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matum assequantur, ab articulis fidei argumentatione instituta ad alia ex illis, secundum normas probatæ solidæque philosophiæ concludenda ; gravi tamen eruditoque theologo minime negligenda est ipsa demonstratio dogmatum ex Bibliorum auctoritatibus ducta : « Non enim accipit (theologia) sua principia ab aliis scientiis, sed immediate a Deo per revelationem. Et ideo non accipit ab aliis scientiis, tamquam a superioribus, sed utitur eis tamquam inferioribus et ancillis. » Quæ sacræ doctrinæ tradendæ ratio præceptorem commendatoremque habet theologorum principem, Aquinatem[1] : qui præterea, ex hac bene perspecta christianæ theologiæ indole, docuit quemadmodum possit theologus sua ipsa principia, si qui ea forte impugnent, tueri : « Argumentando quidem, si adversarius aliquid concédât eorum, quae per divinam revelationem habentur ; sicut per auctoritates Sacra ? Scripturæ disputamus contra hæreticos, et per unum articulum contra negantes alium. Si vero adversarius nihil credat eorum quae divinitus revelantur, non remanet ampbus via ad probandum articulos fidei per rationes, sed ad solvendum rationes, si quas inducit contra fidem[2]. »

Providendum igitur, ut ad studia biblica convenienter instructi munitique aggre diantur juvenes ; ne justam frustrentur spem, neu, quod deterius est, erroris discrimen incaute subeant, Rationalistarum capti fallaciis apparatæque specie eruditionis.

Erunt autem optime comparati, si, quâ Nosmetipsi monstravimus et prsescripsimus via, philosophiæ et theologiæ institutionem, eodem S. Thoma duce, religiose coluerint penitusque perceperint. Ita recte incedent, quum in re biblica, tum in ea theologiæ parte quam positivam nominant, in utraque lætissime progressuri.

Doctrinam catholicam légitima et sollerti sacrorum Bibliorum interpretatione probasse, exposuisse, illustrasse, multum id quidem est : altéra tamen, eaque tam gravis


La force du raisonnement suivant les règles d’une bonne et saine philosophie ; cependant un grave et savant théologien ne doit nullement laisser de côté les démonstrations dogmatiques tirées de l’autorité de la Bible : « Elle ne reçoit pas, en effet (la théologie), ses principes des autres sciences, mais de Dieu, d’une façon immédiate, par la révélation. Et pour cette raison les autres sciences ne lui sont pas supérieures, mais inférieures ; elle reçoit leurs services comme d’autant de servantes. » Cette façon d’enseigner la science sacrée a pour maître et pour garant le plus grand des théologiens, saint Thomas d’Aquin ; celui-ci, en outre, a su tirer de ce caractère bien établi de la théologie chrétienne l’indication de la méthode qui peut servir au théologien pour défendre ses principes quand on les attaque. « Si, dans la discussion, l’adversaire admet quelque point établi par la révélation divine, nous partirons de là pour argumenter. C’est ainsi que nous nous appuyons sur les Écritures pour combattre les hérétiques et sur un dogme accepté pour confondre ceux qui en nient un autre. Mais si l’adversaire refuse d’admettre toute révélation, il ne reste aucun moyen de lui démontrer par des raisonnements les articles de foi, il faut alors se borner à résoudre les objections qu’il soulève. »

Il est donc nécessaire de veiller à ce que lee jeunes gens qui abordent les études bibliques y soient bien préparés, afin qu’ils ne trompent pas les espérances légitimes fondées sur eux, et, ce qui serait plus mauvais encore, qu’ils ne tombent pas dans l’erreur, séduits par les sophismes et l’apparente érudition des rationalistes. Or ils seront parfaitement armés, si, comme Nous l’avons indiqué et recommandé, ils ont étudié soigneusement la philosophie et la théologie, en prenant saint Thomas pour guide. Ils s’avanceront ainsi d’un pas sûr et dans la science biblique et dans la théologie qu’on appelle positive, et y feront d’heureux progrès.

Lorsque, par une interprétation saine et habile des Livres Saints, on a démontré, développé et éclairci la doctrine catholique, on a fait beaucoup ; il est un autre travail pourtant, et non moins important que

  1. Summ. theol., p. I, q. I, a 5. ad 2.
  2. Ibid., a. 8.