Dorcet, comme il est écrit sur la Carte de Speed, & que les Anglois appellent Dorcet-Shire, ou avec Speed, Dorcester-Shire, est une Province d’Angleterre, que les Bretons appeloient autrefois Dwrgweir, si l’on en croit Speed ; & que le même Auteur & d’autres encore prennent pour le pays des anciens Durotriges. Dorsetia ; Durotriges. Le Comté de Dorset a au nord ceux de Sommerset, de Wilt ; à l’ouest celui de Devon & une partie de celui de Sommerset : à l’est le Comté de Hant, ou le Hampshire, & au Sud la mer de Bretagne. La capitale est Dorcester. Ce Comté est très fertile ; & l’on en tire quantité de laines, qui sont les meilleures d’Angleterre. Speed lui donne 248 Paroisses. Osmond, Évêque de Salisburi, a été le premier Comte de Dorset. Deux cent quatre-vingts ans après, Richard II. érigea ce Comté en Marquisat, en faveur de Jean de Beaufort, qui en fut dépouillé par Henri IV. pour le donner à titre de Comté seulement à Thomas de Beaufort, frère de Jean. Edmond de Lancastre, fils de Thomas, en fut pourvu après la mort de son père. Il passa ensuite à Thomas Grey, qui fut créé Marquis de Dorset. Ses successeurs en jouirent jusqu’à Henri de Suffolck, qui eut la tête coupée sous le règne de Marie. Jacques I. rétablit ce titre aboli par la mort du Duc de Suffolck, & créa Thomas Sackvil, Comte de Dorset : il subsiste encore dans sa postérité.
Le premier nom qu’a eu ce pays c’est Durotriges, mot purement Britannique, composé de dour, ou dwr, qui, en ancien langage Britannique, signifiant de l’eau ; & de trig, qui vouloit dire habitant Durotrix, habitant de l’eau, c’est-à-dire, de la mer ; Peuple maritime : Aquæ, ou Maris accola. Dans le IXe siècle ce peuple s’appeloit Dwrguir. Les Anglo-Saxons le nommèrent Dorsettan ; d’où s’est formé le nom de Dorset qu’il porte aujourd’hui. Tous ces noms signifient la même chose ; car Setta en Anglo-Saxon vouloit dire habiter ; d’où vient holsatten, habitant des forêts ; & Dweir signifie homme ; Dwr-gueir, homme de mer, Viri maritimi.
DORSTEN. Ville Capitale de Cecklinkausen, en Westphalie. Dorsta. Elle est du domaine de l’Archevêché de Cologne, & est située sur la Lippe, aux confins de l’Évêché de Munster. Long. 24. d. 36′ lat. 51. d. 38′.
DORSTENIA. s. f. Nom d’une plante de l’Amérique méridionale. Le P. Plumier l’a décrite dans son ouvrage intitulé Nova Plantarum Americanarum genera. Il s’en trouve deux espèces dans les Indes Occidentales. Il n’y a aucune différence dans la forme extérieure de ces plantes, qui ont d’ailleurs les mêmes propriétés ; c’est pourquoi on les confond, & on les apporte en Europe sous le même nom. On peut, à ce que je crois, nommer une de ces plantes Dorstenia Dentariæ radice, spondylii folio, placentâ ovali. Et l’autre, Dorstenia Dentariæ radice, folio minùs laciniato, placentâ quadrangulari, & undulato.
La première espèce paroît être le Tuz-Patli de Hernandes, pag. 147. Ses racines qui sont vivaces, poussent au mois de Mai, ou aussitôt qu’il commence à pleuvoir, chacune six ou huit feuilles de quatre ou cinq pouces de long & d’autant de large. Ces feuilles sont coupées en plusieurs segmens qui pénètrent jusqu’à la côte du milieu, à-peu-prés comme dans le sphondilyum : elles sont attachées à des pédicules de cinq ou six pouces, du milieu desquels naissent quatre autres pédicules un peu plus longs ; & dont chacun soutient un corps extraordinaire. Ce corps est plat : il est posé verticalement ; ou, ce qui revient au même, sa partie tranchante est tournée en haut. Le P. Plumier l’appelle pétale. Je la nomme placenta, parce qu’elle en fait l’office. Dans cette première espèce, ce placenta est ovale, & son axe le plus long, est parallèle au pédicule qui le soutient : un côté est lisse & vert comme l’extérieur du calice des autres plantes, & l’autre côté renferme un grand nombre de petits sommets jaunes. Après qu’ils sont tombés, il paroît plusieurs petites semences presque rondes, qui, dans leur maturité, ressemblent assez à celles du gremil ou Lithospermon. Cette espèce croît dans la nouvelle Espagne, proche l’ancienne Veracruz, sur des terreins élevés au bord de la rivière.
