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CON

d’Orient, aussi n’y en a-t’il aucune, en quelque langue qu’elle soit écrite, à moins qu’elle n’ait été réformée par les Latins, qui ne contienne l’invocation du Saint-Esprit de la même manière qu’elle est dans la liturgie grecque. Les Grecs la lisent à Rome dans leur Missel. Ceux qui voudront être instruits plus à fonds de tout ce qui regarde la consécration, doivent consulter les notes étendues du P. Simon, sur les Opuscules de Gabriel, Archevêque de Philadelphie, qui ont été imprimées à Paris en 1671. Il traite aussi cette question dans son petit ouvrage de la créance de l’Eglise Orientale sur la transubstantiation, & dans ses remarques sur le voyage du Mont Liban ; ces deux livres ont été imprimés au même lieu.

Consécration. Imposition des mains ; cérémonie pour consacrer un Evêque. Consecratio. Toutes les cérémonies de la consécration représentent quels sont les devoirs & les fonctions d’un Evêque. S. Evr. La consécration de l’Evêque est sa vraie réception. Loyseau.

Ce mot se dit peu, on dit vulgairement sacre & sacrer.

L’usage de consacrer à Dieu les hommes destinés à son service, & au ministère de ses temples & de ses autels, les lieux, les vases, les instrumens, les vêtemens qui y servent, est très-ancien ; Dieu l’avoit ordonné dans l’ancienne Loi, & il en avoit prescrit toutes les cérémonies, comme on le voit dans l’Ecriture. Exod. XXVIII, 41. XXIX, 1, 7, 21, 29, 35, XXXII, 29, XL, 11. Lévit. VII, 30, 37, VIII, 9, 22, 31, 33, XVIII, 21, XXI, 7, 10, XXII, 2, 53, XXIII, 12, XXVII, 10, 16, 21, 28. Nombr. III, 3, VI, 5, 9, 13, VII, 1, &c. VIII, 12, XVIII, 10. Jos. VI, 24. Jug. XVI, 17, XVII, 3, 3, des Rois, XV, 13, 1. Paral. X, 10, XVIII, 11, XXII, 19, 2, Paral. 11, 4, XVII, 16, XXVI, 18, 1, d’Esdr. III, 5, VIII, 23. Ecclesiast. XLIX, 9. Dans la Loi nouvelle, quand ces consécrations regardent des hommes, & qu’elles se font par un Sacrement institué de Jesus-Christ, nous les nommons en françois Ordinations, excepté celle des Evêques, que nous appelons consécration. Quand elles se sont seulement par une cérémonie instituée par l’Eglise, nous les nommons Bénédictions ; quand elles se font pour des temples, des autels, des vases, des vêtemens, nous disons Dédicace, Bénédictions. Voyez tous ces mots.

Consécration s’est dit autrefois d’une cérémonie usitée à la profession des Religieuses. Cet usage a cessé dans presque toute l’Eglise depuis le treizième siècle. L’Abbaye de Ronceray en Anjou est la seule qui l’ait conservé en France. Marc Cornaro, Evêque de Padoue, au commencement du dernier siècle la voulut rétablir dans son Diocèse, & il consacra plus de deux cens Religieuses en différens Monastères. Il semble qu’elle soit encore en pratique dans l’Abbaye de S. Zachaire à Venise. En 1709, M. Poncet, Evêque d’Angers, consacra treize jeunes Professés de l’Abbaye de Ronceray. Les cérémonies de cette Consécration sont celles qui sont prescrites dans le Pontifical Romain pour la Consécration des Vierges. A Ronceray il y a de plus quelques usages particuliers.

Consécration. L’Abbé des Fontaines s’est servi de ce mot en parlant des enfans qu’on destine à l’état monastique. On décrit à cette occasion l’abus qui régnoit alors dans l’Eglise au sujet de la consécration des enfans. Obs. sur les Ecr. mod. t. 19, p. 200.

Consécration se dit aussi des cérémonies & bénédictions qui se font sur quelque chose, afin que de prophane qu’elle étoit, elle devienne sainte ; comme la consécration, ou la dédicace d’une Eglise. Elle se fait par un grand nombre de bénédictions, & d’aspersions dedans & dehors. L’Evêque consacrant, la parfume d’encens, & fait aux murailles plusieurs onctions avec le saint Chrême. C’est une cérémonie Episcopale.

