Aller au contenu

Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/446

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’œufs bien délayés, dont ils dorent le dessus de leurs pièces de four, & de leurs pains. Voyez Dorer.

DORURES FAUSSES. Ce sont des étoffes, qui viennent de la Chine, d’une fabrique extrêmement ingénieuse, & tout-à-fait inconnue en Europe. Elles sont de satin à fleurs d’or ou d’argent ; mais l’or ou l’argent qui composent ces fleurs ne sont que de petits morceaux de papier doré ou argenté.

DORURES FINES. C’est ainsi que les Commis employés dans le commerce de la Chine appellent, en général, toutes les riches étoffes d’or & d’argent, dont ils font mention dans leurs factures.

DORICNIUM. s. m. Terme de Botanique. C’est un nom attribué à plusieurs plantes de différens genres.

DORYPHORES. s. m. pl. C’étoit, chez les Perses, un corps de troupes qui escortoient le char Royal, lorsque le Roi alloit à la guerre. Ils ne recevoient point de paie, comme les autres Soldats ; mais ils étoient nourris des viandes que l’on servoit sur la table du Prince. Ils étoient vêtus de pourpre : leurs robes étoient bordées en or, uniformes ; & ils les recevoient des mains du Roi. Δορυφόρος.

DOS.

DOS. s. m. Le derrière de l’animal, qui est depuis le cou jusqu’aux fesses. Dorsum, tergum. Les Médecins appellent proprement le dos, la seconde division de l’épine, qui contient douze vertèbres situées entre celles du cou & celles du rable, & où sont attachées les côtes. Ces soldats ont tout le jour les armes sur le dos, la pluie sur le dos. La piété d’Énée lui fit porter son père sur son dos. Les parties du dos sont les épaules, l’épine du dos, les vertèbres du dos : & l’on dit d’un homme qui a l’épaule ronde, qu’il a le dos bossu, voûté. Les aloyaux sont pris sur les vertèbres du dos d’un bœuf.

Ce mot vient de dossum, qu’on a dit pour dorsum. Ménage.

Dos se dit encore, en Anatomie, d’une partie du nez. La partie du nez qui est sous la racine du nez, & qui est obscure & immobile, s’appelle le dos du nez. Dionis. Le dos de la main est la partie extérieure de la main, opposée à la paume de la main. Le dos du pied est la partie opposée à la plante.

On dit, en Manège, Monter un cheval à dos, ou à dos nu ; pour dire, le monter sans selle & à poil. Nudum equi tergum.

Dos, se dit, figurément, de plusieurs choses qui ont un devant & un derrière. Le dos d’une maison, contre lequel on dit qu’une autre maison est adossée. Le dos d’un lit. Le dos d’un couteau, d’une épée, c’est le côté opposé au taillant. Le dos d’un livre, c’est le côté par où il est relié. On dit, Écrire au dos d’un papier, d’un parchemin, pour dire sur le revers. Le dos d’une chaise, c’est la partie sur la quelle on s’appuie le dos, siège à dos.

On appele dos-d’âne, un corps qui a deux surfaces inclinées l’une vers l’autre, qui aboutissent en pointe. Dorsum. Il y a des combles de maisons, dont les unes sont en dos-d’âne, tectum ou fastigium angulatum, & les autres en appentis, en terrasse.

Dos de Bahut, ou Dos-d’Âne, en Jardinage, c’est une couche, ou planche élevée en forme presque ronde, pour faire écouler les eaux. Voyez Ados.

Dos-de-Carpe, se dit, aussi, en termes de Jardinage, de la manière d’élever les terres dans les plates-bandes des parterres, & qu’on destine à contenir des fleurs. Le dos-de-carpe a beaucoup d’agrément dans ces sortes de pièces. Liger. Dos-de-bahut, dos-de-carpe, en Latin, areola arcuata. Id.

Dos. Terme de Conchyliologie. C’est la partie postérieure de la coquille, qui est la même chose que le talon.

Dos. Terme de Manufacture de Lainerie. On appelle le dos d’un drap, d’une serge, ou d’une autre étoffe de laine, la partie qui est opposée aux lisières. On dit plus ordinairement faîte.

