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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, III.djvu/449

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DOU

dit : une Église cathédrale doit être dotée magnifiquement, afin que l’Évêque & le Chapitre soient honorablement entretenus : autrement la dignité Épiscopale y seroit avilie. Or il ne nous a point encore apparu de la dotation de l’Église de Majorque, c’est pourquoi nous avons différé l’effet de votre demande. La lettre est du 20 Décembre 1230. Le Pape toutefois l’accorda sept ans après. Fleury, Hist. Eccl.

☞ La dotation d’une Église, est un des moyens par lesquels on acquiert le droit de patronage.

Patronum faciunt dos, ædificatio, fundus

DOTEKOM. Petite ville des Provinces-Unies dans le Comté de Zutphen. Dotechemum. Elle est située sur le vieux Issel, à deux lieues de son embouchure dans le Rhin.

DOTER. v. a. Assigner à une fille des deniers pour la marier, ou pour la rendre Religieuse. Dotare. Quand on a débauché une fille de famille on la doit épouser ou doter.

Doter, signifie aussi, fournir des deniers, ou assigner des revenus pour les fondations des Églises ou des Bénéfices. Un Prélat ne doit point bénir ou consacrer une Église qu’elle ne soit dotée. Les Rois ont doté les Abbayes qu’ils ont fondées, de grands revenus.

Doté, ée. part. Dotatus.

DOTHA, DOTHAM, ou DOTHAN. Ville de la terre de Chanaan, ou de la Terre-Sainte, située dans le pays de Dothaïn dont nous allons parler, & auquel elle donnoit le nom. Dotha. On la confond ordinairement avec Dothaïn ; mais on se trompe. Dothan est une ville, comme il paroît par le quatrième Livre des Rois VI. 13. & les frères de Joseph ne paissoient assurément pas leurs troupeaux dans une ville, mais dans les campagnes de cette ville. C’est dans Dothan que les Syriens assiégèrent Élisée, 4e Liv. des Rois, VI. 13. Cette ville subsistoit encore du temps de S. Jérôme, qui dit qu’elle étoit à douze mille de Sebaste au Nord.

DOTHAÏN. Prononcez en trois syllabes. Petite contrée de la terre de Chanaan. Dothain, Dothanus ager. C’est à Dothaïn que Joseph trouva ses frères, qu’ils le jetèrent dans une vielle cîterne, & qu’ils le vendirent aux Marchands Ismaëlites. Genese. XXXVII. 17 & suiv. C’étoit un pays plat, & des campagnes où il y avoit des pâturages pour les troupeaux. Il étoit dans la tribu de Zabulon, au nord du pays de Sichem & de Samarie, à un mille de Béthulie, dit le P. Lubin, & à douze de Samarie. Corneille écrit Dochaïn, ou Dothaïn. C’est une erreur. Il cite le voyage du P. Roger, qui dit toujours Dothaïn, & jamais Dochaïn.

DOTIS. Ville de Hongrie que Maty appelle Dotes, Dotis, ou Tata ; & M. Corneille, Dotis, Potis, ou Tota. Elle est dans le Comté de Javarin, selon celui-ci, & dans le Comté de Comore, selon l’autre. Voy. Tata.

DOTO. s. f. Nymphe, fille de Nérée & de Doris. Hés. Théog. v. 248. Virg. Énéid. L. IX, v. 102. Valer. Flacc. Argon. L. I, v. 134. Doto.

DOU.

D’OÙ, adv. De quel lieu, de quel endroit. Undè. D’où venez-vous ? D’où vous sont ces attraits venus ? Voyez .

DOU. Le Dou. Quelques-uns écrivent Doux, Le Doux ; c’est une faute, selon Hadrien de Valois & selon d’autres encore. Ils ont raison : l’origine & la prononciation brève de ce nom demandent qu’on écrive Dou, & non pas Doux, en Latin Dubis. On lit, dans le premier livre des Commentaires de César, Alduabis, &, en d’autres exemplaires, Alduadubis, Alduatdusius, Alduasdalis ; mais, selon la remarque de Valois, le véritable mot est Dubis : c’est ainsi qu’il se lit dans les Historiens & les Géographes, & en particulier dans Strabon & dans Ptolomée. Frédegaire, L. dernier, C. 26 & Jonas, dans la vie de S. Colomban, l’appellent Dova. L’Auteur de la vie de Sainte Salaberge, contemporain de Dagobert, le nomme Duvius ; Guillaume le Breton Duber.