La seconde espèce de Dorstenia a le même nombre de feuilles que la première ; mais ses feuilles ont une figure différente : car quelques-unes sont tout d’une pièce, & taillées comme celles de la violette ; d’autres sont angulaires comme celles du lierre ; & il y en a enfin qui sont coupées par segmens, semblables à ceux des feuilles de l’érable ordinaire. Ces feuilles sont minces, lisses, & d’un vert foncé. On ne distingue sur leurs dos que quelques petits poils à peine sensibles. Les pédicules qui soutiennent les fleurs partent immédiatement de la racine dans cette espèce, comme dans la précédente, & s’élevent dans toutes les deux à la hauteur de six ou huit pouces. Le placenta, sur lequel sont posées les fleurs est carré, onde à ses extrêmités, & plus large transversalement que de haut en bas. Les fleurs & les semences sont parfaitement les mêmes dans les deux espèces. Cette seconde Dorstenia croît abondamment sur les terreins élevés & pierreux des environs de Campesche. Je l’ai cueillie dans sa perfection au commencement de Novembre. Houstoun Trans. Phil. 1731. p. 252.
DORT. C’est Dordrecht. Voyez ce mot.
DORTAN. Petite ville de France, dans le Bagey, sur les frontières de la Franche-Comté, près d’Artan & de la rivière d’Ain, à trois lieues de S. Claude, vers le couchant. En Latin Dortanum.
DORTMUND, ou DORMUND. Ville d’Allemagne. Dortmunda, Tremonium, Dormania. Elle est du Cercle de Westphalie, enclavée dans le Comté de la Mark, & située sur la rivière d’Emser, à dix lieues de son embouchure dans le Rhin. Dortmund est une ville forte, Anséatique, & Impériale. Frideric II. l’a exemtée de toute charge de l’Empire. Elle est capitale d’un Comté auquel elle donne son nom, Comitatus Dortumndanus. Elle le tient en fief de l’Empire, aux mêmes droits, priviléges & libertés, que le possédoient autrefois les Comtes de Dortmund. Voyez Limnæus, Elucid IV. c. 15. Long. 25. d. 6′. lat. 51. d. 30′.
DORTOIR. s. m. Galerie dans les Couvens, divisée en plusieurs cellules, où les Religieux habitent & dorment. Dormitorium, Dormitorium membrum. C’est un crime à un Religieux de coucher hors du dortoir. Il paroît par le chap. XXII. de la Règle de S. Benoît, que les dortoirs autrefois n’étoient pas toujours divisés en plusieurs cellules ; mais qu’il y en avoit qui n’étoient autre chose que de grandes salles où il y avoit plusieurs lits, comme aujourd’hui dans nos hôpitaux. M. l’Abbé de la Trappe, dans son Commentaire sur la Règle de S. Benoît, regarde cela comme un des plus grands assujettissemens de la vie des Moines.
C’est-là qu’en un dortoir (la mollesse) fait son séjour.
Ce mot vient de Dormitorium, qui se trouve en Latin en cette même signification. Ménage.
DORURE. s. f. Or mince appliqué sur la superficie de quelques corps. Auratura. Les dorures sont fort à la mode, soit dans les bâtimens, soit sur les meubles, soit sur les habits. On dit qu’une personne a bien de la dorure, quand elle a des habits chargés de passemens, ou de broderie d’or ou d’argent, des anneaux, des croix, des agraffes, des boutons d’or ou d’argent, ou des pierreries.
☞ C’est aussi l’art d’employer l’or en feuilles & l’or moulu, & de l’appliquer sur les métaux, les pierres, le bois & diverses autres matières.
Dorure, est aussi un terme de Pâtissier & de Boulanger. Illitus. Et par là ils entendent des jaunes