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ABSALOM — ABSTINENCE

d’Absalom que son histoire, telle qu’elle est racontée au livre II des Rois, et c’est l’histoire d’un prince heureusement doué, habile et prudent autant qu'énergique et résolu, affable, gracieux, ayant l’art de gagner les cœurs par le charme de ses manières séduisantes ; mais en même temps ambitieux, dissimulé, haineux et violent jusqu’au crime. Il fut surtout un mauvais fils. Il brisa le cœur de son père par l’assassinat de son frère aîné ; il chercha plus tard à décrier David et à le perdre dans l’esprit du peuple par ses intrigues et ses calomnies ; il le blessa cruellement dans son honneur domestique, et il ne recula pas même devant l’idée d’un parricide, lorsque Achitophel proposa d’aller frapper David dans sa fuite. Et cependant cet ambitieux, qui ne craignait pas d’acheter la couronne au prix de la vie de son père et de tant de citoyens qui pouvaient être victimes de la guerre civile allumée par lui, n’avait pas même pour excuse l’espoir de fonder une dynastie : ses trois fils étaient morts, II Reg., xviii, 18, et il ne lui restait plus qu’une ou deux filles. II Par., xi, 20. Voir Thamar 3 et Maacha 3. Aussi, sans approuver la dureté du langage de Joab, serait-on du moins tenté d’abord de blâmer et de trouver excessive la douleur de David se désolant de la perte d’un tel fils, et répétant sans cesse, à la nouvelle de sa mort : « Mon fils Absalom ! Absalom mon fils ! qui me donnera de mourir à ta place, mon fils Absalom ! Absalom mon fils ! » II Reg., xviii, 33. Mais on ne peut s’empêcher de le plaindre, quand on songe qu’Absalom, malgré ses défauts et ses crimes, avait de grandes qualités, capables de le faire regretter ; qu’il était devenu son fils aîné et devait être naturellement son héritier, et surtout que David voyait en lui une nouvelle victime de ses propres péchés, et dans la mort de ce fils un nouveau châtiment de la justice divine qui poursuivait le père. Cf. II Reg., xvi, 10-11.

E. Palis.

2. ABSALOM, père de Maacha, femme du roi Roboam, II Par., xi, 21, 22, dont le nom est écrit Abessalom, III Reg., xv, 2, 10. C’est probablement le même qu' Absalom 1, le mot père étant pris ici dans le sens de grand-père. Voir Abessalom.

3. ABSALOM (Septante : Ἀϐεσσάλωμος), 'père d’un Mathathias et d’un Jonathas dont il est question I Mach., xi, 70, et xiii, 11 (Vulgate, dans ce dernier passage : Absolom).

ABSEL (Guillaume van), APSEL ou ABSÉLIUS, prieur de la Chartreuse de Bruges, né à Bréda (ancien Brabant), mort près d’Enghien (Belgique), le 4 août 1471. Il composa de nombreux ouvrages, entre autres : Opus super Genesim, Psalterium et Canticum canticorum ( écrit en 1441) ; Tractatus de Oratione dominica (en vers). Aucune de ses œuvres n’a été imprimée. Voir Fr. Sweert, Athenæ belgicæ, in-f°, Anvers, 1628, p. 196 ; J. Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des dix-sept provinces des Pays-Bas, 18 in-12, Louvain, 1765-1770, t. iv, p. 411.


ABSINTHE, en hébreu la’anâh (dans l’Apocalypse, viii, 14, ἄψινθος), plante du genre armoise, à racine vivace, comprenant diverses espèces. La tige herbacée de l’absinthe commune atteint un mètre environ de hauteur. Ses feuilles sont très découpées et d’un vert argenté. Elle se termine par une grappe peu touffue de petites fleurs jaunes (fig. 11). Elle se plaît dans les terrains montueux et arides. L’odeur est pénétrante et très aromatique, le goût très amer. Les Hébreux désignaient sous le nom commun de la’andh les espèces diverses qui croissent spontanément en Palestine. On en connaît sept. Tristram, The Survey of Western Palestine, Fauna and Flora, in-4°, Londres, 1884, p. 331. Voici les trois principales :

1° L’Artemisia romana, qu’Hasselquist trouva sur le mont Thabor et en grande abondance sur la côte de la Phénicie, depuis Saint-Jean-d’Acre jusqu'à Tyr. C’est l’absinthe commune. — 2° L’Artemisia judaica, qui est plus amère que la précédente, et qu’on trouve en grande quantité en Arabie, en Egypte, en Judée, en particulier dans les environs de Bethléhem. On fait usage en Orient de ses feuilles et de ses graines comme toniques, stomachiques et vermifuges. — 3° L’Artemisia abrotonum, qui croit dans le midi de l’Europe, se rencontre aussi en Palestine, et, en allant à l’est, jusqu’en Chine. Elle devient un arbrisseau dans les pays chauds.


11.— Absinthe.

Ce qui caractérise spécialement toutes les espèces d’absinthe, c’est leur saveur très amère, qui est devenue proverbiale. Il est fait plusieurs fois allusion à cette amertume dans les Écritures, et ce n’est même qu'à cause de cette propriété que l’absinthe y est mentionnée.. Salomon, dans les Proverbes, v, 4, l’oppose à la douceur du miel. Dans Jérémie, ix, 15 ; xxiii, 15 ; Lament., iii, 15, 19, « abreuver d’absinthe » signifie infliger un châtiment sévère. Le prophète Amos, v, 7 ; vi, 13 (12), dit que les juges iniques transforment la justice en absinthe. Le Deutéronome, xxix, 18, compare celui qui abandonne Dieu pour servir les idoles à une racine qui produit le fiel et l’absinthe. (Dans ce passage, la Vulgate, comme les Septante, a rendu le nom hébreu de l’absinthe par sa signification figurée d’  « amertume ».) Une étoile symbolique, Apoc. viii, 11, est appelée absinthe, parce qu’elle tombe du ciel dans un tiers des fleuves et des sources, elle rend les eaux tellement amères, qu’elles causent la mort de ceux qui en boivent. Les commentateurs sont d’ailleurs très divisés sur le véritable sens de ce symbole, qui d’après les uns désigne un hérésiarque, d’après d’autres un chef d’armée qui fait de grands ravages, etc.

F. Vigouroux.

ABSOLOM. I Mach., xiii, 11. Voir Absalon 3.


ABSTINENCE. Dans le langage actuel de l'Église catholique, le mot abstinence s’entend de la privation de certains aliments dont les lois ecclésiastiques interdisent l’usage à certains jours déterminés, par un motif de mortification et de pénitence. Voir Jeûne. Les Hébreux avaient aussi leurs abstinences ; toutefois, généralement parlant, elles n'étaient pas prescrites seulement pour certains jours déterminés, mais d’une manière permanente, et le législateur les avait imposées pour les causes les plus diverses : tempérance, religion, hygiène, séparation plus complète d’avec les peuples voisins, etc.

On peut classer en deux catégories les aliments prohibés dont s’abstenaient les Hébreux : les uns étaient défendus d’une manière absolue, c’est-à-dire pour tous et toujours ; les autres n'étaient défendus que d’une manière relative. — La première catégorie renferme les animaux impurs, le sang, les viandes étouffées (carnes suffocatæ), certaines portions de la graisse des animaux, la chair des animaux morts de maladie ou déchirés par les bêtes, les viandes immolées aux idoles, les aliments