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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/202

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AGONIE DE N.-S. — AGRICULTURE CHEZ LES HÉBREUX

Il vient alors à ses disciples, et il les trouve encore endormis. Luc, xxii, 45. « Dormez maintenant et reposez-vous, » leur dit-il. Mat th., xxvi, 45. La plupart des commentateurs remarquent que ces paroles sont pleines de pitié et de tendresse. Jésus est assez fort pour se passer de tout secours humain ; il permet donc à ses Apôtres de se reposer un peu. Il s’écoula après ces paroles un temps plus ou moins considérable ; et au moment où Judas arriva avec ses sicaires, le divin Maître réveilla les trois Apôtres en leur disant : « C’est assez ; l’heure est venue où le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs. Levez-vous. Allons ! voici que s’approche celui qui me livrera. » Matth., xxvi, 45, 46 ; Luc, xxii, 46 ; Marc, xiv, 41, 42. Et Jésus s’avança d’un pas ferme au-devant du traître qui allait le livrer et des ennemis qui venaient s’emparer de lui. En même temps, il se dirigeait vers les autres Apôtres, qui étaient à l’entrée du jardin, afin de les protéger contre l’ennemi qui arrivait. Il pouvait être onze heures du soir.

G. Martin.

AGORA, ἀγορά, mot assez fréquemment employé dans le texte grec du Nouveau Testament, et traduit dans la Vulgate latine tantôt par forum, tantôt par platea. Il désigne : 1o en général, une place publique, ou une rue grande et large, Matth., xi, 16 ; xx, 3 ; xxiii, 7 ; Marc, vi, 56 ; xii, 38 ; Luc, vii, 32 ; xi, 43 ; xx, 46 ; 2o plus spécialement, un marché, un lieu de réunion où l’on vend et l’on achète, où l’on tient des assemblées et où l’on rend la justice. Act., xvi, 19 ; xvii, 17. 3o D’après plusieurs commentateurs, ἀγορά aurait une troisième signification dans saint Marc, vii, 4, où il est dit que les Pharisiens ne mangent point, ἀπὸ ἀγορᾶϛ, ἐὰν μὴ βαπτίζονται, a foro nisi baptizentur. Ce passage est généralement traduit en ce sens que les Pharisiens, lorsqu’ils reviennent du marché, ne mangent qu’après s’être lavés, pour se purifier des souillures qu’ils peuvent avoir contractées en se mêlant à la foule ; mais quelques interprètes pensent que le mot agora signifie dans cet endroit les choses achetées au marché, non le lieu même où se tient le marché. C’est l’opinion de Paulus, de Kuinoel, d’Olshausen, de Lange. Voir Lange-Schaff, Commentary on the Holy Scripture, the Gospel according to Mark, 6e édit., in-8o, Édimbourg (sans date), p. 64. Le sentiment contraire, qui est celui des anciens, est beaucoup mieux établi. Voir H. Alford, The Greek Testament, 2e édit., Londres, 1854, 1. 1, p. 327 ; C. F. A. Fritzsche, Evangelium Marci, in-8o, Leipzig, 1830, p. 264-266. — Sur Agora d’Athènes, voir Athènes.

F. Vigouroux.


44. — Agrafe (πορπή).


AGRAFE, crochet qui sert à attacher un vêtement, et qui peut être en matière plus ou moins précieuse et plus ou moins orné. D’après l’interprétation assez vraisemblable de Kimchi, l’ornement appelé ḥâḥ, que les femmes israélites offrent dans le désert du Sinaï pour la fabrication des vases sacrés, Exod., xxxv, 22, serait une agrafe de métal. Voir Gesenius, Thesaurus linguæ hebrææ, p. 497. Nous en ignorons d’ailleurs la forme. La Vulgate traduit armillas, « bracelets ». — Le mot meḥaberôṭ, I Par., xxji, 3 (Vulgate : juncturas), paraît désigner des fibulæ, attaches ou crampons de fer. Gesenius, Thesaurus, p. 443 ; F. Keil, The books of the Chronicles, trad. Harper, p. 243.

