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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/115

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ABSTINENCE — ACACIA

souillés ou frappés d’une impureté légale. Voir ces mots. — Les aliments de la seconde catégorie n’étaient pas défendus absolument, mais relativement, c’est-à-dire à certaines personnes ou dans certaines circonstances. Ainsi une certaine abstinence était prescrite soit aux nazaréens, soit aux prêtres, pendant le temps qu’ils servaient dans le temple ; les pains de proposition ne pouvaient être mangés que par les prêtres ; la chair des victimes que par des personnes non atteintes d’ impureté légale, et jamais au delà du second jour ; le pain levé était interdit à tout le monde pendant les huit jours de la fête de Pâques. Voir aux articles spéciaux la nature et l’étendue de ces différentes prohibitions. — D’après plusieurs auteurs, les hommes, avant le déluge, devaient s’abstenir en général de la chair des animaux. Voir ce mot.

L. Many.

ABULENSIS, surnom par lequel les théologiens et les commentateurs désignent souvent Alphonse Tostat, ainsi appelé parce qu’il était originaire d’Avila en Espagne. Voir Tostat.


ABULFARAGE. Voir Bar-Hebræus.


ABYSSINIE. Voir Éthiopie.


ACACE LE BORGNE, disciple d’Eusèbe de Césarée, lui succéda comme évêque sur le siège de cette dernière ville, en Palestine, l’an 340. Il "mourut en 366. D’un caractère inconstant et inquiet, il changea souvent d’opinion, mais n’abandonna une hérésie que pour tomber dans une autre. Il fut le chef de la secte des Acaciens, à laquelle il donna son nom. Les anciens ont loué son érudition et l’élégance de son style. Il avait composé sur l’Ecclésiaste un long commentaire (17 volumina in Ecclesiasten, dit saint Jérôme) et des Questions diverses, Σύμμικτα ζητήματα, qui sont perdus, comme ses autres écrits, dont il ne reste que des fragments insignifiants. Voir S. Jérôme, De viris illustribus, 98, t. xxiii, col. 699 ; Epist. cxix, 6, t. xxil, col. 970 ; Sozomène, Hist. eccl., iv, 23, t. lxvii, col. 1185 ; Hefele, Conciliengeschichte, 2e édit., t. i, p. 677, 712, 714, 721, 734.


ACACIA (hébreu : šittîm), arbre de la famille des Mimosées, tribu des Acaciées. La Vulgate a conservé ordinairement le nom hébreu dans sa traduction, « bois de setim, » ligna setim, Exod., xxv, 5, etc. ; les Septante l’ont traduit par « bois incorruptible », ξύλον ἄσεπτον. L’acacia véritable n’est point celui auquel on donne vulgairement parmi nous le nom d’acacia. Ce dernier est du genre Robinia ou Robinier, qui se distingue par plusieurs caractères importants de l’ acacia vera. Celui dont parle l’Écriture est un acacia proprement dit, qui croît partout dans la péninsule du Sinaï. On le trouve aussi dans la partie méridionale de la vallée du Jourdain. Il est connu sous le nom d’acacia seyal. Ses feuilles, qui sont mangées par les chameaux, se composent de sept à huit paires de folioles oblongues très fines ; ses fleurs, jaunes, à têtes globuleuses, s’épanouissent à l’aisselle des feuilles. Il est armé d’aiguillons géminés très aigus. Ses graines, de forme allongée, sont enfermées dans une longue gousse sèche, s’ouvrant en deux valves, comme celle du haricot (fig. 12). Le seyal produit la véritable gomme arabique. Il est communément de la grosseur d’un prunier, G. Ebers, Durch Gosen zum Sinai, 2e édit., 1881, p. 138; mais il peut atteindre et il atteignait probablement autrefois des proportions beaucoup plus considérables, H. S. Palmer, Sinai (1878), p. 39, 209, lorsqu’on lui laissait le temps d’atteindre son plein développement. Aujourd’hui les grands seyals sont rares dans la péninsule, parce que les Bédouins coupent les jeunes arbres de bonne heure, sans leur laisser le temps de grandir, afin d’en faire du charbon, qu’ils vont vendre en Égypte. Son bois, quoique fort léger, est très dur et se conserve fort longtemps, ce qui nous explique pourquoi les Septante, dans leur traduction, l’ont désigné sous le nom de bois incorruptible.


12. — Rameau, épines, feuilles, fleurs et fruits de l’acacia seyal.

Il est par conséquent très propre aux travaux de menuiserie. Il brunit avec le temps, et, lorsqu’il est vieux, il est presque aussi noir que de l’ébène. Le nom hébreu de l’acacia seyal, šittîm, singulier šittâh, est une contraction de šintâh, šint, et ce nom a été emprunté probablement à l’égyptien šent. L’acacia était un des arbres les plus communs dans l’ancienne Égypte. On retrouve fréquemment son nom, , šent, dans les textes hiéroglyphiques. Ce mot signifie probablement « épine » ; c’est du moins le sens du mot copte ⲱⲟⲛⲧⲉ, šonte, ce qui nous explique les noms grec et latin donnés à l’acacia d’Égypte (Mimosa nilotica), ἄκανθα, Acanthus, spina ægyptiaca. Encore aujourd’hui les Arabes l’appellent sunt. Théophraste, Hist. plant., iv, 2, 8, dit : « l’acantha (ou acacia d’Égypte) porte ce nom parce qu’il est partout couvert d’épines (ἀκανθώδης), excepté au tronc ; les feuilles mêmes sont épineuses. » Les anciens Égyptiens se servaient du bois d’acacia pour faire des barques, comme le raconte Hérodote, ii, 90, et comme l’attestent les monuments, qui nous apprennent aussi qu’on en faisait des statues et des meubles de toute espèce. Voir Ch. E. Moldenke, Ueber die in altägyptischen Texten erwähnten Baüme und deren Verwerthung, in-8°, Leipzig, 1887, p. 74-81.

Il est digne de remarque que l’acacia seyal n’est mentionné que dans les livres écrits aussitôt après la sortie d’Égypte, c’est-à-dire dans l’Exode et le Deutéronome (sauf le passage à sens douteux d’Isaïe, xii, 19). Cet arbre étant très commun dans le Sinaï et, au contraire, inconnu en Palestine, excepté dans le voisinage du Jourdain, il est tout naturel qu’il n’en soit question que pendant que les Israélites habitent le désert du Sinaï. C’est là une nouvelle preuve de détail, ajoutée à tant d’autres, de l’exactitude minutieuse du récit sacré, et du parfait accord des textes avec ce que nous enseigne la géographie de l’Orient. Quand Salomon construisit le temple de Jérusalem, il se servit