Consécration, terme de Médaillistes. C’est l’Apothéose d’un Empereur, sa translation & sa réception dans le ciel parmi les Dieux exprimée sur une médaille, d’un côté est la tête de l’Empereur, couronnée de laurier, & souvent voilée, & dans l’inscription on lui donne le titre de Divus. Au revers il y a un temple, ou un autel, ou un bûcher, ou une aigle sur un globe, & qui prend son essor pour s’élever au ciel ; quelquefois l’aigle est sur l’autel, ou sur un cippe. D’autres fois l’Empereur paroît dans les airs porté sur un aigle qui l’enlève au ciel ; & pour inscription toujours Consecratio. Ce sont là les types les plus ordinaires. Antonin Pie, a au revers de ses consécrations quelquefois la colonne Antonine. Au lieu d’une aigle les Impératrices ont un paon. Pour les honneurs rendus après la mort aux Empereurs, qui consistent à les mettre au nombre des Dieux, ils s’expliquent par le mot Consecratio, par celui de Pater, de Divus, & de Deus. Deo Pio, Divus Augustus Pater. Deo & Domino caro. Quelquefois autour des Temples & des autels on met Memoria felix, ou Memoriæ æternæ. Quelquefois aux Princesses. Æternitas, ou Sideribus recepta : & du côté de la tête Diva & les Grecs Θεά. P. Jobert.

Consécration est aussi la cérémonie de l’apothéose des Empereurs & des Impératrices, Voyez Apothéose.

Consécration des Pontifes Romains. On le faisoit descendre dans une fosse avec ses habits pontificaux, puis on couvroit la fosse d’une planche percée de plusieurs trous, alors le victimaire & les autres Ministres servans aux sacrifices amenoient sur la planche un taureau orné de guirlandes de fleurs, & lui enfonçoient le couteau dans la gorge, le sang qui en découloit, tomboit par les trous de la planche sur le pontife, qui s’en frottoit les yeux, le nez, les oreilles & la langue. Après cette cérémonie on le tiroit de la fosse tout couvert de sang, on le saluoit par ces paroles, salve Pontifex, & après lui avoir fait changer d’habits, on le conduisoit chez lui, où il y avoit un magnifique repas.

CONSÉCUTIF, IVE. adj. Qui suit immédiatement un autre. Consequens, subsequens. Il ne se dit pas des personnes, mais seulement des choses, qui se suivent immédiatement dans l’ordre du temps. On a fait cette réjouissance par trois jours consécutifs, c’est-à-dire, de suite. On publie les monitoires par trois Dimanches consécutifs ; les ajournemens par trois briefs jours de marché consécutifs. On dit dans le même sens des malheurs consécutifs, des disgraces consécutives.

CONSÉCUTION. s. f. terme d’Astronomie. On appelle mois de consécution, l’espace de temps entre deux conjonctions de la lune avec le soleil. Cet espace est de 19 jours & demi, c’est ce que les Astronomes appellent mois de consécution. Ils le nomment encore mois synodique & de progression. Ce mois est plus long que celui de propagation de deux jours & quatre heures, parce que la lune partant d’un point du Zodiaque avec le soleil, elle le devance, & après qu’elle a fait son tour, & qu’elle est revenue au même point du Zodiaque, elle n’y trouve plus le soleil qui a parcouru deux des signes, ou environ : en sorte qu’il faut encore deux jours & quatre heures à la lune pour le ratrapper.

CONSÉCUTIVEMENT. adv. tout de suite, immédiatement après selon l’ordre du temps. Continenter. Cette faute n’est pas pardonnable, il l’a faite deux ou trois fois consécutivement. Il a fait trois voyages consécutivement.

CONSEIGNEUR. s. m. ou plutôt Co-seigneur, terme de Droit, & de Coutumes. Celui qui est Seigneur conjointement avec quelque autre d’un lieu, d’une terre.

☞ CONSEIL. s. m. c’est le nom qu’on donne à des as-