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port, d’une rade. Ancoras tollere. Nous allons partir, il faut désancrer.

☞ DÉSAPOINTER. v. a. Oter les appointemens. Oter du rôle, de l’état, des Officiers ou des Soldats entretenus. Ex albo stipendiati delere. On a désapointé plusieurs Officiers réformés, on leur a ôté leurs appointemens. Ce mot est vieux.

Désapointer, signifioit encore autrefois, destituer. Arnoul de Corbie, Chancelier de France, desapointé durant les troubles des Maisons d’Orléans & de Bourgogne, & en son lieu l’an 1313. fut mis Eustache de Laistre. Eloge des Prem. Présid. par l’Hermite, Souliers & Blanchard.

Désapointer, ou Désempointer, une pièce d’étoffe. v. a. Terme de Commerce. Couper les points de fil ou de ficelle, qui tiennent en état les plis de la pièce.

Désapointé, ée. part.

DÉSAPPAREILLER. Plus communément Dépareiller. v. a. Séparer ce qui étoit apparié ou pareil. Comparem tollere. Il se dit particulièrement des habits & des meubles. Dépareiller des bas, des souliers. Désappareiller des gants, des manchettes. On m’a volé un chandelier, cela m’a dépareillé les autres. Il lui est mort un cheval de carrosse, il veut vendre l’autre parce qu’il est désappareillé.

Désappareiller, Terme de Marine, signifie le contraire d’appareiller.

Désappareillé, ée. part.

DÉSAPPETISER. v. n. Faire perdre l’appétit. Fastidium inducere. Les viandes mal-propres & mal-apprêtées désappétissent les gens. Ce malade ne se remettra point, tant qu’il sera ainsi désappetisé. Ce mot n’est point usité, même dans le style familier.

DÉSAPPLIQUER. v. a. Faire perdre l’application, l’attention qu’on a à quelque chose. Retrahere alicujus animum ab aliquâ re. Le temps me désappliquera des objets qui m’occupent Port-R. Le jeu des Echecs attache si fort, que, pour peu qu’on se désapplique, on fait quelque faute. Le P. Bouhours dit que ce mot ne plaît point aux Maîtres de la langue, & qu’il aura bien de la peine à s’établir. Il ne paroît pas avoir fait fortune depuis ce jugement du P. Bouhours.

DÉSAPPRENDRE, v. a. Oublier ce qu’on a appris, ce qu’on sait. Dediscere. Bien loin que cet écolier profite au Collége, il désapprend tous les jours. Quand on est long-temps sans parler une langue, on la désapprend ; on l’oublie.

Dieu désapprendroit-il à former des talens ?
Les Romains & les Grecs, sont-ils seuls excellens ?

De la Fontaine.

Désappris, ise, part.

DÉSAPPROPRIATION. s. f. Action par laquelle on renonce à la propriété d’une chose. Renunciatio dominii in rem aliquam. Il ne se dit guère que de ceux qui quittent tous leurs biens temporels pour entrer en Religion. Le principal point de la vie régulière, c’est une entière désappropriation, c’est de renoncer à la propriété de toutes choses.

Désappropriation, se prend encore dans un sens plus étroit par les Mystiques. Ils entendent par-là, un amour de Dieu absolument dégagé de tout motif d’intérêt propre, soit pour notre perfection, soit pour notre récompense, même éternelle. Ils veulent une désappropriation sans réserve de tout intérêt dans les vertus, & qu’on ne les exerce que pour la seule gloire de Dieu. Tout ce qui a rapport à nous ou pour la récompense, ou pour devenir plus parfaits, s’appelle propriété, & c’est une imperfection. Fen. La désappropriation est l’opération de la grace qui purifie l’amour, & le rend désintéressé dans l’exercice des vertus. Id. Voy. désapproprier qui suit.

