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Page:Dictionnaire de la Bible - F. Vigouroux - Tome I.djvu/289

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AMBASSADE — AMBROISE

Is., xxxix, 1, et noue avec lui une alliance contre le roi d’Assyrie. Une des plus célèbres ambassades racontées dans les Saints Livres est celle que Judas Machabée envoya aux Romains pour conclure avec eux une alliance qui le mit en état de résister aux forces supérieures des rois de Syrie. I Mach., viii, 17-30. Voir Alliance 1.

Les ambassadeurs étaient chargés parfois simplement de porter les tributs, Jud., iii, 15 ; d’aller féliciter un roi sur son avènement au trône, II Reg., viii, 10 ; III Reg., v, i, ou de lui apporter des compliments de condoléance sur la mort de son prédécesseur, II Reg., x, 2.

Dans le Nouveau Testament, saint Paul considère métaphoriquement les ministres de l’Évangile comme des ambassadeurs de Dieu auprès des hommes, des legati envoyés par leur maître pour tenir sa place, de même que le πρεσϐευτής, le legatus tenait la place de l’empereur romain dans la province de Syrie où l’Apôtre était né. C’est dans ce sens qu’il emploie le verbe πρεσϐεύειν. II Cor., v, 20 ; Eph., vi, 20.

F. Vigouroux.

AMBRE. On distingue deux espèces d’ambres, qui n’ont guère de commun que le nom : l’ambre gris, qui provient de certains cachalots, — il n’en est certainement pas question dans l’Écriture, — et l’ambre jaune, appelé aussi succin, qui serait mentionné dans Ézéchiel, i, 4, 27 ; viii, 2, d’après une interprétation des anciennes versions. Voir J. Oppert, L’ambre jaune chez les Assyriens, dans le Recueil des travaux relatifs à la philologie et à l’archéologie égyptienne et assyrienne, t. ii, 1880, p. 46-47. L’ambre jaune est une substance minérale solide, couleur jaune paille, transparente, et susceptible de recevoir un beau poli (fig. 113). C’est une espèce de résine fossile qui se présente en masses arrondies, offrant les formes qu’affecte la résine en coulant. Il brûle avec flamme et fumée, en répandant une odeur aromatique particulière. Il fond à la température élevée où le verre devient mou. Avant d'être fossile, il était à l'état fluide, comme le montrent les insectes et les débris de végétaux qui y sont quelquefois enfermés (fig. 114). Quand on le frotte avec de la laine ou de la peau, il développe facilement de l'électricité négative, et c’est à cause de cette propriété, depuis longtemps connue, qu’on a tiré de son nom grec, ἤλεκτρον, le nom même de l'électricité. On le trouve dans plusieurs parties de l’Europe, et principalement sur les bords de la Baltique, de Mesnel à Dantzig. Mais il est à remarquer qu’il ne se rencontre pas en Orient. « On n’a pas encore trouvé d’ambre en Mésopotamie. Cette substance, dont les riverains de la Méditerranée faisaient déjà un grand usage dès le Xe siècle avant notre ère, ne paraît pas avoir été portée par le commerce dans l’intérieur de l’Asie… Ce qui est certain, c’est que ni au Louvre ni au Musée britannique, parmi les objets de tout genre qui ont été recueillis dans les ruines de la Chaldée et de l’Assyrie par les explorateurs dont le butin est venu se classer dans ces deux grands dépôts, on ne saurait montrer la moindre parcelle d’ambre. Si les Assyriens avaient connu l’ambre, où celui-ci aurait-il mieux trouvé sa place que dans ces colliers où l’on réunissait, à l’aide d’un fil, toutes les pierres que l’on avait sous la main, le verre et la terre émaillée ? Or, parmi les milliers d'éléments qui les composaient, on n’a pas signalé la plus petite boule d’ambre. » G. Perrot et Ch. Chipiez, Histoire de l’art dans l’antiquité, t. ii, p. 768-769 ; cf. t. i, p. 840 ; t. iii, p. 854-855.

Ézéchiel n’a donc pu parler d’une substance inconnue sur les bords de l’Euphrate. Aussi est-on aujourd’hui à peu près unanime à reconnaître que le mot ḥašmal employé dans le texte original du prophète, Ezech., i, 4, 27 ; viii, 2, ne signifie point l’ambre jaune.

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114. — Ambre renfermant des insectes.
Les deux morceaux les plus petits, à droite et & gauche, en haut, renferment, celui de droite, une mouche, celui de gauche, une petite araignée. Celui du milieu renferme un scarabée à ailes vertes et à tête Jaune. Celui de dessous, diverses mouches et autres insectes. Dessiné sur les spécimens du Musée de minéralogie du Jardin des plantes de Paris.

La plupart pensent que le mot ἤλεκτρον (Vulgate : electrum) ne désigne pas le succin, mais un métal composé d’un mélange d’or, d’argent ou de cuivre, appelé aurichalcum et ressemblant par sa couleur à l’ambre jaune. Ḥašmal peut signifier aussi émail. Voir Electrum, Émail. Cf. F. Waldmann, Der Bernstein in Altertum, in-4o, Fellin, 1883 ; H. Göppert et A. Menge, Die Flora des Bernsteins, in-f°, Dantzig, 1883.

F. Vigouroux.

AMBROGIO Teseo, orientaliste italien, né à Pavie, en 1469, mort dans cette ville en 1540. Issu de la noble famille d’Albonesa de Lomellina, il devint chanoine régulier de Saint-Jean-de-Latran, et fut l’un des premiers Italiens qui s’adonnèrent aux études orientales. On dit qu’il savait dix-huit langues, et spécialement le syriaque. Léon X lui fit ouvrir une école pour enseigner cette dernière langue à Dologne. On a de lui Introductio in chaldaicam linguam, syriacam atque armenicam et decem alias linguas, in-4o, Pavie, 1539. Voir Jöcher, Allgemeine Gelehrten-Lexicon, Leipzig, 1750, t. i, col. 337 ; Adelung, Fortsetzung und Ergânzungen zu Jochers Gelehrten Lexico, t. x, col. 711-712.

1. AMBROISE (Saint), évêque de Milan et docteur de l'Église, né à Trêves, vers 340, d’une illustre famille romaine, mort à Milan, le 4 avril 397. Il eut pour maîtres, à Rome, Æmilius Probus et Symmaque. Valentinien le nomma, en 373, préfet consulaire des provinces de Ligurie et d’Émilie. Il établit sa résidence à Milan, et en 374 le suffrage unanime des Milanais l’acclamait évêque, quoiqu’il ne fût encore que catéchumène. Il gouverna son Église pendant vingt-trois ans, de 374 à 397, avec une grande fermeté tempérée par beaucoup de douceur. Jusqu'à son élévation à l'épiscopat, il n’avait cultivé que l'éloquence du barreau. Dès lors il s’adonna avec soin à l'étude de l'Écriture Sainte, et s’en pénétra profondément. Plus homme d’action qu'écrivain, il avait néanmoins un grand talent d’orateur ; il gagnait les cœurs par une