremens furent institués par Servius Tullius, qui fit le premier, qui ne fut que de 80 mille hommes. Pompée & Crassus en firent un qui fut de 400 mille hommes. Celui de César ne fut que de 100 000 hommes. Ainsi la guerre civile avoir fait périr 300 000 citoyens Romains. Auguste fit faire le dénombrement des citoyens de Rome qui montoient à 4 millions 63 mille. Il commença celui-ci l’année 725 de Rome, & ne l’acheva que l’année suivante. Tillem. L’an 746. on fit encore le dénombrement des citoyens Romains, qui se trouva monter à quatre millions 233 000. Id. La dernière année de sa vie 766 de Rome, Auguste acheva encore avec Tibère le dénombrement des citoyens Romains, dont le nombre se trouva monter à quatre millions 137 mille personnes. Id. Tacite rapporte à l’an 48 de J. C. la conclusion du dénombrement du peuple, c’est-à-dire, des citoyens Romains répandus dans tout l’Empire, fait par l’Empereur Claude. On en compta six millions 964 mille, selon ceux qui en mettent le moins ; d’autres le marquent autrement. Il se trouva alors à Boulogne un homme âgé de 150 ans, comme on le vérifia par les dénombremens précédens, & Claude eut la curiosité de s’en assurer. Après ce dénombrement il n’y en eut point jusqu’à celui que fit Vespasien, qui fut le dernier. Une médaille de Claude très-belle & très-incontestable, mais très-singulière, marque plus précisément le dénombrement fait par Claude, qu’elle appelle Ostensio ; & qu’elle fait monter à sept millions de personnes en état de porter les armes, sans parler des armées qui étoient sur pied, & qui montoient à 50. légions, 157 cohortes, & 60 soldats. Voyez sur ces dénombremens de l’ancien Empire Romain, Robortellus de Magistr. Imp. dans le Trésor des Antiq. Rom. de Grævius, T. III. p. 40. Manutius de Civit. Rom. dans le même Trésor, T. 1. p. 37. Horman. Antiq. Rom. XI.

Dénombrement, en termes de Rhétorique, se dit de la division des parties d’un discours, & sur-tout dans une narration où l’on fait mention en détail des choses qui servent au sujet. Enumeratio. Cet Orateur a fait un long dénombrement de tous les crimes qu’il reproche à sa partie.

Dénombrement, en termes de Jurisprudence Féodale, se joint toujours à aveu, & se dit de la déclaration qu’on fait au Seigneur dominant de tous les fiefs, droits & héritages qu’on reconnoit & avoue tenir de lui. Le mot d’aveu regarde principalement la reconnoissance qui est au commencement de l’acte. Celui de dénombrement se rapporte au détail qui est fait ensuite des dépendances du fief. Le vassal a 40 jours après avoir fait la foi & hommage, pour donner son aveu & dénombrement. Le Seigneur, dans autres 40 jours, peut blâmer le dénombrement qu’on lui a baillé. Les aveus & dénombremens ne font foi en Justice qu’entre les personnes qui les ont baillés, ou reçus. Le dénombrement doit être donné en parchemin, & passé pardevant Notaires. Les dénombremens ne font foi, & ne préjudicient qu’à ceux qui les donnent, & qui les reçoivent. Voyez M. le Prêtre, 3. cent. chap. 47. & 157.

DÉNOMINATEUR. s. m. Terme d’Arithmétique. Il ne se dit qu’en parlant des fractions, & du second terme d’un rapport ou d’une raison. Numerus denominans. C’est le nombre écrit au-dessous d’une ligne, qui marque en combien de parties l’unité est partagée par la fraction : ce qui est exprimé par le nombre de dessus, qu’on nomme le numérateur. Par exemple, font cinq cens cinquante soixante cinquièmes. Ce dernier nombre est le dénominateur. On marque un rapport comme une fraction, en tirant une ligne, & écrivant sur cette ligne le premier terme du rapport, & le second terme sous la même ligne. Ainsi marque le rapport de 6 à 2. De même a b marque le rapport de la grandeur représenté par a à la grandeur représentée par b, & on nomme antécédent le premier terme a, & conséquent le second terme b. On nomme aussi, comme dans les fractions, le premier terme a le numérateur, & le second terme b le dénominateur, & l’on regarde un rapport a b comme une fraction littérale. Reyneau. Scienc. du Calc. p. 18.

DENOMINATIF. adj. Terme qui marque le nom propre de quelque chose. Denominativum nomen ab alio derivatum. La Grammaire a ses termes, appellatifs, dénominatifs, superlatifs, &c.

DÉNOMINATION. s. f. Nom qu’on donne à quelque chose, & qui marque ordinairement quelque qualité qui y domine. Nuncupatio. On dit, en Philosophie, que les choses prennent leur dénomination de ce qu’elles ont de plus considérable. On dit en Mathématiques, réduire des fractions à même dénomination, pour dire, leur donner le même dénominateur. Quand on veut assembler & évaluer plusieurs fractions dont le dénominateur est différent, il faut le réduire à même dénomination. On peut réduire une grande fraction par une plus petite dénomination lorsque le numérateur & le dénominateur peuvent se diviser par un même nombre, &, quand cela ne se peut, il faut conclure que la fraction est à sa plus petite dénomination.

DÉNOMMER. v. a. Terme de Pratique. Nommer & comprendre quelque personne ; ou quelque chose nommément, ou par son nom dans quelque acte ou procédure. Denominare. Cet arrêt n’a point été rendu avec moi, je ne suis ni dénommé, ni compris dans les qualités. On n’oseroit dénommer ni comprendre personne dans un monitoire qu’on publie. Ce legs est dénommé & désigné expressément dans ce testament. Si les Etats… ne sont pas fidèles & que ceux qui sont dénommés aux trois précédens articles aient obmis frauduleusement quelques-uns de leurs effets. Art. X, de la Déclaration du Roi concernant les Justiciables, &c. du 17 Mars 1716.

Dénommé, ée. part pass. & adj. Denominatus.

DÉNONCER, v. a. Faire savoir par un acte, ou cri public, ce qu’on veut faire connoître au peuple, aux étrangers. Denunciare. Dénoncer la guerre, la paix, la publier. Dénoncer une fête. Dénoncer un excommunié. On dénonce ceux qui sont excommuniés, afin qu’étant connus, on leur réfuse l’entrée de l’Eglise & la participation aux saints mistères, & afin que les autres Fidèles n’aient point de communication avec eux ; si ce n’est dans les cas exceptés.

Dénoncer, se dit aussi de tout ce qu’on déclare à