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ALEXANDRE LE GRAND — ALEXANDRE BALAS

à Dium le Dieu que représentait Jaddus, et qu’il avait été encouragé par lui à se rendre en Asie, où l’attendait la victoire ». Le roi alla ensuite à Jérusalem) où il offrit des sacrifices, et on lui montra les prophéties de Daniel, qui prédisaient ses conquêtes sur les Perses. Pour témoigner sa satisfaction aux Juifs, Alexandre leur contera de grands privilèges, non seulement en Judée, mais aussi en Babylonie et en Médie. Sur ce récit de Josèphe, voir Flathe, Geschichte Macédoniens, t. 1, p. 310 et suiv. ; Henrichsen, Das Verhältnis der Juden zu Alexander dem Grossen, dans les Studien und Kritiken, 1871, p. 458-480 ; Blümmer, Alexander der Grosse in Jerusalem, Büdingen, 1872 ;


91. — L’Europe et l’Asie s’unissant pour glorifier Alexandre. Relief en marbre, découvert en Italie. Il est connu sous le nom de relief Chigi. La partie principale est un bouclier, représentant le combat de cavalerie qui décida le gain de la bataille d’Arbèles, comme nous l’apprend l’Inscription placée au-dessous : Ἡ ἐπὶ πᾶσι μάχη τρίτη πρὸς Δαρῆον γενομένη ἔν Ἀρϐήλοις. Ce bouclier est soutenu d’une main par deux femmes à tête tourelée, qui figurent, celle de droite, l’Asie (AΣIA), et celle de gauche, l’Europe ( EYPΩΠH). Ces deux personnages versent de l’autre main une libation sur un autel où l’on voit une musicienne et deux danseuses. L’Europe et l’Asie, unies par Alexandre, consacrent ce bouclier dans un sanctuaire en l’honneur du conquérant, dont la naissance et la gloire sont chantées dans une épigramme placée au haut et au bas du monument :

Ἔπταξαν βασιλῆες ἑμὸν δόρυ ἔθνεα τεἁϋτών,

Ὅσσα περὶξ γαίης Ὠκεανὸς νέμεταί.
Εἰμὶ δ’αφ Ἡρακλέος Διὸς ἐκγονος, υἱὸς Φιλίππου,

Αἰακιδῶν γενεῆς μητρὸς Ὀλυμπιάδος.

E. Reuss, Geschichte der heiligen Schiften Alten Testaments, § 246. Cf. Donath, Die Alexandersage in Talmud mit Rücksicht auf Josephus, Fulda, 1873 ; Lévi, La légende d’Alexandre dans le Talmud, dans la Revue des Études juives, 1881, p. 293-300 ; 1883, p. 78-93 ; E. Schürer, Geschichte des jüdischen Volkes, 1889 t. i, p. 138-139.

Quoi qu’il en soit des détails racontés par Josèphe, il est certain que le conquérant enrôla des Juifs dans ses armées. Cf. Hécatée, dans Joséphe, Cont. Apion, i, 22. Il est également certain que les Juifs formèrent une portion considérable de la ville d’Alexandrie, qu’il fonda en Égypte, et il est pour le moins très vraisemblable que la bienveillance témoignée par ses premiers successeurs aux enfants de Juda n'était que la continuation de sa propre politique. Ce qui est incontestable, en tout cas, c’est que les conquêtes d’Alexandre eurent sur les destinées de la nation juive une importance capitale. Il y a peu d’hommes qui aient autant lait qu’Alexandre pour la transformation des peuples, et l’on, peut dire du monde. À partir de cette époque, les Juifs dépendirent de ses successeurs, les Lagides ou les Séleucides, ce qui amena les grands événements politiques et religieux racontés dans les deux livres des Machabées ; plus tard ils furent soumis aux Romains, les héritiers des Macédoniens, jusqu'à la ruine de leur nationalité. Plusieurs autres peuples partagèrent le même sort. Mais ce qui fut bien plus grave que ces conséquences politiques, ce fut le mouvement d’idées que créa la conquête macédonienne, mouvement considérable, qui commença à préparer, par la permission et la volonté divine, l’avènement du christianisme.

Le résultat des victoires d’Alexandre fut le mélange et comme la fusion de l’Occident et de l’Orient (fig. 91). Les barrières infranchissables qui séparaient les nationalités tombèrent ; les Grecs dominèrent dans toute l’Asie occidentale et en Égypte comme dans leur propre pays, et sans s’en douter ils préparèrent ainsi la dissolution des vieilles religions païennes, et aplanirent les voies à la propagation de la religion du Christ. Ils introduisirent presque partout une sorte d’unité de langage ; leur idiome fut parlé dans tout l’ancien monde, et on l’entendit jusque dans les rues de Rome victorieuse des Hellènes. La langue grecque apportait avec elle en tous lieux les idées grecques, trésor mêlé sans doute de beaucoup d’impuretés et de scories, mais néanmoins trésor précieux, où les plus beaux génies de l’antiquité profane avaient déposé la meilleure partie de leur intelligence et de leur cœur. Jésus-Christ n’aura qu'à développer, à compléter et à achever l'œuvre ainsi commencée au sein du paganisme, en y jetant un ferment divin, qui purifiera et transformera toutes choses. Alexandre le Grand, dans le plan providentiel, fut donc l’un des grands ouvriers chargés de préparer la ruine du polythéisme et le triomphe de la religion chrétienne. Un païen même avait entrevu la haute mission de ce conquérant. « Alexandre, dit Arrien, vii, 30, cet homme qui ne ressemblait à aucun autre homme, ne pouvait avoir été donné à la terre sans un dessein spécial de la divinité.» Cf. Plutarque, De Alex. Or. i, 6. Voir Bury, Vie d’Alexandre le Grand, in-4o, Paris, 1760 ; Sainte-Croix, Examen critique des anciens historiens d’Alexandre le Grand, in-4°, Paris, 1804 ; Montesquieu, Esprit des lois, 1. x, c. 13-14 ; Williams, Life and actions of Alexander the Great, Londres, 1829 ; Droysen, Geschichte Alexanders des Grossen, in-8o, Hambourg, 1837 ; Guillemin, De coloniis urbibusque ab Alexandro et successoribus ejus in Asia conditis, in-8°, Paris, 1847 ; Hertzberg, Die asiatischen Feldzüge Alexanders des Grossen, 2 in-8°, Halle, 1863-1864.

F. Vigouroux.

2. ALEXANDRE Ier BALAS, roi de Syrie (150-146 avant J.-C). Son origine est douteuse : il se prétendait fils naturel d’Antiochus IV Épiphane, et conformément à cette prétention, que plusieurs croyaient fondée, cf. Strabon, xiii, 4 p. 624 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 1 ; il est appelé « fils d’Antiochus » dans I Mach., x, 1. La plupart croient cependant que c'était un imposteur de basse naissance, nommé Balas, et originaire de Smyrne. Appien, Syr., 67° Justin, xxxv, 1 ; Polybe, xxxiii, 16. U ajouta plus tard à son nom les titres d'Épiphane et d'Évergète. I Mach., x, 1 (fig. 92). Il dut sa fortune à une coalition d’Attale II, roi de Pergame, de Ptolémée VI Philométor, roi d’Égypte, et d’Aria-