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CUL

extérieure & plus basse de sa lampe, mais aussi par comparaison des ornemens d’architecture & de menuiserie, qu’on met aux voûtes & aux planchers, pour finir & terminer le dessous d’un ouvrage, & qui ont la figure de l’extrémité d’une lampe. Testudineatus lucernæ fundus. On appelle cul-de-lampe une espèce de pendentif qui tombe des nervures des voûtes gothiques. Pendens à fornice gothico ornamentum testudineato lucernæ fundo simile. On le dit aussi en Imprimerie de ces figures qu’on met au bas des pages à demi-vides. Impressa Typis imaguncula, testudineatæ lucernæ fundi in morem desinens. Et encore de ces lignes qui aboutissent en pointe à la fin d’un chapitre, d’un traité, qui ne vont pas jusqu’au bout de la page. Cul-de-lampe en encorbellement, est une saillie de pierres rondes par leur plan, qui porte en encorbellement la retombée d’un arc doubleau, d’une tourelle, d’une guérite, &c.

Cul-de-four. Voûte sphérique. On appelle cul-de-four un pendentif, une voûte sphérique rachetée par quatre fourches ou pendentifs, & qu’on nomme aussi pendentif de Valence. Testudo. Cul-de-four de niche, la fermeture cintrée d’une niche sur un plan circulaire.

Cul-de-jatte est un homme qui n’a ni jambes ni cuisses, & qui marche sur le cul enfermé dans une jatte. Captus cruribus ideòque coactus sedere semper tanquam in gabata. Le Poëte Scarron avoit pris le surnom de cul-de-jatte, parce qu’il étoit paralytique, & étoit toujours dans la chaise.

Cul-de-poule, se dit par comparaison d’une petite grimace qui se fait, quand on avance les levres en rond pour faire la moue, parce que cela représente un cul-de-poule. Affectata quædam labrorum projectio. On le dit aussi, quand on joint les cinq doigts de la main ensemble, en sorte qu’ils ne fassent qu’une pointe. Coacti in unum eumdem apicem quinque digiti.

Cul-de-sac, se dit non-seulement au propre du fond d’un sac, mais encore il signifie un bout de rue qui n’a point d’issue. Angiportus, Angiportum.

Cul-de-sac-Royal. Terme de Géographie. C’est le principal & le meilleur port de la Martinique, il est défendu par un bon fort.

Cul-blanc. s. m. Oiseau qui fréquente les rivières, gris par-dessus, & blanc par-dessous. Il est bon à manger. On l’appelle Cul-blanc à cause de la blancheur des plumes de son croupion. Le Cul-blanc n’a qu’un petit cri lorsqu’on le fait partir. Il ne fait pas un vol fort long, & ne s’élève pas beaucoup, volant seulement à fleur d’eau. Il est un peu plus petit que la bécassine. La couleur de son pennage est d’un gris cendré mais les grandes plumes des ailes sont un peu obscures. Le ventre, les cuisses, & généralement toutes les parties de dessous sont blanchâtres. Son bec est noirâtre, long & menu, les jambes noirâtres aussi, & moins longues que celles de la bécassine. On dit qu’il se cache pendant les jours caniculaires, & qu’il revient aussi-tôt qu’ils sont passés.

Il y a encore trois autres espèces de cul-blancs. La première s’appelle Vitrec. Voyez ce mot.

La seconde est un oiseau un peu plus petit que le Vitrec, & un peu plus grand qu’un passereau. Sa tête, son cou, son dos, les petites plumes de ses ailes, sa poitrine & son ventre, sont d’un roux jaunâtre, plus coloré sur le dos, & plus clair par la poitrine. Ses yeux sont noirs : derriere les yeux il a une tache noire assez grande, qui a la figure d’un croissant. Son bec est d’une moyenne longueur, grêle, & noir. Les grandes pennes de ses ailes sont pareillement noires, & jaunâtres à leurs extrémités, ainsi que les plumes de sa queue. On l’appelle en Grec Oenanthe, & en Latin Vittiflora.

