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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/239

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ALEXANDRE BALAS — ALEXANDRE D'ÉPHÈSE

rathe V, roi de Cappadoce, contre le puissant roi de Syrie Démétrius Ier Soter. Les monarques alliés, afin de susciter des embarras intérieurs à Démétrius, lui opposèrent le jeune Balas comme prétendant au trône de Syrie, en sa qualité de fils d'Antiochus Épiphane. Par les intrigues d’Héraclide, autrefois trésorier d’Antiochus Épiphane, Balas, sous le nom d’Alexandre, fut reconnu comme roi par les Romains. Polybe, xxxiii, 14, 16. Il commença aussitôt la guerre avec l’aide de ses alliés, et débarqua à Ptolémaîde. I Mach., x, 1. La Judée avait alors à sa tête un frère de Judas Machabée, Jonathas, qui avait heureusement terminé par un traité de paix la guerre que lui faisait Bacchide, général de Démétrius. I Mach., ix, 58-73. Démétrius Ier, sentant le besoin de s’assurer des alliés contre les ennemis puissants qui le menaçaient, voulut attacher Jonathas à sa cause : il l’autorisa à lever une armée et à fabriquer des armes, et il lui accorda plusieurs autres faveurs. I Mach., x, 2-13.


92. — Monnaie d’Alexandre I™ Balas.
Tête Imberbe et diadémée d’Alexandre, à droite. — . BAΣΙΛΕΩΣ AΛEΞANΔPΟY ΘE0ΠATOPOΣ EΥEPΓETOΥ. Jupiter assis à gauche, tenant une Victoire dans la main droite.

Mais Alexandre Balas, qui entendit vanter la bravoure de Jonathas, essaya également de l’attacher à sa cause : il le constitua souverain pontife, et lui envoya une robe de pourpre et une couronne d’or. I Mach., x, 15-20. En apprenant ces nouvelles, Démétrius Ier écrivit aux Juifs une lettre pleine des plus brillantes promesses, pour les empêcher de prendre parti pour son rival, I Mach., x, 2245 ; mais Jonathas et le peuple ne crurent point à ses paroles, et ils se déclarèrent en faveur d’Alexandre, v. 46-47. Celui-ci, à la tête d’une puissante armée, livra peu après bataille à son adversaire. Ses premiers efforts ne furent pas heureux, Justin, xxxv, 1, 10 ; cependant en 150 il mit en déroute les forces de Démétrius Soter, qui périt lui-même dans la retraite. I Mach., x, 48-50 ; Josèphe, Ant. jud., XIII, ii, 4 ; Strabon, xvi, 2, p. 751.

Alexandre Balas chercha alors à se fortifier sur le trône qu’il venait de conquérir par une alliance intime avec l’Égypte ; il demanda à Ptolémée VI Philométor la main de sa fille Cléopâtre, et il l’obtint. Voir Cléopâtre. Le mariage fut célébré avec grande pompe à Ptolémaïde, en 150 ; Jonathas y assista, il y fut comblé d’honneurs par Ptolémée VI et par Alexandre Balas, qui lui donna le titre de gouverneur (μερδάρχης) de la Judée. II Mach., x, 51-66. Tant de succès furent la cause de la perte du nouveau roi d’Antioche. Enivré de sa fortune imprévue, il se livra aux plaisirs, Tite-Live, Hist. Supp., l, 14, édit. Lemaire, t. ix, p. 120 ; cf. Athénée, v, 211, et il abandonna le gouvernement aux mains de ministres indignes, qui par leurs exactions le rendirent odieux à ses sujets.

Instruit de l'état des esprits, le fils aine de Démétrius Ier Soter, appelé Démétrius Nicator, jugea l’occasion favorable pour tenter de recouvrer la couronne de son père. En l’an 147, il quitta la Crète, où il s'était réfugié, et débarqua en Syrie, où les mécontents lui firent bon accueil. Apollonius, gouverneur de Cœlésyrie, et Antioche elle-même se prononcèrent pour lui. Jonathas seul, au milieu de la détection générale, fut fidèle à Alexandre. Il battit les troupes d’Apollonius, que Démétrius Nicator avait laissé à la tête de la province de Cœlésyrie. I Mach., x, 67-87. Pour le récompenser de sa fidélité et de ses victoires, Alexandre lui envoya une agrafe (πόρπη) d’or, comme en portaient les princes (voir Agrafe), et il lui donna la ville d’Accaron. t. 88-89.

