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DEP

cation, qu’en quelques lieux de Provence & de Dauphiné.

☞ DÉPOSSÉDER. v. a. Oter à quelqu’un la possession d’une chose. Aliquem alicujus rei possessione dejicere, depellere. On l’a dépossédé de sa charge, de sa maison, des biens qu’il avoir acquis à la campagne.

On dit aussi, déposséder d’une charge, soit qu’on chasse un Officier pour malversation, soit qu’on le fasse recevoir en sa place sur sa résignation. Un Officier jouit de ses gages jusqu’à ce qu’il soit dépossédé. Un Officier n’est réputé dépossédé que par le soit montré qui est mis sur la requête de son résignataire pour demander la réception. Un bail judiciaire dépossède un Seigneur de sa terre, suivant l’Ordonnance. Celui qui prend possession d’un Bénéfice pour le contester, ne dépossède pas pour cela le Titulaire, jusqu’à ce qu’il y ait jugement pour la pleine maintenue.

Dépossédé, ée. part. Le Roi de son pouvoir se voit dépossédé. Rac. Depulsus, dejectus, deturbatus.

DÉPOSSESSION. s. f. Action par laquelle on dépossède. La dépossession actuelle est nécessaire en matière bénéficiale, quand on a un jugement définitif à son profit, de peur de donner lieu à la confidence.

☞ Ce mot n’est employé qu’en style de pratique.

Dépossession, se dit aussi de la délivrance qu’on fait en vertu des exorcismes, d’une personne qui est tourmentée de l’Esprit malin. Liberatio. Cette femme a vécu tranquillement depuis sa dépossession.

DEPOSTER. v. a. Terme de Guerre. Chasser l’ennemi d’un poste qu’il occupoit. Ejicere, pellere. Les Gendarmes & les Chevaux-Lègers furent commandés pour aller déposter l’ennemi de-là. En moins d’une demie-heure de combat l’ennemi fut déposté. On dit plus ordinairement chassé. Déposter n’est en usage que parmi les gens de guerre ; mais parce qu’il abrège le discours, & qu’il est fort commode, il mérite de faire fortune.

Il est formé de poster, qui veut dire placer, mettre, établir des gens, des soldats, des troupes quelque part, & de la particule de, qui a souvent dans la composition la force de détruire la signification du mot simple auquel elle est ajoutée, comme dans désagréable, défaire, &c.

☞ DÉPÔT. s. m. Depositum. Ce mot signifie ce qu’on a confié, mis entre les mains de quelqu’un, pour le garder & le rendre à la volonté de celui qui l’a donné. Il signifie aussi l’action de déposer, la loi du dépôt, c’est-à-dire, la convention faite lors du dépôt. Dans le premier sens, on dit garder religieusement un dépôt, abuser d’un dépôt, nier un dépôt. Un Dépôt est une chose sacrée. Dans le second, on dit que le dépôt est un contrat de bonne foi. Violer la foi du dépôt. Dépôt volontaire. Dépôt judiciaire.

Le dépôt se divise en dépôt simple, & en dépôt judiciaire. Le dépôt judiciaire est la chose contestée entre plusieurs personnes, & déposée en main tierce par ordonnance.

☞ Le dépôt volontaire est celui qui se fait de pleine volonté, sans qu’il y ait aucune nécessité qui oblige le déposant de donner la chose à garder. Ce dépôt provenant uniquement du choix de celui qui le fait, est moins favorable que le dépôt nécessaire.

☞ Le dépôt nécessaire est celui qui ne se fait point de pleine & entière volonté, mais par une espèce de nécessité, qui oblige le déposant de donner la chose à garder au premier venu qu’il rencontre, à cause de quelque cas fortuit, comme pour incendie, naufrage ou tumulte. Celui qui dénie le dépôt fait dans un cas de nécessité, est, suivant les Loix Romaines, condamné à la restitution du double ; ce qui n’a pas lieu pour le dépôt volontaire.