La troisième espèce est commune en Italie. Oenantha, Vittiflora Italica. Cet oiseau a le bec très-aigu, & une façon d’oreilles assez grandes. Sa tête est d’une couleur cendrée, tirant sur le brun ; son dos est de même couleur, mais marqué de taches plus noires. Son ventre est tacheté de marques de couleur de rouille. Sa gorge, la poitrine, & le reste de son ventre, sont d’un gris cendré, comme l’alouette ; ses ailes de même. Les plumes qui sont à l’extrémité des côtés sont plus pâles. Les petites plumes du second rang, qui couvrent les grandes pennes des ailes, sont semées de blanc. Sa queue est longue de trois doigts, & garnie de douze plumes, qui ont chacune une tache blanche à leur extrémité, qui est placée en dedans respectivement de part & d’autre. Elles sont opposées les unes aux autres avec un bel ordre. Les plumes qui garnissent le croupion, sont blanchâtres à l’extrémité. Ses ongles sont grands, robustes, & bien proportionnés.

Aux environs de Boulogne en Italie, il y a encore un petit oiseau qui a la queue & le cul presque tout blanc, la tête & le dos d’un jaune tirant sur la rouille, les pennes de ses ailes moitié noires, & moitié jaunes ; son bec long & brun, sa gorge, sa poitrine & son ventre, d’un blanc qui tire un peu sur le jaune. Sa queue proche du croupion, est jaune ; le reste est noirâtre. Les Oiseliers l’appellent Strapasio. On pourroit l’appeler en Latin Oenanthe ou & Vittiflora Eononica.

On appelle populairement culs-blancs, les petits merciers qui vont par la campagne vendre de menues marchandises qu’ils portent dans une balle sur le dos. Dans les Ordonnances ils sont nommés Porte-Balles.

Cul-rouge. s. m. Sorte d’oiseau. Voyez Épeiche, ou Pic-rouge.

Cul-d’âne. s. m. Espèce de poisson, autrement nommé Ortie de mer.

Cul, se dit proverbialement en ces phrases. Il est demeuré entre deux féUes le cul à terre, pour dire » Il a manqué les deux occasions qui s’étoient présentées, & sur lesquelles il avoit compté.

Je vois ces héros retournés
Chez eux avec un pied de nez,
Et le protecteur des rebelles
Le cul à terre entre deux selles. La Font.

Comme un homme, qui voulant s’asseoir, au lieu de se mettre sur un siège, s’assied entre deux chaises & tombe à terre.

On dit aussi qu’un homme en a dans le cul, pour dire qu’il a fait une grande perte, soit en procès, soit au jeu, soit en autre affaire : & on dit aussi, qu’il est à cul, pour dire, qu’il est ruiné sans ressource. On dit aussi de celui qui est tombé en bas la tête la première, que la tête a emporté le cul. On dit de plusieurs gens alliés en même famille, qu’ils se tiennent tous par le cul comme des hannetons : on dit aussi, comme des Juifs. On dit de celui qui n’ose achever une affaire, après l’avoir entrepise avec bravade, qu’il a montré le cul. On le dit même d’un poltron, ou des soldats qui fuient. On dit d’un homme fort crotté, qu’il est crotté jusqu’au cul. On dit de celui qui marche mal en traînant les jambes, qu’il a le cul rompu. On dit aussi, renverser cul par dessus tête. On appelle bout-de-cul, un petit homme gros & trapu. On dit d’un homme qui se tourmente extrêmement pour venir à bout de quelque chose, qu’il y va de cul & de tête comme une corneille qui abat des noix. On dit d’un homme qui joue, & qui perd tour ce qu’il a, qu’il perdroit son cul, s’il ne tenoit. On dit, faire une chose à écorche-cul, pour dire, la faire à regret & en rechignant. On dit qu’un homme tire le cul en arrière, pour dire, qu’il a de la peine à se résoudre à faire une chose. On dit d’une personne qui a grand’peur, qu’on lui boucheroit le cul d’un grain de millet. On dit, baiser le cul à quelqu’un ; pour dire, lui rendre des soumissions serviles & lâches ; il ne faut pas vouloir péter plus haut que le cul, pour dire qu’il ne faut pas entreprendre plus qu’on ne peut.

On dit proverbialement Tenir quelqu’un au cul & aux chausses, pour dire, le tenir d’une manière qu’il