Le Dou est une grande rivière de la Franche-Comté, qui a sa source au mont Jura, près de la grande Combe. Elle coule du midi au septentrion, jusqu’à Sainte Ursanne aux confins de l’Évêché de Bâle ; puis tourne tout-à-coup du septentrion au midi, jusqu’à S. Hippolite, où elle remonte du midi au nord ; ensuite elle rabat au midi, coule plus loin qu’elle n’a fait de sa source au nord, & se décharge dans la Saone au-dessous de Verdun, en sorte qu’elle forme, par son cours, la figure d’un Siphon, dont la seconde branche, qui est à l’occident, est plus longue que la première qui est à l’orient. Le Dou arrose Morteau, Sainte-Ursanne, Saint-Hippolite, Mandeure, Chastelot, Lesle, Clerval, Besançon, Dole & Verdun.

DOU. s. m. Le peuple du Dauphiné nomme ainsi le fiel des animaux, par une antiphrase tirée des Grecs, qui le nomment aussi γλυκός ; & ce mot signifie doux. Chorrier. Il falloit dire, par une antiphrase semblable à celle des Grecs : mais cet Auteur est persuadé que les Celtes, peuple du Dauphiné, ont parlé Grec, & ont pris plusieurs expressions de cette langue.

DOUAIRE. s. m. Biens que le mari assigne à sa femme en se mariant, pour en jouir par usufruit pendant sa viduité, & en laisser la propriété à ses enfans. Usufruit d’une certaine portion des biens du mari, que la femme doit prendre quand elle survit. Usus fructus certæ cujusdam partis bonorum mariti quæ superstiti uxori conceditur. Cet avantage n’est point fait à la femme, par le mari pour la récompenser, comme quelques-uns le disent, des biens qu’elle lui a apportés en dot, puisque le douaire est accordé à celle qui n’a rien apporté en mariage, ou qui n’a point réellement apporté en dot ce qu’elle, ou une autre personne, avoit promis d’apporter au mari. Ferr.

☞ Le douaire n’est pas non plus fondé sur la raison qu’en donne Cujas, ut præmium habeat defloratæ virginitatis ; puisque les femmes veuves, qui se remarient, ont un douaire, aussi-bien que celles qui contractent leur premier mariage.

☞ D’ailleurs la consommation du mariage n’est pas nécessaire pour le gain du douaire, excepté dans quelques Coutumes, qui portent expressément qu’au coucher la femme gagne son douaire.

☞ On peut dire, avec plus de raison, que cet avantage est fait par le mari à la femme, afin que celle qui contracte mariage soit sûre d’avoir des alimens sur les biens de son mari, pour la récompenser des soins & des peines qu’elle prend pour son ménage, pour élever ses enfans, & pour l’augmentation & la conservation des biens communs.

Le douaire préfix, est celui qui consiste en une certaine rente, ou somme d’argent, ou en quelque terre : ou héritage affecté au douaire. Douaire coutumier, est la moitié de tous les biens qu’a le mari le jour de son mariage, lequel a lieu quand on n’a point stipulé de douaire préfix. En Normandie c’est le tiers en usufruit. Chez les Gots le douaire n’étoit que la dixième partie des biens du mari ; chez les Lombards, la quatrième ; chez les Romains & Siciliens, la troisiéme. Le douaire est si privilégié, qu’un décret ne le purge pas, & son hypothèque demeure toujours. On dit, en proverbe, Jamais mari ne paya douaire, c’est-à-dire, que la mort civile du mari ne donne pas lieu à la demande du douaire. Louet. Ce proverbe n’est pas vrai en Normandie, où la mort civile donne ouverture au douaire. Il y a des femmes qui font du mariage un commerce d’intérêt, qui ne se marient que pour gagner des douaires, & pour s’enrichir de la dépouille de leurs maris. Mol. Avant Philippe-Auguste, il y en avoit en France un douaire ; mais la