qui tirait son nom du Jebuséen qui en était propriétaire. Voir Ornan. Du temps de David, elle était hors de la ville de Jérusalem, au nord-est. Quand Dieu punit par le fléau de la peste l’orgueil du roi David, qui avait ordonné le dénombrement de son peuple, l’ange exécuteur des vengeances divines se tenait près de l’aire d’Oman. II Reg., xxiv, 16 ; I Par., xxi, 15. Lorsque le fléau eut cessé et que l’ange se fut retiré, après que le roi eut prié pour obtenir la cessation de la peste, le prophète Gad commanda à David d'élever un autel sur l’aire même d’Oman. C’est ce que fit le monarque. Il acheta le terrain et les bœufs d’Oman, pour les offrir en holocauste, au prix de cinquante sicles d’argent, II Reg., xxiv, 24, ou de six cents sicles d’or, I Par., xxi, 25, et il y offrit au Seigneur le sacrifice qu’avait demandé son prophète. II Reg., xxiv, 17-25 ; I Par., xxi, 16-28. Ce lieu ainsi sanctifié par cet holocauste devint l’emplacement du Temple de Salomon.
II Par., iii, 1. La différence du prix d’achat qu’on remarque entre II Reg., xxiv, 24, et I Par., xxi, 25, ne peut s’expliquer que par l’altération d’un des deux textes, sans qu’il soit possible de déterminer exactement lequel des deux mérite ici la préférence. Si l’on se rappelle qu’Abraham avait payé le lieu de sépulture de sa famille quatre cents sicles d’argent, Gen., xxiii, 15-16, les cinquante sicles de II Reg., xxiv, 24, sembleront bien peu de chose pour le prix d’un terrain à qui sa situation donnait une grande valeur, et le chiffre de I Par., xxi, 25, peut paraître plus vraisemblable. Voir Keil, The Books of Samuel, trad. J. Martin, p. 51 1. En admettant que le sicle du temps de David valait celui de l'époque des Machabées, cinquante sicles d’argent font environ 140 francs, et les six cents sicles d’or environ 2 175 francs.
6. AIRE, nid de l’aigle. (Voir fig. 55, col. 300.) Il en est question dans Job, xxxix, 27-28 ; Jérémie, xlix, 16 ; Abdias, 4, et probablement aussi dans Habacuc, ii, 9. Voir la description de l’aire de l’aigle dans l’article Aigle 1, col. 300-301.
AIROLI. Voir Ayroli.
AKIBA-BEN-JOSEPH (ou AQÎBA', selon la transcription plus exacte de son nom), fameux rabbin, vécut dans le Ier siècle et au commencement du ne siècle de l’ère chrétienne ; il mourut en 135. La tradition juive, très légendaire sur les circonstances merveilleuses de sa vie, prétend qu’il vécut cent vingt ans. Il aurait ouvert à Lydda, puis à Jamnia (Jabné), une école, très célèbre par le nombre des disciples qui la fréquentaient. Comme certains docteurs de son temps émettaient des doutes au sujet de l’inspiration du Cantique des cantiques et voulaient le retrancher du canon, R. Akiba défendit avec force l’inspiration et la canonicité de ce livre. « Les hagiographies sont saints, disait-il, mais le Cantique des cantiques est très saint. » Yadaïm, iii, 5. Selon l’interprétation traditionnelle des anciens Juifs, il l’entendait de l’union de Dieu avec son peuple d’Israël. La Mischna, commencée par Hillel, fut enrichie et développée par Akiba. Il classa les traditions orales après les avoir recueillies avec soin, et ajouta un certain nombre de préceptes de son invention, la plupart assez futiles. Avant tout, ce fut un casuiste. Dans un âge très avancé, il prit une part active considérable dans l’insurrection de Bar-Cochébas. Ce brigand illuminé, prenant ce nom, qui signifie « fils de l'étoile », prétendit être le Messie, annoncé par le prophète Balaam sous cet emblème. Cette prétention fut accréditée par Akiba, qui alla jusqu'à verser l’huile sainte sur la tête de cet imposteur, et à se faire son écuyer et son héraut. La révolte fut réprimée par Julius Severus, le plus habile des généraux d’Adrien. Bar-Cochébas, plus justement appelé depuis Bar-Côzibâ, « fils du mensonge, » fut tué dans Béther, et Akiba, fait prisonnier, fut écorché vif. « Avec lui, dit la Mischna, s'évanouit la gloire de la Loi. » Quelques ouvrages