☞ La raison de cette diffèrent est que, dans le dépôt volontaire, on a le temps & la liberté de choisir une personne en qui l’on ait confiance, & même de faire constater le dépôt par écrit. Mais, dans le cas de nécessité, on n’a pas le même avantage. Et c’est pour cela que les Loix Romaines, pour punir la perfidie du dépositaire, l’obligeoient en ce cas à la restitution du double, pour avoir voulu profiter du malheur d’une personne qui étoit déjà affligée d’un fâcheux accident.

☞ Ces peines du double & du triple & autres semblables, portées par le Droit Romain, ne s’observent pas en France.

Dépôt, se dit aussi des lieux publics où l’on dépose les choses, où l’on met les dépôts ordonnés par justice, & ceux où l’on conserve les actes publics. Locus rerum depositarum custos. Le Greffe est un dépôt public. Le lieu où l’on garde les registres s’appelle le dépôt. Le Bureau des Consignations est un dépôt public pour les sommes d’argent contestées. La Sacristie est un dépôt sacré où l’on garde les Reliques.

☞ On dit aussi qu’on a mis un corps en dépôt dans une Eglise, pour dire qu’on l’y a déposé, en attendant qu’on puisse le porter au lieu destiné à sa sépulture.

Dépôt du sel, se dit des lieux publics ou magasins du sel aux endroits où la Gabelle n’est pas établie ; & on les appelle greniers dans les lieux d’impôt.

Dépôt, se dit figurément des pensées & des secrets. Depositum. Le secret est un dépôt sacré, sur lequel la haine, & l’infidélité même de celui qui nous l’a confié, ne nous donne point de droit. Bouh.

Dépôt, terme de médecine, synonyme à sédiment. Dépôt d’urines. Voyez Sédiment.

Dépôt, en Chirurgie se dit d’un amas d’humeurs qui se fait en quelque partie, qui cause de la douleur, forme des fluxions, des abcès, &c. Les fractures, de quelque nature qu’elles soient, aussitôt qu’elles sont endurcies, ont besoin de la saignée pour empêcher le dépôt sur la partie maltraitée. Dionis. Il se fait quelquefois un dépôt sur le bras saigné, quoique l’opération de la saignée n’y ait point de part. Id.

☞ Les parties sanieuses du dépôt sont formées dans la masse du sang. Celles de l’abcès sont formées dans la partie même.

Dépôt, chez quelques Religieux. C’est le coffre où sont les Archives & l’argent du Couvent. Arca depositi custos.

DÉPOTER, v. a. Terme de Jardinier. Oter une plante, ou quelqu’autre chose d’un pot. Flores ex vase fictili tollere, deplantare. Il est temps de dépoter les fleurs. La Quint. Si je me suis servi de pots, je dépote pendant l’été même, ou au moins l’automne, ou le printemps suivant, je dépote, dis-je, les petits figuiers qui ont bien poussé dans ces pots, pour les remettre avec leur motte dans des caisses de sept à huit pouces. Id.

DÉPOUDRER. v. a. Oter, faire tomber la poudre des cheveux, d’une perruque. Dépoudrer quelqu’un, Dépoudrer sa perruque.

Dépoudré, ée. part.

DÉPOUILLE. s. f. Vêtemens, habits dont on est ordinairement vêtu. Spolium, exuviæ. Un homme en mourant laisse sa dépouille, son linge, ses habits, sa garderobe à son valet de chambre, à sa garde. On l’étend quelquefois à ses meubles & à son bien. Un Abbé a la cotte-morte, la dépouille de ses Moines. Les Ordres Militaires ont la dépouille des Chevaliers quand ils meurent.

Dépouille, est aussi un droit que les Archidiacres lèvent sur les biens meubles des Curés décédés. Les Archidiacres de Paris y ont été maintenus par des arrêts, il y en a un du premier Septembre 1700. Voyez le Traité qui a été fait sur ce droit, il fut imprimé en 1683. Voyez Fra Paolo dans son Traité des Bénéfices. Voyez aussi Déport.

☞ Le mot de dépouille pris pour vêtemens n’est pas d’un grand usage.

☞ On le dit mieux de la peau que certains animaux quittent dans certains temps pour en prendre