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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/1049

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1969
1970
BUIS — BUKENTOP

contre cette interprétation que le buis ne croît pas en Palestine. Il suffit de remarquer que la Sainte Écriture ne parle pas du buis de ce pays, mais du buis apporté du Liban (Buxus longifolia) et du buis apporté par les Phéniciens des îles de Kittim, c’est-à-dire de l’Occident (Buxus sempervirens). — Le sens de « buis » donné à ṭe’assûr est donc suffisamment établi pour faire rejeter diverses identifications proposées par plusieurs interprètes, mais qui n’ont aucun fondement, comme celles de cèdre, de pin, d’orme, de peuplier, d’érable, de scherbin. Le scherbin, qu’on trouve dans les versions arabe et syriaque de l’Écriture, compte un certain nombre de partisans. Gesenius, Thesaurus, p. 164 ; Mülhau und Volck, Gesenius’ hebräisches Handwörterbuch, 11e édit., p. 893. Ils en font une sorte de cèdre ou de cyprès ; mais en réalité c’est un genévrier, Juniperus phœnicea, et il n’a point les caractères réclamés par le contexte dans les passages de l’Écriture cités plus haut. Cf. Tristram, The natural History of the Bible, in- 12, Londres, 1889, p. 339 ; Celsius, Hierobotanicon, in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p. 153 ; E. F. C. Rosenmüller, Handbuch der biblischen Alterthumskunde, t. IV, part, i, p. 292. — Quant au buis de Is., XXX, 8, dans la Vulgate et les Septante : « Écris sur du buis, » il ne se trouve pas dans le texte original, qui a seulement : « Écris sur une tablette (lûaḥ), » sans préciser la nature du bois dont elle était faite.

1. BUISSON. Touffe ou fourré d’arbrisseaux bas, rameaux, souvent garnis d’épines. Plusieurs mots sont employés dans la Vulgate avec cette signification de buisson : — 1° Vepres, « buisson épineux, » traduction de l’hébreu sebâk, « branches entrelacées, buisson. » Gen., xxii, 13. Les Septante mettent un nom propre, Σαϐέκ ; — vepres revient, Is., v, 6, et IX, 17 ; x, 17 ; xxxil, 13, pour traduire šâmîr, le paliure ; — Is., vii, 23, 24, 25, où il traduit tantôt šâmîr, tantôt šayiṭ, « épine ; » — 2° Sentes, « buisson piquant, » Job, xxx, 7, où il est mis pour ḥarûl, « bugrane. » — 3° Rubus, « ronce, » Exod., iii, 2, 3, 4 ; Deut., xxxiii, 16, pour senéh. Voir Buisson ardent. — 4° Rhamnus, Jud., ix, 14, rend âtâd, « le lyciet, » dans l’apologue célèbre de Joatham sur les arbres fruitiers et le buisson. — 5° Spina, rend un certain nombre de mots hébreux. — Voir Arbustes épineux, col. 889, Épines, Paliure, Ronce, Lyciet.

2. BUISSON ARDENT (hébreu : senéh ; Septante : βατός ; Vulgate : rubus). Buisson de l’Horeb, qui parut tout en feu sans se consumer, et du milieu duquel Dieu parlant à Moïse lui révéla son nom et lui donna sa mission. Exod., iii, 2-4 ; Deut., xxxiii, 16 ; cf. Act., vii, 30, 35. Son nom hébreu, senéh, indique, d’après l’étymologie, une plante épineuse. Ce n’est pas un terme générique, employé pour désigner toutes sortes d’épines ; il n’est employé que dans le récit de l’apparition de Jéhovah à Moïse, Exod., iii, 2, et dans un passage qui y fait allusion. Deut., xxxiii, 16 ; de plus, il est accompagné de l’article. Exod., iii, 2. Il s’agit donc d’une espèce particulière de plante épineuse. Les uns y voient une espèce ou variété de ronce, le Rubus fruticosus. Celsius, Hierobotanicon, 2 in-8°, Amsterdam, 1748, t. ii, p, 48, et Im. Low, Aramäische Pflanzennamen, in-8°, Leipzig, 1881, p. 275. Cette opinion a en sa faveur la traduction des Septante, βατός, et la Vulgate, rubus. Mais on objecte que la ronce ne se trouve pas au Sinaï, et que plus probablement elle porte, en hébreu le nom de barqânîm. Voir Ronce. D’autres, avec H.-B. Tristram, The Natural History of the Bible, p. 438, préfèrent identifier le senéh, avec une sorte d’acacia, l’acacia ou Mimosa nilotica, commun dans la péninsule sinaïtique ; senéh leur paraît être l’équivalent de šent, nom égyptien de l’acacia. Mais šent rappelle plutôt šittîm, nom hébreu de l’acacia seyal (col. 102) ; l’acacia nilotica, espèce voisine du seyal, portait aussi en égyptien le nom de èent. Voir Loret, la Flore pharaonique, in-8°, Paris, 1892, p. 84. Il est donc probable que si Moïse avait eu à le désigner, il l’aurait appelé šittîm. Le senéh pourrait être cependant quelque autre espèce d’acacia différente des deux précédentes. — Quelques-uns ont fait du senéh une espèce d’aubépine. La Palestine et les pays voisins possèdent plusieurs espèces de cet arbrisseau, appelé za’rûr, par les indigènes. Palestine exploration Fund, 1891, p. 123. Une espèce d’aubépine, le cratœgus sinaïtica, est assez abondante au Sinaï. Th. Shaw, Voyage de Shaw dans plusieurs provinces de la Barbarie et du Levant, trad. de l’anglais, 2 in-4°, La Haye, 1743, t. ii, p. 117 ; E. Boissier, Flora orientalis, t. ii, p. 663 ; G. Bénédite, La Péninsule sinaïtique, in-8°, Paris, 1890, 719 b. Aussi plusieurs voyageurs, comme Pococke, Voyages de Richard Pococke, trad. française, 6 in-12, Paris, 1772, I, 1, p. 440, ont vu dans cet arbrisseau épineux le senéh ou buisson ardent. E. F. Rosenmüller, Handbuch der biblischer Alterthumskunde, t. iv, 1re partie, p. 204 ; M. Julien, Sinaï et Syrie, 1893, p. 118. Il est curieux qu’une espèce d’aubépine, le cratœgus pyracantha, ait reçu chez nous le nom de Buisson ardent. L’arbuste du Sinaï est plus vigoureux, plus haut, et a les fruits plus gros que notre aubépine commune.

