En termes d’Artillerie, désarmer un canon, c’est en ôter le boulet.
Désarmer un cheval, en termes de Manège, c’est, tenir les lèvres d’un cheval sujettes, & hors de dessus les barres. Equum freno sensibilem reddere. Lorsque les lèvres sont si grosses, qu’elles couvrent les barres où consiste le sentiment du cheval, il faut lui donner une embouchure à canon coupé, ou des olives pour lui désarmer les lèvres.
☞ Désarmer, Terme d’escrime. C’est ôter l’épée de la main de l’ennemi, Voy. Désarmement.
Désarmer, se dit aussi au figuré & d’une manière noble, & alors il signifie, appaiser. Placare, mitigare. Dieu étoit couroucé contre les Ninivites ; mais leur pénitence le désarma, lui fit tomber la foudre des mains. Un Héros se laisse quelquefois désarmer par les malheureux. Racine. Il n’y a personne que la soumission, le repentir ne désarment. Désarmer la vengeance, faire cesser les mouvemens, les sentimens de vengeance.
Sans doute ce chagrin qui vient de m’allarmer,
N’est qu’un léger soupçon facile à désarmer. Rac.
Je sai que pour te désarmer,
Il suffit de vouloir t’aimer. L’Ab. Tétu.
Désarmé, ée. part. & adj. Les Précieuses dans Molière disent un chapeau désarmé de plumes. On dit aussi au figuré, des yeux désarmés. Racine. Exarmutus, dearmatus.
Désarmé, en termes de Blason, se dit de l’aigle qui n’a point d’ongles. Unguibus mutilus.
DÉSARNIR. v. a. Vieux mot. Désenharnacher.
DÉSARRANGER, v. a. Mettre hors de rang, en confusion. Perturbare, miscere, confundere. Le vent, l’agitation, désarrangent les cheveux. Ce mot n’est point en usage ; on dit déranger.
Désarrangé, ée. part. pass. & adj. Perturbatus, confusus.
DÉSARRIMER. v. a. C’est changer l’arrimage, ou l’arrangement qu’on avoit fait de la charge du navire.
DÉSARROI. s. m. Désordre d’un train, d’un équipage ; pauvre & misérable état, confusion dans les affaires ; renversement de fortune, déroute. Clades, strages, perturbatio, dissipatio exercitûs. Il s’emploie avec les proportions en & dans. Toute cette maison florissoit beaucoup ; mais elle est maintenant en désarroi. Les nouvelles nous ont appris que l’armée avoit été mise en désarroi. Ses affaires sont dans un grand désarroi. Mettre un homme en désarroi.
Ce mot est un composé d’arroi, dérivé du vieux François desroyer, qui signifioit, comme dit Pasquier, tirer hors de voye ou de roye, qu’on disoit autrefois pour orniere, ou sentier. Ce mot de desroyer signifioit aussi, devenir fou, parce que les fous s’égarent, & ont l’esprit en désarroi. Ce mot n’est que du style familier.
La mort en faisant sa tournée,
Chemin faisant passa chez moi,
Elle y trouva la fièvre accompagnée
De tous les maux qu’elle traîne après soi.
J’etois en triste désarroi,
Pâle, défait, la face décharnée,
Les yeux éteints, enfin prêt à partir.
☞ DÉSASSEMBLER. Séparer ce qui étoit assemblé. Il n’est point d’usage en parlant des personnes. On ne diroit pas aujourd’hui désassembler un Concile, une Diète.
☞ Ce mot se dit particuliérement des ouvrages de Menuiserie & de Charpenterie, & signifie séparer les pièces d’un ouvrage d’assemblage. Dissolvere, disjungere. On a désassemblé cette charpente, cette paire d’armoires, ces tablettes à livres. Toutes les fois qu’on transporte des grues & des engins, il les faut désassembler. On désassemble les barques qu’on veut porter en fagot, pour les rassembler sur le lieu.
☞ On dit désassembler pour les constructions de bois, & démonter une machine de quelque métal. Voy. Démonter.
