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Ceterorum interpretum catholicorum est minor quidem auctoritas, attamen, quoniam Bibliorum studia continuum quemdam progressum in Ecclesia habuerunt, istorum pariter commentariis suus tribuendus est honor, ex quibus multa opportune peti liceat ad refellenda contraria, ad difficiliora enodanda. At vero id nimium dedecet, ut quis, egregiis operibus, quæ nostri abunde reliquerunt, ignoratis aut despectis, heterodoxorum libros præoptet, ab eisque cum præsenti sanæ doctrinæ periculo et non raro cum detrimento fidei, explicationem locorum quærat, in quibus catholici ingenia et labores suos jamdudum optimeque collocarint. Licet enim heterodoxorum studiis, prudenter adhibitis, juvari interdum possit interpres catholicus, meminerit tamen, ex crebris quoque veterum documentis[1], incorruptum sacrarum Litterarum sensum extra Ecclesiam neutiquam reperiri, neque ab eis tradi posse, qui, verse fidei expertes, Scripturæ non medullam attingunt, sed corticem rodunt[2].

Illud autem maxime optabile est et necessarium, ut ejusdem divinæ Scripturae usus in.universam theologiae influat disciplinam ejusque prope sit anima : ita nimirum omni setate Patres atque præclarissimi quique theologi professi sunt et re præstiterunt. Nam quæ objectum sunt fidei vel ab eo consequuntur, ex divinis potissime Litteris studuerunt asserere et stabilire ; atque ex ipsis, sicut pariter ex divina traditione, nova hæreticorum commenta refutare, catholicorum dogmatum rationem, intelligentiam, vincula exquirere. Neque id cuiquam fuerit mirum qui reputet, tam insignem locum inter revelationis fontes divinis Libris deberi, ut, nisi eorum studio usuque assiduo, nequeat theologia rite et pro dignitate tractari. Tametsi enim rectum est juvenes in Academiis et scholis ita prsecipue exerceri ut intellectum et scientiam dog-


Les autres interprètes catholiques ont sans doute moins d’autorité ; toutefois comme les études bibliques ont fait dans l'Église des progrès continus, il faut aussi rendre l’honneur qui leur est dû aux commentateurs à qui l’on peut emprunter dans l’occasion plus d’un argument pour réfuter les adversaires et résoudre les difficultés. Mais c’est un excès blâmable d’ignorer ou de mépriser les remarquables travaux que nos interprètes nous ont laissés en grand nombre, de leur préférer les livres des hétérodoxes, pour leur demander, au grand péril de la saine doctrine et souvent au détriment de la foi, l’explication des passages sur lesquels les catholiques ont depuis longtemps et avec tant de fruit exercé leur génie et leurs forces. Il est vrai, les travaux des hétérodoxes, mis à profit avec prudence, peuvent parfois venir au secours de l’interprète catholique ; toutefois celui-ci ne doit point oublier ce que nous attestent si souvent les anciens, à savoir que le vrai sens des Lettres sacrées ne se trouve nulle part en dehors de l'Église et que ceux-là ne peuvent le transmettre qui, privés de la vraie foi, ne vont pas jusqu'à la moelle de l'Écriture, mais se bornent à en ronger l'écorce.

Ce qui est surtout désirable et nécessaire, c’est que ce commerce des divines Ecritures fasse sentir son influence sur toutes les études théologiques et devienne l'âme de la science sacrée. C’est sans doute ce que de tout temps les Pères et les plus illustres théologiens ont enseigné et pratiqué. Car, s’il s’agit des vérités qui sont l’objet de la foi ou qui en découlent, c’est par les divines Écritures surtout qu’ils les ont prouvées ou établies ; et c’est encore à la Bible en même temps qu'à la tradition divine qu’ils ont demandé la réfutation des nouveaux hérétiques, la vraie notion, l’intelligence et le lien des dogmes catholiques. Et ceci ne paraîtra extraordinaire à personne, si l’on considère que parmi les sources de la révélation une place si éminente est due aux Livres divins, qu'à moins de les étudier et de les manier sans cesse, la science théologique ne pourra pas être traitée d’une façon convenable et digne d’elle.

Sans doute c’est avec raison qu’on exerce la jeunesse des académies et des écoles à acquérir l’intelligence et la science du dogme en déduisant des vérités de foi d’autres vérités qui y sont contenues et à y employer

  1. Cf. Gem. Alex., Strom., vii, 16 ; Orig., De princ., iv, 8 ; In Levit. hom. iv, 8 ; Tertull., De præscr., 15, seqq. ; S. Hilar. Pict., In Matth., xiii, 1.
  2. S. Greg. M., Moral., xx, 9 (al. 11).