Qérés, Exod., xxvi, 6, 11, 33 ; xxxv, 11 ; xxxvi, 13, 18 ; xxxix, 33 (hébreu), que la Vulgate a traduit en plusieurs endroits par fibula, Exod., xxvi, 11 ; xxxvi, 18, signifie aussi une espèce d’agrafe. — Enfin πορπή, fibula, dans I Mach., x, 89 ; xi, 58 ; xiv, 44, est le nom d’une sorte d’agrafe ou boucle d’or qui ne pouvait être portée que par de grands personnages. Cf. Pline, H. N., xxxiii, 12. Une boucle de ce genre, trouvée à Herculanum (fig.44), peut nous donner une idée de ce qu’était cette espèce d’ornement.

1. AGRICOLA Conrad, auteur de la première Concordance complète de la Bible allemande. Voir Concordances de la Bible. Concordances allemandes.

2. AGRICOLA François, théologien catholique, né à Lunen, près d’Aldenhoven, dans le duché de Juliers (Prusse rhénane), fut curé de Roding, puis de Sittard, où il mourut en 1621. Il montra un zèle ardent pour la défense de la foi catholique et l’extirpation de l’hérésie : ses nombreuses œuvres théologiques, polémiques, scripturaires, en font foi. Ces dernières sont : 1o Commentarium de Verbo Dei scripto et non scripto, sive de Sancta Scriptura, etc., in-8o, Liège, 1597 ; 2o De assidua lectione Sanctæ Scripturæ ejusque interpretibus orthodoxis, in-12, Liège, 1600. Cf. Hurter, Nomenclator litterarius, t. i, p. 585 ; Valère André, Bibliotheca belgica, 2e édit., 1643, p. 220 ; J. Fr. Foppens, Bibliotheca belgica, t. i, p. 280.

3. AGRICOLA Jean, théologien protestant, appelé aussi Islebius, d’Eisleben, où il naquit le 20 avril 1492, avait pour véritable nom Schnitter, « moissonneur. » Suivant l’usage du temps de latiniser son nom, il prit celui d’Agricola. Longtemps ami de Luther et de Mélanchton, il rompit avec eux en se faisant le chef des Antinomiens, qui soutenaient l’inutilité de la loi évangélique pour le salut. Abandonnant bientôt cette erreur, il quitta Wittemberg et alla à Berlin, en 1540, pour remplir l’office de prédicateur protestant à la cour ; il y mourut le 22 septembre 1566. Outre ses ouvrages de controverse, on a de lui, écrits dans un style clair, élégant : 1o Commentarius in Evangelium Lucas, in-8o, Augsbourg, 1515 ; Nuremberg, 1525 ; Haguenau, 1526 ; 2o Commentarius in Epistolam Pauli ad Colossenses, in-8o, Wittemberg, 1527 ; 3o Commentarius in Epistolam Pauli ad Tilum, in-8o ; Haguenau, 1530 ; 4o Historia passionis et mortis Christi, in-fo, Strasbourg, 1543. Cf. Unger, Dissertatio de J. Agricola, in-4o, Leipzig, 1732 ; Kordes, J. Agricola’s Schriften möglichst vollständig verzeichnet, in-8o, Altona, 1817 ; G. Kawerau, Johann Agricola von Eisleben, in-8o, Berlin, 1881.

4. AGRICOLA Miche], né en Finlande, étudia la théologie à l’université de Wittemberg. Lié avec Luther, qui le recommanda à Gustave Ier, il devint ministre luthérien à Abo, en 1539. De là on l’envoya prêcher le christianisme en Laponie. Nommé en 1554 évêque d’Abo par Gustave Ier, il mourut en 1557. On lui doit la première traduction en finnois du Nouveau Testament et du Psautier, imprimée à Stockholm, 1548 ; rare.

AGRICULTURE CHEZ LES HÉBREUX. — I. Origines de l’agriculture. — La culture de la terre fut, avec l’élève des troupeaux, l’occupation principale des Hébreux en Palestine. L’origine de ces deux arts nourriciers de l’homme remonte à l’origine même de l’humanité. Même avant la chute, Adam, placé dans le jardin de l’Éden, devait le cultiver, le garder, Gen., ii, 15, et se nourrir de ses fruits. Gen., ii, 16 ; cf. i, 29. S’il n’avait point péché, le travail ne lui aurait coûté ni fatigue ni peine. En punition de sa désobéissance à Dieu, il fut condamné à manger son pain à la sueur de son front, Gen., iii, 19, c’est-à-dire qu’il ne put faire produire à la terre