Mais Alexandre Balas devait être trahi par son propre beau-père comme par ses soldats. Ptolémée VI Philométor entra en Syrie avec une armée innombrable, sous prétexte de porter secours à son gendre, en réalité avec le secret dessein de lui ravir son royaume. Les portes de toutes les villes lui furent ouvertes, par ordre du roi d’Antioche ; il y établit des garnisons, et il se mit ainsi sans coup férir en possession de toutes les villes des côtes de la Méditerranée jusqu'à Séleucie, à l’embouchure de l’Oronte. I Mach., xi, 1-8. Il jeta alors le masque. Se plaignant, peut-être avec raison, qu’Alexandre avait ourdi un complot contre sa vie (Josèphe, Ant. jud., XIII, iv, 6 ; Diodore, dans Müller, Fragmenta historicorum græcorum, t. ii, 19, p. xvi), il invita Démétrius Nicator à faire alliance avec lui, et lui promit en mariage sa fille Cléopâtre, femme d’Alexandre Balas. Ce dernier était alors en Cilicie, pour y réprimer une révolte. Ptolémée entra à Antioche, et réalisa son rêve ambitieux en ajoutant la couronne d’Asie à celle d’Égypte. Au bruit de ces nouvelles, Alexandre se hâta de revenir en Syrie pour combattre son beau-père. Le sort des armes lui fut contraire ; il fut battu et obligé de fuir. I Mach., xi, 15 ; Justin, xxxv, 2. Il se réfugia à Abas (Diodore, dans Müller, Fragmenta historicorum græcorum, t. ii, 20, p. xvi), en Arabie, avec cinq cents cavaliers, auprès d’un émir appelé Zabdiel. Il était prédestiné à ne plus rencontrer que des traîtres. Zabdiel lui trancha la tête et l’envoya à Ptolémée Philométor. Le roi d’Égypte ne jouit pas d’ailleurs longtemps de son triomphe ; il mourut peu après, la même année 146. I Mach., xi, 16-18. Démétrius II Nicator se trouva ainsi, par cette double mort, maître du trône de Syrie. Alexandre Balas laissait un fils, qui devint Antiochus VI Dionysos ; mais il était encore en bas âge, et hors d'état de prétendre à la couronne. Les Juifs n’oublièrent point les bienfaits qu’ils devaient à Alexandre Balas, ce roi qui, après tant de guerres sanglantes, « leur avait assuré le premier une véritable paix ; c’est pourquoi ils l’avaient toujours soutenu. » I Mach., x, 47. Son fils Antiochus devait recueillir lui-même plus tard le bénéfice de cette reconnaissance, car Jonathas compta parmi ses plus ardents défenseurs. Voir Antiochus VI.

F. Vigouroux.

3. ALEXANDRE, fils de Simon le Cyrénéen et frère de Rufus. Les deux frères sont nommés ensemble dans l'Évangile de saint Marc, xv, 21, comme des personnages connus des lecteurs de cet Évangile. D’après une tradition, Alexandre et Rufus avaient accompagné saint Pierre à Rome. Si, comme on le croit communément, le Rufus de l'Épître aux Romains, xvi, 13, est celui de l'Évangile de saint Marc et le frère d’Alexandre, on peut croire tout au moins que les deux frères ont habité Rome. D’après les Espagnols, Alexandre aurait souffert le martyre à Carthagène, le 11 mars.

A. ALEXANDRE, Juif de Jérusalem, de race sacerdotale. Parmi les quatre personnages que les Actes des Apôtres, iv, 6, mentionnent nominativement comme faisant partie du sanhédrin qui fut rassemblé pour juger Pierre et Jean, emprisonnés à la suite du discours de saint Pierre, le jour de la Pentecôte, on trouve un Alexandre. Il occupait probablement à Jérusalem un poste important, et devait être d’une famille où l’on choisissait les grands prêtres, peut-être un parent d’Anne. On ne saurait dire si cet Alexandre est, comme quelques-uns l’ont cru, le même qu’Alexandre Lysimaque, l’alabarque d’Alexandrie, frère de Philon, et que Jesèphe appelle « ami ancien » de l’empereur Claude. Ant. jud., XIX, v, 1.

5. ALEXANDRE, Juif d'Éphèse, que ses compatriotes,