Celui qui parle dans cette vision se nomme l’ange de Jéhovah, Exod., iii, 2, puis Jéhovah (Iahvéh) et Élohim. Voir Ange de Jéhovah, col. 586. Le buisson ardent, qui ne se consume pas, symbolise le peuple d’Israël plongé alors en Égypte dans la fournaise de l’affliction, Deut., iv, 20, d’où le Seigneur doit le faire sortir plein de vie. Act., vii, 34 ; Philon, Vita Mosis, i, 12 ; Cornélius a Lapide, Comm. in Exodum, c. iii, 2, édit. Vives, p. 452. — Les feux de broussailles qu’on a coutume d’allumer dans ces déserts du Sinaï n’ont rien de commun avec cette apparition : entre un fait si naturel et le phénomène miraculeux, le plus simple pâtre n’aurait pu se méprendre. L. de Laborde, Commentaire géographique sur l’Exode, in-f°, p. 11. — Saint Luc, xx, 37, et saint Marc, xii, 26, citent ce passage de l’Exode, ch. iii, en l’indiquant par les mots : ἐπι τοῦ βάτου, super rubum, titre ou formule en usage chez les talmudistes et les rabbins pour indiquer ce passage de la Bible. — Suivant une ancienne tradition, le couvent de Sainte-Catherine, au Sinaï, serait bâti sur le lieu de l’apparition. Derrière l’abside de la basilique de la Transfiguration, élevée sous le règne de Justinien, se trouve en contre-bas une petite chapelle demi-circulaire, décorée à l’intérieur de ciselures en argent et de riches tapis. C’est la chapelle du Buisson ardent ou de l’Apparition, construite à l’endroit où l’on présumait qu’avait eu lieu la vision. On en attribue la construction à sainte Hélène : son style, sa situation au-dessous du chœur de la basilique Justinienne confirment cette tradition. Pour y pénétrer, il faut, à l’exemple de Moïse, ôter sa chaussure. Au IVe siècle, sainte Silvie la visita. Comme de son temps, on montre encore, à quelques pas derrière la chapelle, dans le jardin attenant, une ronce, plantée par les moines, pour rappeler aux pèlerins le buisson ardent. C’est l’influence du pâtot des Septante, qui leur a fait choisir cette plante, qui ne croît pas naturellement au Sinaï. Sainte Silvie, Peregrin. ad loca sancta, édit. Gamurrini, in-4°, Rome, 1887, p. 41 ; Antonin de Plaisance, Itinerarium, Patr. lat., t. lxxii, col. 912 ; R. Pococke, Description of the East, t. i, p. 150 ; M. Jullien, Sinaï et Syrie, in-8, Lille, 1893, p. 115-118.

BUKENTOP Henri, récollet flamand, lecteur émérite de théologie de l’université de Louvain, mort dans cette ville en 1716. Il fut un hébraïsant fort distingué, en même temps qu’un sage investigateur des solutions aux difficultés que présente parfois le sens des Saintes Écritures. Il publia deux ouvrages : 1° Lux de luce, in-4°, Bruxelles, 1710. (Voir à son sujet le Journal de Trévoux, janvier 1712.) Dans ce livre, il étudie, éclaircit et résout, à l’aide du texte hébreu, un nombre notable de passages de la