LAVER À DOS, se dit des toisons des brebis & des moutons, qu’on lave sur le dos de l’animal avant que de les couper.

Dos, se dit, aussi, de la surface de la mer.

ADOS. Terme de Vigneron. Ce sont des espèces de couches que l’on fait dans les nouveaux plants de vignes, & sur lesquels on séme des poids, des feves, ou autres menus grains. Semer des ados.

À dos, se dit, adverbialement. A tergo. Avoir un homme à dos, c’est, Avoir un ennemi, qui cherche tous les moyens de nuire.

On dit à une personne qu’on chasse. Vîte, tournez-moi le dos ; Terga vertere. Qu’un homme a tourné le dos en une bataille ; pour dire, qu’il s’est enfui ; &, dans les affaires, qu’il a tourné le dos ; pour dire, qu’il a refusé de faire ce qu’on desiroit de lui. On dit, aussi, la Fortune lui a tourné le dos ; pour dire, s’est déclarée contre lui. Quand un Courtisan est disgracié, tous ses amis lui tournent le dos. C’étoit fait de la pauvre Ariane à qui Thésée avoit tourné le dos. Bens. On dit, aussi, On a fait tomber cette accusation sur le dos d’un misérable. Ce Ministre a toutes les affaires de l’État sur le dos ; pour dire, qu’il est chargé de toutes les affaires. Impositum humeris pondus gestare. Il n’eut pas de si-tôt le dos tourné, que, &c.

On dit, proverbialement, qu’on a mis des gens dos-à-dos, quand, dans une sentence ou un accommodement, ils n’ont point eu d’avantage l’un sur l’autre. On dit, des gens qui aiment leurs aises & la bonne chère, qu’ils sont toujours le dos au feu, & le ventre à la table. On dit, d’un homme qu’on a battu, qu’il a été battu dos & ventre, qu’on lui en a donné sur le dos & par-tout. On dit, pour exprimer la pauvreté d’une personne, qu’elle n’a pas une chemise sur son dos. On dit, aussi, d’une perte, d’un déchet, que cela ira sur son dos ; pour dire, que cette perte ira sur son compte : qu’un homme a bon dos ; pour dire, qu’il a le moyen de faire les frais de quelque entreprise, de quelque partie qu’on veut faire tomber sur lui. On dit, aussi, d’un homme qui fait l’important, que c’est un gros dos, & qu’il fait le gros dos. On dit, aussi, Faire la bête à deux dos. Il se laisse tondre la laine sur le dos. Il souffre avec patience, sans chercher à se venger, les choses les plus fâcheuses. On dit, d’un homme tout-à-fait malheureux, qu’il est tombé sur le dos, qu’il s’est cassé le nez ; pour marquer que les choses qu’il auroit le moins appréhendées lui sont arrivées.

Dos. Mot du vieux langage, qu’on a dit pour deux.

DOSANAUS. Voyez Desanaus.

☞ DOSE. s. f. Terme de Pharmacie. Quantité déterminée, par poids ou par mesure, de chacun des ingrédiens qui doivent entrer dans la composition d’un médicament. Medicamenti, medicæ potionis modus. Prescrire la dose. Ce n’est pas assez de savoir les drogues qui entrent dans la composition des médicamens : il faut, de plus, en savoir la dose.

Dose, se dit encore de chaque prise de la quantité déterminée du médicament que le malade prend chaque fois. Partager un bol en plusieurs doses.

Dose, se dit, par extension, de plusieurs autres choses. Dose de poivre, dose de sucre ; &, dans un sens figuré, dose de jalousie, dose d’amour, &c.

☞ Dans les choses ordinaires de la vie, on dit, augmenter, doubler, diminuer la dose. Nous n’avons pas suffisamment à manger, il faut doubler la dose : alors le mot de dose s’exprime en Latin par le substantif même auquel il est joint, ou par le pronom qui tient sa place. On fait une taxe sur lui pour raison de son maniement ; mais la dose est un peu trop forte. Son teint avoit doublé la dose de son incarnat naturel. Scar.