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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/230

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ALABASTRUM

de Damas en Syrie ; elle est d’une teinte blanche, qu’entrecoupent différentes couleurs. La ville d’Alabastrum était située dans les montagnes de la Thébaïde. Ibid., v, ii, t. i, p. 219. De plus, Pline, xxxvi, 59, t. ii, p. 528, paraît avoir fait la distinction entre les deux albâtres, quand il dit qu’une espèce de gypse provient d’une pierre qui ressemble à l’alabastrite. Cf. aussi Théophraste, De lapid., 9. 2° Plus souvent encore les anciens désignent par alabastrum des vases de forme spéciale, et particulièrement destinés à renfermer des parfums. Cf. Théophraste, De odor., 41 ; Pline, H. N., xiii, 4. Aussi la locution ἀλάϐαστρον μύρον se rencontre-t-elle fréquemment, et déjà dans Hérodote, iii, 20 ; Élien, Hist. variæ, 12, 18 ; Lucien, Asin., 51 ; Dial. meretr., 14, 2 ; Anthol., 1. ix, n. 153 ; et chez les Latins : alabaster plenus unguenti, Cicéron, Acad., 2, ou simplement alabastra unguenti, Pétrone, Satyr., 60. Cependant les alabastra pouvaient parfois servir à d’autres usages ; les délicats d’Alexandrie utilisaient leur orifice étroit pour boire avec un certain raffinement. Cf. Clément d’Alexandrie, Pœdag., ii, 2, t. viii, col. 429. Aristophane, Acharn., v. 1053, parle aussi de coupes d’albâtre.

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78. — Alabastrum romain.


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79. — Alabastrum en verre blanc. 80. — Alabastrum en onyx oriental. 81. — Alabastrum en verre émaillé.

— Ces vases avaient la forme d’une fiole cylindrique, légèrement renflée vers la base, sans anse, au col étroit mais parfois un peu allongé, ayant un orifice qui devait se fermer avec de la cire ou de l’argile desséchée (fig. 78). Le type en était si bien déterminé, que Pline, pour décrire certaines perles allongées en poire, se contente de dire qu’elles avaient la forme d’alabastres. H. N., IX, 56. Ils étaient le plus souvent en albâtre, cette substance ayant la réputation de conserver les parfums ; et on en a rencontré de tels en Grèce, en Italie, en Asie, en Égypte. Nous reproduisons ici trois alabastra égyptiens conservés au musée du Louvre (fig. 79-81). En Assyrie, à Nimroud, M. Layard en a découvert (fig. 82) avec des inscriptions cunéiformes de Sargon (721-705), et en 1887, des fouillés faites à Saïda, en Phénicie, en ont mis plusieurs au jour. Cf. F. Vigouroux, Le Nouveau Testament et les découvertes modernes, 1890, p. 158-159. Mais on en trouve aussi de forme semblable, destinés au même usage, en verre, en argile peinte (fig. 83-86) ; on en fabriquait même en argent et en or : Théocrite, Idyl., xv, 114, parle « d’alabastres d’or pleins de parfums syriens ».

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82. — Alabastrum assyrien.

Aussi, suivant beaucoup d’archéologues qui acceptent une étymologie donnée par les anciens (S. Method., ap. Etym. M. : διὰ τὸ μὴ λαϐὰς ἔχειν ; Suidas, etc.), c’est la forme de ces vases dépourvus d’anses (a privatif et Xaêac), qui leur vaudrait le nom d’alabastrum, et du vase le nom se serait étendu à la matière habituelle dont ils étaient fabriqués. Cf. Saglio, dans le Dictionnaire des antiquités grecques et romaines, t. i, p. 176. E. Jablonski, Gloss. vocum Ægypt., dans H. Estienne, Thesaurus linguæ græcæ, édit. de Londres, 1816, 1. 1, regarde alabastrum comme d’origine égyptienne d’après le copte al-uobs, al-abs, « pierre blanche. » Pour Kitto, Cyclopædia, 1. 1, p. 101, ce serait la ville égyptienne d’Alabastrum qui aurait donné son nom à la pierre qu’on y exploitait, et de la pierre le nom serait passé aux vases à parfum qu’on fabriquait ordinairement avec elle. Quoi qu’il en soit, avec ces données il est facile de voir que dans Matth., xxvi, 7 ; Marc, XIV, 3, γυνὴ ἔχουσα ἀλάϐαστρον μύρου, « une femme ayant un alabastrum de parfum, » et aussi dans Luc, vii, 37 (circonstance différente), κομίσασα ἀλάϐαστρον μύρου, « ayant porté un alabastrum de parfum, » ce mot est pris dans le sens de vase à parfum. D’après ce que nous avons dit, l’expression alabastrum n’implique pas rigoureusement que ce vase fut d’albâtre ; il pouvait être d’une matière plus fragile, ce qui expliquerait mieux une circonstance rapportée par saint Marc seulement, xiv, 3 : « Et ayant brisé l’alabastrum, elle le répandit sur sa tête [de Notre Seigneur]. « Au reste, le vase aurait-il été d’albâtre, il faut se rappeler que plusieurs avaient un col effilé, et par cela même fragile. Dans son empressement ou plutôt dans son désir de ne rien réserver du sacrifice qu’elle offrait au Maître, cette femme, que beaucoup d’interprètes croient être Marie Magdeleine d’après Joa., xii, 3, brisa ce col plutôt que d’enlever la cire ou l’argile qui le fermait.

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83 et 84. — Alabastra corinthiens en argile peinte.

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85. — Alabastrum phénicien en terre émaillée. 86. — Alabastrum de Rhodes en terre émaillée.

— Une tradition plus récente considérait ce vase comme de verre, S. Épiphane, De Mens, et pond., n. 21, t. xliii, col. 233 ; Suidas (au mot φόρος) raconte qu’on avait donné à l’empereur Constantin le vase de verre qui avait contenu la liqueur répandue sur la tête de Notre-Seigneur ; que ce vase était exposé sur la place publique, à Constantinople, et que Théodose le fit mettre en un lieu plus sûr et plus