DÉSAPPROPRIER. (Se) v. récip. Renoncer à la propriété de quelque chose, s’en dépouiller. Dominium rei alicujus exuere, deponere. La vraie pauvreté Evangélique consiste à se désapproprier entièrement des biens temporels. Il ne se dit guère que par les Religieux. Dans le style des Mystiques, se désapproprier, c’est se dépouiller de tout intérêt propre dans l’exercice des vertus mêmes, en rapportant tout à la seule gloire de Dieu, n’avoir égard ni à notre perfection, ni même à la récompense éternelle. Fen. Il ne faut pas perdre réellement le fond des vertus sous prétexte de s’en désapproprier. Id.

Désapproprié, ée. part.

DÉSAPPROUVER, ou DÉSAPROUVER, v. a. Condamner, témoigner qu’on n’est pas content de quelque chose. Improbare. L’Eglise désapprouve tous les divertissemens dangereux, les Bals, les Comédies. Cette proposition qu’on a faite en plein Conseil a été généralement désapprouvée. Désapprouver la conduite, les actions de quelqu’un.

Désapprouvé, ée. part.

☞ DÉSARBORER. v. a. Désarborer un mât. Terme de Marine. C’est l’abattre ou le couper. Tollere, dimittere.

☞ DÉSARÇONNER, v. a. Faire perdre les étriers ou les arçons à un Cavalier. Aliquem ex equo dejicere, deturbare. Un cheval, du moindre saut, désarçonne un cavalier qui est sur une selle rase. Il le poussa si vigoureusement, qu’il le désarçonna.

Désarçonner, signifie figurément, mettre en désordre l’esprit ou les affaires de quelqu’un. Confondre quelqu’un, le mettre hors d’état de répondre. Ses argumens étoient si pressans que son adversaire fut bientôt désarçonné.

On le dit encore de ceux qui chassent quelqu’un de quelque charge, de quelque emploi, & qui se mettent en sa place. Il a plaidé long-temps pour conserver cet Office ; mais enfin un tel l’a désarçonné. Tout cela est du style très-familier.

Désarçonné, ée. part.

Désarçonné, en Manège, se dit d’un cavalier que les mouvemens violens font sortir de la selle.

DÉSARGENTER. v. a. Oter l’argent d’une chose argentée. Obductum argentum tollere, corrumpere. Le mauvais air, la puanteur des boues désargente, dédore les meubles argentés & dorés.

☞ Il est plus usité au participe. Flambeau désargenté.

On dit familièrement, Désargenter quelqu’un, pour dire, le dégarnir d’argent.

DÉSARMEMENT. s. m. Action de désarmer. Il ne se dit guère que des Princes, qui licentient leurs troupes, ou qui désarment leurs vaisseaux, qui en mettent les agrès dans les magasins. Discessio ab armis. Désarmement se dit encore de l’inventaire qui se fait de l’état d’un vaisseau, lorsqu’il a été remis dans le port.

Désarmement, Terme d’escrime. Action par laquelle on désarme son ennemi, on ôte l’épée de sa main, en la saisissant par la garde de la main gauche, comme dans le désarmement de tierce & de quarte, ou en frappant, du fort du vrai tranchant de son épée, le fort du faux tranchant de celle de l’ennemi, dans le temps qu’il exécute une estocade de seconde.

☞ DÉSARMER, v. a. Dévêtir l’armure, le harnois de guerre. Arma exuere. Après le combat il alla se faire désarmer, Ce fut son Ecuyer qui le desarma. Armis exuere. Il signifie aussi, ôter, faire quitter les armes à quelqu’un malgré lui. Exarmare aliquem. Armis exuere. Le Gouverneur de la ville désarma les bourgeois. Dans l’action il désarma plusieurs soldats.

On dit absolument, qu’un Prince a désarmé ; pour dire, qu’il a licentié son armée ; que les ennemis désarment, pour dire, qu’ils posent les armes, qu’ils congédient leurs troupes. Arma ponere, deponere.

En termes de Marine, Désarmer un vaisseau, c’est, le dégarnir de ses agrès & de son équipage, le laisser dans le port inutile, & mettre les agrès dans le magasin. Navem instructu suo exuere. On le dit aussi dans une signification neutre. Ce vaisseau désarme.