lui sont attribués, mais à tort. Il a pu sans doute avoir une certaine part dans leur composition, en poser les premières bases ; mais ce sont des œuvres de rédaction plus tardive, et le produit du travail de plusieurs générations : 1o Sefer yeṣirâh, Livre de la création, un des deux principaux documents de la littérature cabalistique ; 2o Séfer ʾôṭîyôṭ šel R. ʾAqîbaʾ, Le livre des lettres de Rabbi Akiba, in-4o, Venise, 1556, et Cracovie, 1579, œuvre cabalistique de moindre importance ; c’est une étude sur les propriétés mystiques attachées aux lettres de l’alphabet hébreu, et sur les sens cachés que ces lettres nous offrent dans le texte sacré, grâce à des combinaisons faites selon les procédés de la cabale. Au commencement de cet ouvrage est décrite une scène étrange. Les vingt-deux lettres de l’alphabet paraissent successivement devant Dieu, et chacune d’elles le supplie de la placer en tête du récit de la création. Cette prérogative est accordée à la lettre ב, b, parce qu’elle commence le mot ברך, barek, « bénir. » On prouve par là que la création tout entière est une bénédiction divine. Le livre des lettres ou alphabet d' Akiba a été traduit en latin, et se trouve dans Athanase Kircher, Œdipus ægyptiacus, t. ii, p. 225, in-f°, Rome, 1652-1654. On le trouve aussi dans Bartolocci, Bibliotheca rabbinica, t. IV, p. 275.
ALABASTER William, théologien anglican, né en
1567 à Hadleigh, dans le comté de Suffolk, en Angleterre,
mort à Therfield en avril 1640. Il se fit catholique et redevint anglican, ce qui lui fit obtenir une prébende à Saint-Paul de Londres. Il composa un Dictionnaire intitulé Lexicon pentaglotton, hebraicum, chaldaicum, syriacum, talmudico-rabbinicum et arabicum, in-f°, Londres, 1637, et plusieurs autres ouvrages remplis de singularités que lui avait inspirées l'étude de la cabale ; Tractatus de bestia apocalyptica, in-12, Delphis, 1621, etc.
ALABASTRUM (grec : τὸ ἀλάβαστρον ou ὁ et ἡ ἀλάβαστρος ; latin : alabastrum ou alabaster). On donne communément le nom d’albâtre à deux pierres de formation et de composition différentes, mais ayant entre elles quelque ressemblance et pouvant servir aux mêmes usages. Ce sont : 1o l’albâtre gypseux (chaux sulfatée), d’une belle teinte blanche, d’un grain fin, et qui peut facilement être travaillé, celui dont les carrières les plus estimées aujourd’hui sont à Volterra en Toscane ; 2o l’albâtre calcaire (chaux carbonatée), ayant plus île dureté et d'éclat que le précédent, et provenant de stalactites ou de stalagmites en masse à disposition zonaire ; de là, suivant la nature des terrains traversés par les eaux calcaires, une grande diversité dans les teintes et dans les ondulations des veines.
Une variété d’albâtre calcaire, remarquable par la finesse
de sa pâte et par ses veines sinueuses jaunâtres, est connue sous le nom d’albâtre oriental. Les anciens l’estimaient beaucoup et l’appelaient aussi onyx (sans doute à cause de sa ressemblance avec la pierre précieuse de ce nom, de formation siliceuse). Cf. de Lapparent, Cours de minéralogie, 1884, p. 423, 431.
Chez les anciens, alabastrum désignait : 1o la pierre dont nous venons de parler (calcaire ou gypseuse), et dont ils faisaient usage pour sculptures, vases, urnes, revêtements, etc. Cf. Athénée, xv, 686 ; Hérodien, iii, 15-16 ; Pausanias, I, 18, et surtout Théophraste, De odorib., 41 ; De lapid., 1, et Pline, qui, après l’avoir désignée sous le nom d’onyx, ajoute : « Quelques-uns nomment cette pierre alabastrite ; on en fait des vases à parfums, parce qu’elle passe pour les préserver de toute corruption… On la trouve aux environs de Thèbes d’Egypte et de Damas de Syrie. On a donné la palme entre tous les albâtres à celui de la Carmanie, puis à celui de l’Inde, et finalement à ceux de Syrie et d’Asie. » H. N., xxxvi, 12, traduct. Littré, 2 in-4o, Paris, 1850, t. ii, p. 509. Et encore, xxxvii, 54, p. 560 : « L’alabastrite vient d Alabastrum en Egypte, et