DÉSASSIÉGER. v. a. Faire lever le siège d’une ville. Cogere aliquem ad solvendam obsidionem, urbem obsidione solvere. Ce mot se trouve dans Nicot ; mais il est hors d’usage, quoiqu’il n’ait rien de choquant, & qu’il semble assez nécessaire.
DÉSASSORTI. ie. adj. Se dit des choses qui sont dérangées, déplacées, ou tellement changées qu’elles ne font plus le même effet, qu’elles faisoient avant leur changement & leur dérangement, lorsqu’elles étoient assorties.
Si de ce grand tout les parties
Par le temps sont désassorties,
On verra tomber tout soudain
La fabrique du corps humain. Le Duc de Nevers.
Désassorti, ie. Terme de Librairie ; qui se dit d’un ouvrage auquel il manque quelque partie ou quelque tome. Imperfectus, a, um. Un livre, un ouvrage désassorti ne doit point se vendre autant que s’il étoit entier & bien assorti.
Désassorti. Déréglé. Il s’en faut bien que les animaux soient désassortis dans leurs actions comme les hommes. Abbé Pic. Mauvais style.
DÉSASSORTIR, v. a. Oter ou déplacer quelqu’une des choses qui avoient été assorties. Désassortir des livres, désassortir des porcelaines.
DÉSASSURER, v. a. Rendre un homme incertain, d’assuré qu’il étoit. Incertum facere, reddere. Il est hors d’usage. Quelques-uns voudroient le rétablir, parce qu’il est nécessaire pour exprimer que l’on ôte quelqu’un de la certitude où il est, & qu’on la fait douter d’une chose dont il ne doutoit point auparavant. Dissuader, où désabuser, signifie davantage ; mais ils n’expriment point cet état d’incertitude, où l’on a mis celui qui est ébranlé, sans être désabusé.
DÉSASTRE. s. m. Grand malheur, événement fâcheux qui accable quelqu’un. Calamitas, infestus casus. Le malheur s’applique particulièrement aux événemens de fortune & de choses étrangères à la personne. L’accident regarde proprement ce qui arrive dans la personne. Le désastre dit quelque chose de plus général. On dit un désastre affreux. C’est un malheur de perdre son argent ou son ami. C’est un accident de tomber, d’être blessé. C’est un désastre de se voir tout-à-coup ruiné & déshonoré dans le monde. Syn. Fr. Ce mot est composé du mot astre, & de la particule des ; comme qui diroit mauvais astre.
☞ DÉSASTREUX, euse. adj. Funeste, malheureux. Infelix, calamitosus, funestus. Ce mot est vieux, & n’a plus d’usage dans le langage ordinaire : mais il s’emploie avec grâce en Poësie & dans le style soutenu. O nuit désastreuse ! ô nuit effroyable, où retentit tout-à-coup comme un éclat de tonnerre, cette étonnante nouvelle, Madame se meurt, Madame est morte ! Bossuet. Le Gentilhomme crut qu’il n’y avoit plus rien à attendre pour lui qu’une mort désastreuse & un malheur éternel. Bouh. Xav. Liv. III.
DÉSATREMPÉ, ée. adj. Vieux mot, qui signifie excessif, démesuré. Douaire désatrempé.
Ce mot vient d’atrempence, qui signifie modération ; ainsi désatrempé veut dire, qui n’a point d’atrempence, de modération, qui passe les bornes.
DÉSATRISTER. v. a. Dissiper la tristesse. Elle met tous ses soins à le désatrister. Poëme de Cartouche. L’autorité n’est pas bien respectable.
DÉSATTELER. Voyez DÉTELER.
DÉSAVANCER. v. n. Reculer. Regredi, retrogredi. Vieux mot.
☞ DÉSAVANTAGE. s. m. Dommage, préjudice. Damnum, detrimentum. Un Magistrat ne doit rien faire au désavantage du peuple. L’affaire s’est passée à mon désavantage.
